
J’ai logé toute la mémoire du Monde
Dans une goutte d’eau
Que j’ai cueillie aux portes de l’enfance
A la pointe d’une herbe
Alourdie de rosée.
Je l’ai placée au coin de mon œil
Puis je lui ai donné à voir
Toutes les roueries des hommes :
Les trahisons, les guerres,
Les promesses hypocrites.
Au sel amer du temps qui passe,
Elle s’est gâtée du fiel
Qui suinte de l’âme.
Et quand viendra ce jour certain
Où, lassé de cette vie,
Je m’en irai noyer ma peine
Au cœur de l’océan,
Elle rejoindra ses sœurs
Pour partager
Leurs sombres souvenirs.