C'est " une figure de style qui consiste en la répétition d'une ou de plusieurs syllabes finales homophones, soit de mots, de vers ou de phrase." (dico)
Petits textes autobiographiques sur le principe des homéotéleutes :
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L'HERBIER

« C'est un Larousse des noms communs et des noms propres : quatre mille pages et un encart rosé. C'est un cadeau du grand-père.
Une part de fraisier, un fond de flûte, du souffle, éteindre les lumières et chanter, tous en choeur: « Joyeux anniversaire ! »
Un papier d'emballage très vite froissé, une joie fébrile à le déplier … et tout aussitôt, le regard dépité de l'enfant … :
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un dictionnaire ! dit sa mère , l'air extasié et profondément ravie d'adouber son enfant au rang des jeunes savants.
Et regardons de plus près cet étrange jeu : du papier … quatre mille pages !… Pas d'images ou si peu … le caractère abscons des définitions, l'herméneutique des proverbes, des citations latines … A 7 ans ! Combien est plus jolie la poupée Barbie qu'on offre en même temps !
Et pourtant le supplice commence. C'est que devant l'aïeul, il faut paraître grand ! A 7 ans ! …
Quelle dextérité requiert une recherche dans quatre mille pages quand il n'y a pas d'images !
Le grand-père, en liseur émérite indique d'un doigt solennel la première leçon : la table des matières … ! Des préfixes, des suffixes et des conjugaisons, des drapeaux, un atlas et des abréviations ! Quel livre austère !
Puis vient alors, sur un ton d'oraison, debout, le verre haut et clamant à voix lente, le discours officiel :
- Un mot a un sens à nul autre pareil ! clame le grand-père. Mais les polysèmes sont tous à connaître ! Et ne pas le savoir c'est jeter l'anathème sur la langue française !
Vraiment ça fait peur ! pense l'enfant. Comment apprendre tous ces mots, tous ces verbes, ces explications ?
La sentence posée, l'aïeul s'assied, fervent artilleur d'une langue ouvragée, goûtant peu la jeunesse, les jouets, la paresse.
Mais vraiment non, pour l'enfant, pas d'accointances précises pour de don de prestige...
De caractère obtus, l'aïeule elle-même s'étonne de ce curieux présent :
- Deux cent francs ! s'égosille la grand-mère. Tu n'aurais pas dû ! A son âge, c'est de l'argent perdu !
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Bien des années plus tard, l'air docte et posé, travaillant en silence dans sa bibliothèque, elle fait cotôyer sur la même étagère, côte à côte, le Larousse et le Robert.
Le Larousse, farouche contempteur de la langue parlée s'immisçant chez Robert ; le Robert, farouche défenseur d'une langue mouvante et moderne...
Et quand elle a un doute, une incertitude ou un blanc littéraire … le premier qu'elle emploie, c'est toujours celui-là : le Larousse du grand-père.
Les citations latines accueillent en leur sein des feuilles d'automne qu'on sèche avec soin. Et de la douce odeur de papier et de sève vient une autre histoire : la genèse de son propre savoir, forgée dès l'augurale leçon de vocabulaire quand un index noueux sillonnait pour elle la ligne du « à » et qu'une voix pesante lisait, sur un ton de prière, la définition de la préposition. »