La Marie Rose
La Marie Rose
La Marie-Rose
Depuis l’année dernière, elle est en suspens. Pourtant, malgré l’humiliation de son existence, je lui trouve toujours cette même beauté. En secret, je vais souvent la réconforter. Je lui tiens mon discours sur son retour à la sérénité. Cette fois-ci, je me suis enhardi, et j’ose lui montrer le tableau où il y a bien longtemps son histoire, j’ai péniblement, dessinée.
— Le bleu, la mer déchaînée, ce sont nos sentiments fous provoqués par ton étrange ascendant, petite déjà, tu nous rendais dingues. Nous faisions tes devoirs, portions ton cartable, le jour, nous parlions de toi et la nuit en rêvions. Au fil des années, nous te voyons t’épanouir, ta beauté fleurir et le chemin de nos espoirs prendre tournure. Jaloux les uns des autres, nous attendions de savoir qui tu choisirais.
Marie la Rose se mit à larmoyer en souvenir de ce temps passé.
— Tu vois, sur le rocher, c’est l’ange de nos seize ans, la Marie-Rose, que l’on a retrouvée, inconsciente, violée, souillée, baignant dans les larmes et le sang. Échouée telle une galère poussée par le vent, malmenée, brisée, les rames épuisées, sur un écueil, drossée.
Marie, la petite Rose brutalement cueillie, sans vergogne par un voyou de passage.
— Regarde, la partie sombre, continuais-je en lui prenant à main pour qu’elle touche les reliefs laissés par mon couteau à peindre, ce sont les mauvais jours. Nous avons lâché les chiens et poursuivi celui qui, ta vertu, a brisée. Il a su s’en tirer en arguant que tu l’avais embobiné, provoqué, trop court habillée, il t’a traînée dans la boue pour se sauver.
Je sais combien ces souvenirs sont pénibles pour Marie-Rose dont j’espère être l’ami. Depuis, elle n’a plus jamais souri. Elle est comme une fleur fanée, tout est mort en elle, flétri à jamais. Sans amis, sans secours. Elle marche dans la rue sans lever les yeux, tête basse comme la rose se courbe sous son poids avant de tomber. Nous l’appelions familièrement Marilou quand sa jupe montrait presque ses genoux. Maintenant, vêtue d’un sombre et large pantalon, les enfants l’appellent La pouf et lui lancent des cailloux.
— Regarde ma petite Rose, il suffit simplement de retourner le tableau de mettre le haut en bas pour rétablir la vérité. Le voyou est venu te chercher, t’arracher de sous cette coque où tu te cachais, derrière les voiles, abritée, tentant d’échapper à la rouge méchanceté qui vers toi montait. Tes cris vers le ciel déchaîné ont été emportés, rien n’a pu te sauver. J’ai crié cette vérité au monde entier, ils t’ont acclamée, admettant t’avoir, en toute bonne foi, mal jugée.
Marie-Rose a remis ses jupes colorées, chacun s’est empressé de les trouver bien trop longues et démodées. Pour Marie-Rose tout est réglé ! Ne croyez surtout pas cela ! Si un jour, un petit vent coquin soulève ses dessous, vous y verrez la trace indélébile laissée par la mâchoire de la calomnie aux crocs acérés.
Honte à nous ! L’opinion de nos villes est bien versatile dans sa hâte à croire des inconnus malsains au détriment de ceux qu’elle a vu naître et grandir en son sein ! Suffit-il de retourner la réalité pour qu’elle devienne la vérité permettant de bafouer ses amis et les lapider ?
Liza
Depuis l’année dernière, elle est en suspens. Pourtant, malgré l’humiliation de son existence, je lui trouve toujours cette même beauté. En secret, je vais souvent la réconforter. Je lui tiens mon discours sur son retour à la sérénité. Cette fois-ci, je me suis enhardi, et j’ose lui montrer le tableau où il y a bien longtemps son histoire, j’ai péniblement, dessinée.
— Le bleu, la mer déchaînée, ce sont nos sentiments fous provoqués par ton étrange ascendant, petite déjà, tu nous rendais dingues. Nous faisions tes devoirs, portions ton cartable, le jour, nous parlions de toi et la nuit en rêvions. Au fil des années, nous te voyons t’épanouir, ta beauté fleurir et le chemin de nos espoirs prendre tournure. Jaloux les uns des autres, nous attendions de savoir qui tu choisirais.
Marie la Rose se mit à larmoyer en souvenir de ce temps passé.
— Tu vois, sur le rocher, c’est l’ange de nos seize ans, la Marie-Rose, que l’on a retrouvée, inconsciente, violée, souillée, baignant dans les larmes et le sang. Échouée telle une galère poussée par le vent, malmenée, brisée, les rames épuisées, sur un écueil, drossée.
Marie, la petite Rose brutalement cueillie, sans vergogne par un voyou de passage.
— Regarde, la partie sombre, continuais-je en lui prenant à main pour qu’elle touche les reliefs laissés par mon couteau à peindre, ce sont les mauvais jours. Nous avons lâché les chiens et poursuivi celui qui, ta vertu, a brisée. Il a su s’en tirer en arguant que tu l’avais embobiné, provoqué, trop court habillée, il t’a traînée dans la boue pour se sauver.
Je sais combien ces souvenirs sont pénibles pour Marie-Rose dont j’espère être l’ami. Depuis, elle n’a plus jamais souri. Elle est comme une fleur fanée, tout est mort en elle, flétri à jamais. Sans amis, sans secours. Elle marche dans la rue sans lever les yeux, tête basse comme la rose se courbe sous son poids avant de tomber. Nous l’appelions familièrement Marilou quand sa jupe montrait presque ses genoux. Maintenant, vêtue d’un sombre et large pantalon, les enfants l’appellent La pouf et lui lancent des cailloux.
— Regarde ma petite Rose, il suffit simplement de retourner le tableau de mettre le haut en bas pour rétablir la vérité. Le voyou est venu te chercher, t’arracher de sous cette coque où tu te cachais, derrière les voiles, abritée, tentant d’échapper à la rouge méchanceté qui vers toi montait. Tes cris vers le ciel déchaîné ont été emportés, rien n’a pu te sauver. J’ai crié cette vérité au monde entier, ils t’ont acclamée, admettant t’avoir, en toute bonne foi, mal jugée.
Marie-Rose a remis ses jupes colorées, chacun s’est empressé de les trouver bien trop longues et démodées. Pour Marie-Rose tout est réglé ! Ne croyez surtout pas cela ! Si un jour, un petit vent coquin soulève ses dessous, vous y verrez la trace indélébile laissée par la mâchoire de la calomnie aux crocs acérés.
Honte à nous ! L’opinion de nos villes est bien versatile dans sa hâte à croire des inconnus malsains au détriment de ceux qu’elle a vu naître et grandir en son sein ! Suffit-il de retourner la réalité pour qu’elle devienne la vérité permettant de bafouer ses amis et les lapider ?
Liza
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Re: La Marie Rose
Ca y est, cette fois, c'est bon ! 

Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: La Marie Rose
Viol et violence... Un texte abrupte et dur. Tu réussis, à partir du tableau, à reconstituer l'évènement.... Pas facile à commenter des textes comme ça...
Re: La Marie Rose
Je souhaitais surtout démontrer qu'il est facile de changer l'angle de la vérité. Et la facilité de coaliser l'opinion dans une fausse direction.
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Re: La Marie Rose
Je ne sais pas si tu souhaitais obtenir des remarques sur ton texte. Mais je me suis plié à l'exercice :
"où il y a bien longtemps son histoire, j’ai péniblement, dessinée." ----> "où, il y a bien longtemps, j'ai péniblement dessiné son histoire"
Je me souviens que tu avais justifié le positionnement du verbe à la fin pour une autre composition. Ma remarque est sans doute superflue.
"en lui prenant à main" ---> "en lui prenant la main"
Une coquille, je suppose.
"et poursuivi celui qui, ta vertu, a brisée."
Même remarque qu'au-dessus. Et pour les inversions suivantes. Donc, c'est volontaire, d'accord.
"t’arracher de sous cette coque où tu te cachais," ----> "t’arracher de sous cette coque où tu te cachais,"
Tu pourrais supprimer la préposition sans perdre le sens, je crois.
"la trace indélébile laissée par la mâchoire de la calomnie aux crocs acérés."
Un peu long. Tu devrais peut-être renoncer "aux crocs acérés" ou trouver une autre solution pour alléger.
"permettant de bafouer ses amis et les lapider ?" ----> "qu'elle permette de bafouer ses amis et de les lapider ?"
Eventuellement, pour s'affranchir du participe présent.
Ton texte requiert une attention particulière. Il n'est pas facile d'y entrer. Mais ça vaut la peine. Il y a plusieurs figures de style intéressantes. Allégorie, comparaison, fille / rose.
J'aime surtout le "retournement" de la vérité. Au sens propre (celui du tableau) et au sens figuré.
En tout cas, merci pour ce texte !
"où il y a bien longtemps son histoire, j’ai péniblement, dessinée." ----> "où, il y a bien longtemps, j'ai péniblement dessiné son histoire"
Je me souviens que tu avais justifié le positionnement du verbe à la fin pour une autre composition. Ma remarque est sans doute superflue.
"en lui prenant à main" ---> "en lui prenant la main"
Une coquille, je suppose.
"et poursuivi celui qui, ta vertu, a brisée."
Même remarque qu'au-dessus. Et pour les inversions suivantes. Donc, c'est volontaire, d'accord.
"t’arracher de sous cette coque où tu te cachais," ----> "t’arracher de sous cette coque où tu te cachais,"
Tu pourrais supprimer la préposition sans perdre le sens, je crois.
"la trace indélébile laissée par la mâchoire de la calomnie aux crocs acérés."
Un peu long. Tu devrais peut-être renoncer "aux crocs acérés" ou trouver une autre solution pour alléger.
"permettant de bafouer ses amis et les lapider ?" ----> "qu'elle permette de bafouer ses amis et de les lapider ?"
Eventuellement, pour s'affranchir du participe présent.
Ton texte requiert une attention particulière. Il n'est pas facile d'y entrer. Mais ça vaut la peine. Il y a plusieurs figures de style intéressantes. Allégorie, comparaison, fille / rose.
J'aime surtout le "retournement" de la vérité. Au sens propre (celui du tableau) et au sens figuré.
En tout cas, merci pour ce texte !

Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: La Marie Rose
Le texte est abrupt, c'est vrai, comme l'énoncé. Dans le cadre de la brutalité entre mineurs, le devoir demandait d'écrire une histoire sur la violence grave. Prise de court, j'ai pensé à cela.
T'arrache sous la coque, manque de cohérence.
bafouer ses amis et les lapider ? le second de ?
Cros acérés, c'était pour souligner la morsure de la calomnie, une sorte d'hyperbole
Merci de vos critiques, elles permettent de remettre en question nos certitudes, elles ne sont jamais aussi bonnes que l'on pense.
T'arrache sous la coque, manque de cohérence.
bafouer ses amis et les lapider ? le second de ?
Cros acérés, c'était pour souligner la morsure de la calomnie, une sorte d'hyperbole
Merci de vos critiques, elles permettent de remettre en question nos certitudes, elles ne sont jamais aussi bonnes que l'on pense.
Re: La Marie Rose
Liza a écrit :
Merci de vos critiques, elles permettent de remettre en question nos certitudes, elles ne sont jamais aussi bonnes que l'on pense.
De quelles certitudes parles-tu Liza ?
Ton texte est particulièrement bien écrit dans le sens où il est percutant. Trop percutant presque. L'hyperbole finale est vraiment très dure mais très vraie. Dans un texte joyeux, une fiction heureuse ou un polar à suspense ou bien un thriller sanglant... on a de quoi critiquer sans avoir peur de toucher à quelque chose d'aussi abrupt que ce que tu décris On travaille la fiction, la narration, la mise en place des évènements, le suspense...
Ton texte est difficile à commenter car il témoigne d'une sacrée maîtrise de l'écriture pour parvenir à ce résultat mais il laisse le lecteur un peu désarmé ...
Re: La Marie Rose
À force d’entendre des commentaires mélioratifs, on ne sait plus exactement où l’on en est.
Si j’écrivais très mal une histoire sans queue ni tête, mon entourage se pâmerait.
Il est bon de casser le mirage pour retomber dans la réalité.
Combattre ses certitudes pour gagner le combat loyalement. Se sentir étrangère face au lecteur enhardit l'écriture et ouvre le texte à la critique et à la réalité.
Merci à tous
Si j’écrivais très mal une histoire sans queue ni tête, mon entourage se pâmerait.
Il est bon de casser le mirage pour retomber dans la réalité.
Combattre ses certitudes pour gagner le combat loyalement. Se sentir étrangère face au lecteur enhardit l'écriture et ouvre le texte à la critique et à la réalité.
Merci à tous
Re: La Marie Rose
Liza a écrit :À force d’entendre des commentaires mélioratifs, on ne sait plus exactement où l’on en est.
Si j’écrivais très mal une histoire sans queue ni tête, mon entourage se pâmerait.
Il est bon de casser le mirage pour retomber dans la réalité.
Combattre ses certitudes pour gagner le combat loyalement. Se sentir étrangère face au lecteur enhardit l'écriture et ouvre le texte à la critique et à la réalité.
Merci à tous
Oui, j'aime bien cette attitude. On ne doit pas se nourrir que de compliments.
C'est vrai, le lecteur est un être cruel et intransigeant : il faut qu'il comprenne tout, tout de suite ou alors qu'il soit transporté. Nous qui passons des heures sur un texte ouvragé, le lecteur lambda, lui, le lit en 2 minutes. Et le verdict tombe...

Ce n'est pas facile de savoir ce qu'on vaut et on est obligés, pour plaire à beaucoup de gens, de faire beaucoup de consensus avec nos vraies idées... Ou alors, on innove, on provoque et on perce le ciel ! Mais il ne faut jamais se décourager. Plusieurs des commentaires que tu as eus sur AVP et ici t'ont montré que des inconnus (qui ne connaissaient même pas ton avatar) étaient touchés ou alors frappés par tes écrits. Quelle chance ! Ce n'est pas donné à tout le monde.

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Re: La Marie Rose
@Liza : N'oublie pas que tu as eu beaucoup de commentateurs sur AVP (et c'était dans "Petits textes sans conséquence") alors qu'il n'y a qu'une dizaine de membres réguliers. C'est appréciable. Pour Dona et moi, il n'y a guère que SirMK qui commente.
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