MYOPUS GRADUS
Re: MYOPUS GRADUS
" MYOPUS GRADUS " épisode 8 :
" La sonnerie retentit enfin ! J'avais fini par trouver le temps long. Monsieur Gaudin, après m'avoir saluée, fit entrer la turbulente marmaille qui s'était rangée dans son dos. Mes « camarades » avaient l'air surexcité. Il y avait de quoi... Ce devait être la première fois que dans la classe des gueux, une jeune fille solitaire et brillante était collée au point d'écrire la prière à la place du professeur et de si bon matin. Je comprenais leur curiosité. Certains cous faisaient des drôles de torticolis pour tenter d'apercevoir ce qui était écrit au tableau.
Dès qu'ils se répartirent dans la classe et se tinrent debout derrière leurs tables attirées, voici ce qu'ils purent lire :
PATER NOSTER
Pater noster
Qui es in coelis
Sanctificetur nomen tuum
Adveniat regnum tuum
Fiat voluntas tuas
Sicut in coelo et in terra.
Panem nostrum quotidianum da nobis hodie
Et dimitte nobis débita nostra
Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris
Et ne nos inducas in tentationem
Sed libera nos a malo
Amen
Imaginez les lettres en couleurs, ça jetait du feu de Dieu ! (si je puis m'exprimer ainsi ! …)
J'osai un regard oblique vers le professeur : il observait avec attention le tableau.
Les mécréants dans son dos poussaient des « oh » et des « ah » et des drôles de gloussements et interjections. S'ils étaient inintelligibles ils présentaient au moins l'intérêt de traduire leur ahurissement, leur amusement aussi peut-être ?... Le maître calma l'agitation naissante et avant qu'elle ne se débridât totalement, intima qu'on lise ensemble, à voix lente et parfaitement articulée la prière en latin.
Avant d'imiter tout le monde, je balayais la classe entière d'un œil narquois. Bigleux-Myopus croisa mon regard. Je remarquai un sourire large et… un clin d'oeil qui m'était, sans équivoque possible, destiné. A contrario, la Charline me décocha, au passage, un regard torve et sa moustache duveteuse paraissait encore plus noire que ses yeux ce jour-là. Blandine aux lions semblait en pleine béatitude extatique tant la langue latine ajoutait un charme érudit à la pieuse incantation que nous allions réciter. Et ce candide esprit qui avait sûrement fait le voeu de me racheter le temps de ma vie terrestre, du moins tant qu'elle s'exerçât en quatrième B. voyait s'accomplir, devant ses yeux, un miracle du savoir.
J'entendis, sous la houlette du maître, les premiers ânonnements du Pater Noster... Sacrilège ! eut-on dit en des temps plus reculés où l 'Eglise souveraine aurait fait rôtir tous ces hérétiques. Ces brutes pataudes ne connaissaient aucun des phonèmes de la langue romaine ! Quel massacre ! Cela dépassait toutes mes espérances !
Monsieur Godin eut un geste d'humeur : se tournant vers ses élèves, il lança à la cantonade : « Allez, j'efface tout ! Reprenons le Notre Père en français. »
Ce fut tout pour cette fois-là. Il m'ignora toute la journée, faisant mine de ne pas voir mon doigt levé et insistant. J'eus droit à quelques éloges de la part des garçons quoique encore trop modestes trouvé-je. Ces poules mouillées dont le cerveau était constitué d' un ballon de football n'avaient pas le cran d'avouer leur admiration à mon égard. C'était pathétique ! Il fallait que je trouve autre chose..."
" La sonnerie retentit enfin ! J'avais fini par trouver le temps long. Monsieur Gaudin, après m'avoir saluée, fit entrer la turbulente marmaille qui s'était rangée dans son dos. Mes « camarades » avaient l'air surexcité. Il y avait de quoi... Ce devait être la première fois que dans la classe des gueux, une jeune fille solitaire et brillante était collée au point d'écrire la prière à la place du professeur et de si bon matin. Je comprenais leur curiosité. Certains cous faisaient des drôles de torticolis pour tenter d'apercevoir ce qui était écrit au tableau.
Dès qu'ils se répartirent dans la classe et se tinrent debout derrière leurs tables attirées, voici ce qu'ils purent lire :
PATER NOSTER
Pater noster
Qui es in coelis
Sanctificetur nomen tuum
Adveniat regnum tuum
Fiat voluntas tuas
Sicut in coelo et in terra.
Panem nostrum quotidianum da nobis hodie
Et dimitte nobis débita nostra
Sicut et nos dimittimus debitoribus nostris
Et ne nos inducas in tentationem
Sed libera nos a malo
Amen
Imaginez les lettres en couleurs, ça jetait du feu de Dieu ! (si je puis m'exprimer ainsi ! …)
J'osai un regard oblique vers le professeur : il observait avec attention le tableau.
Les mécréants dans son dos poussaient des « oh » et des « ah » et des drôles de gloussements et interjections. S'ils étaient inintelligibles ils présentaient au moins l'intérêt de traduire leur ahurissement, leur amusement aussi peut-être ?... Le maître calma l'agitation naissante et avant qu'elle ne se débridât totalement, intima qu'on lise ensemble, à voix lente et parfaitement articulée la prière en latin.
Avant d'imiter tout le monde, je balayais la classe entière d'un œil narquois. Bigleux-Myopus croisa mon regard. Je remarquai un sourire large et… un clin d'oeil qui m'était, sans équivoque possible, destiné. A contrario, la Charline me décocha, au passage, un regard torve et sa moustache duveteuse paraissait encore plus noire que ses yeux ce jour-là. Blandine aux lions semblait en pleine béatitude extatique tant la langue latine ajoutait un charme érudit à la pieuse incantation que nous allions réciter. Et ce candide esprit qui avait sûrement fait le voeu de me racheter le temps de ma vie terrestre, du moins tant qu'elle s'exerçât en quatrième B. voyait s'accomplir, devant ses yeux, un miracle du savoir.
J'entendis, sous la houlette du maître, les premiers ânonnements du Pater Noster... Sacrilège ! eut-on dit en des temps plus reculés où l 'Eglise souveraine aurait fait rôtir tous ces hérétiques. Ces brutes pataudes ne connaissaient aucun des phonèmes de la langue romaine ! Quel massacre ! Cela dépassait toutes mes espérances !
Monsieur Godin eut un geste d'humeur : se tournant vers ses élèves, il lança à la cantonade : « Allez, j'efface tout ! Reprenons le Notre Père en français. »
Ce fut tout pour cette fois-là. Il m'ignora toute la journée, faisant mine de ne pas voir mon doigt levé et insistant. J'eus droit à quelques éloges de la part des garçons quoique encore trop modestes trouvé-je. Ces poules mouillées dont le cerveau était constitué d' un ballon de football n'avaient pas le cran d'avouer leur admiration à mon égard. C'était pathétique ! Il fallait que je trouve autre chose..."
Re: MYOPUS GRADUS
Bien fluide, j'aime bien !
Faute, juste avec l 'Eglise, je ne parle pas de l'accent, mais de l'espace.
Faute, juste avec l 'Eglise, je ne parle pas de l'accent, mais de l'espace.
Re: MYOPUS GRADUS
" MYOPUS GRADUS " épisode 9 :
" Comme convenu, j'avais passé mon samedi matin dans la salle de prière. Ce châtiment digne d'un monastère pour punir quelque moinillon désobéissant consistait à demeurer dans une petite salle propice à la méditation et au repentir. On n'avait droit à aucun livre, aucun cahier, aucun stylo, aucun jeu.
Je passai une bonne partie de mon temps à observer le crucifix, seul objet d'ornement dans ce lieu monacal tout juste équipé d'une table et d'une chaise. C'était un objet des plus simples constitué de deux bâtons de bois assemblés. Ce dénuement si sobre pesa sur ma raison de ne tenir compte en aucun cas et même jamais de cette drôle de religion qui sévissait dans ce collège pouilleux, à l'image de son symbole accroché au mur et qui enfermait ses dissidents dans des cellules de dégrisement pour hérétiques comme au Moyen-Age quand on était déjà en 1980 !
Je passais donc la plupart de mon temps, ce matin-là à imaginer quelques facéties pour les trois prières du matin qu'il me restait à rédiger.
Et la lettre d'excuses publiques ?... Et puis quoi encore ?! "
.....................................................................................................................................................................................
@ Dona : j'te rappelle que t'as pas encore écrit la fin et que si tu continues à poster à ce rythme-là, tu vas retrouver en carafe très bientôt. Ben oui! Sois stratégique quand même ! Pffffffffff ! Vivement les vacances !
" Comme convenu, j'avais passé mon samedi matin dans la salle de prière. Ce châtiment digne d'un monastère pour punir quelque moinillon désobéissant consistait à demeurer dans une petite salle propice à la méditation et au repentir. On n'avait droit à aucun livre, aucun cahier, aucun stylo, aucun jeu.
Je passai une bonne partie de mon temps à observer le crucifix, seul objet d'ornement dans ce lieu monacal tout juste équipé d'une table et d'une chaise. C'était un objet des plus simples constitué de deux bâtons de bois assemblés. Ce dénuement si sobre pesa sur ma raison de ne tenir compte en aucun cas et même jamais de cette drôle de religion qui sévissait dans ce collège pouilleux, à l'image de son symbole accroché au mur et qui enfermait ses dissidents dans des cellules de dégrisement pour hérétiques comme au Moyen-Age quand on était déjà en 1980 !
Je passais donc la plupart de mon temps, ce matin-là à imaginer quelques facéties pour les trois prières du matin qu'il me restait à rédiger.
Et la lettre d'excuses publiques ?... Et puis quoi encore ?! "
.....................................................................................................................................................................................
@ Dona : j'te rappelle que t'as pas encore écrit la fin et que si tu continues à poster à ce rythme-là, tu vas retrouver en carafe très bientôt. Ben oui! Sois stratégique quand même ! Pffffffffff ! Vivement les vacances !
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Re: MYOPUS GRADUS
Ca y est, elle nous refait une crise de dédoublement. Il faut intervenir d'urgence, ça ne peut pas attendre les vacances !! Heureusement, Spleen a son infirmerie, on va te remettre le cerveau à l'endroit 

Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: MYOPUS GRADUS
Je suis en retard : Extrait 8
Je lis ton récit avec intérêt et curiosité (mais où va-t-elle chercher tout ça). Mais, faute de temps, je ne te ferai aucun compliment (
), je vais me concentrer sur les choses qui me dépassent :
1/ "Et ce candide esprit qui avait sûrement fait le voeu de me racheter le temps de ma vie terrestre, du moins tant qu'elle s'exerçât en quatrième B. voyait s'accomplir, devant ses yeux, un miracle du savoir."
Soit c'est moi qui suis bête, soit c'est trop compliqué. Explique ! Raël a dit : "Comprendre, c'est simplifier."
2/ Ton Monsieur Gaudin a dû, lui aussi, être touché par la grâce. Tu l'as déifié au cours de l'extrait : Gaudin ----> Godin
3/ "Ces brutes pataudes ne connaissaient aucun des phonèmes de la langue romaine !" Tu rigoles ? Allez, au feu ! (non, aucun pb, j'adore cette phrase)
4/ "trouvé-je." C'est du passé simple que tu veux ? Attends... trouvai-je ?
Bon, l'extrait 9, maintenant...
Je lis ton récit avec intérêt et curiosité (mais où va-t-elle chercher tout ça). Mais, faute de temps, je ne te ferai aucun compliment (

1/ "Et ce candide esprit qui avait sûrement fait le voeu de me racheter le temps de ma vie terrestre, du moins tant qu'elle s'exerçât en quatrième B. voyait s'accomplir, devant ses yeux, un miracle du savoir."
Soit c'est moi qui suis bête, soit c'est trop compliqué. Explique ! Raël a dit : "Comprendre, c'est simplifier."
2/ Ton Monsieur Gaudin a dû, lui aussi, être touché par la grâce. Tu l'as déifié au cours de l'extrait : Gaudin ----> Godin
3/ "Ces brutes pataudes ne connaissaient aucun des phonèmes de la langue romaine !" Tu rigoles ? Allez, au feu ! (non, aucun pb, j'adore cette phrase)
4/ "trouvé-je." C'est du passé simple que tu veux ? Attends... trouvai-je ?
Bon, l'extrait 9, maintenant...
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: MYOPUS GRADUS
Extrait 9
Rien à dire (ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa...) Seulement, je trouve, que tu fais des phrases, si peu, mais légèrement trop longues. Même si elles sont plus courtes que celles de Proust. Celle-ci, par exemple :
Rien à dire (ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa...) Seulement, je trouve, que tu fais des phrases, si peu, mais légèrement trop longues. Même si elles sont plus courtes que celles de Proust. Celle-ci, par exemple :
Si tu veux, je peux te la faire exploser en plein de petits morceaux. Mais je préfère que tu le fasses toi...Ce dénuement si sobre pesa sur ma raison de ne tenir compte en aucun cas et même jamais de cette drôle de religion qui sévissait dans ce collège pouilleux, à l'image de son symbole accroché au mur et qui enfermait ses dissidents dans des cellules de dégrisement pour hérétiques comme au Moyen-Age quand on était déjà en 1980 !
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: MYOPUS GRADUS
Montparnasse a écrit :Extrait 9
Si tu veux, je peux te la faire exploser en plein de petits morceaux. Mais je préfère que tu le fasses toi...
Non... je ne peux pas... J'aime les phrases longues !

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Re: MYOPUS GRADUS
Extrait 7
Je remonte le temps. C'est parce que tu vas trop vite / Moi qui suis trop lent. C'est mon préféré ! Pour le 1er paragraphe, l'imparfait c'est bien. Voilà, c'est tout.
Je remonte le temps. C'est parce que tu vas trop vite / Moi qui suis trop lent. C'est mon préféré ! Pour le 1er paragraphe, l'imparfait c'est bien. Voilà, c'est tout.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: MYOPUS GRADUS
En fait, Blandine (qui est toujours comparée à Ste-Blandine) était un peu bécasse pour cette fille-là (la lettrée). Par conséquent, la narratrice imagine que Blandine est complètement subjuguée par la prière en latin... qu'elle n'a jamais dû lire dans cette langue (réservée aux érudits).Montparnasse a écrit :Je suis en retard : Extrait 8
Je lis ton récit avec intérêt et curiosité (mais où va-t-elle chercher tout ça). Mais, faute de temps, je ne te ferai aucun compliment (), je vais me concentrer sur les choses qui me dépassent :
1/ "Et ce candide esprit qui avait sûrement fait le voeu de me racheter le temps de ma vie terrestre, du moins tant qu'elle s'exerçât en quatrième B. voyait s'accomplir, devant ses yeux, un miracle du savoir."
Re: MYOPUS GRADUS
Montparnasse a écrit :
4/ "trouvé-je." C'est du passé simple que tu veux ? Attends... trouvai-je ?
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Rhhhhha !!! Flûte ! O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie !