Poésies (mont)parnassiennes

En vers ou en prose !
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Aloysius Bertrand ! Aloysius c'est un prénom ? Ceux qui ne le portent pas l'ont échappé belle !

Cette belle image de la pluie méritait mieux, non ? Comme prénom d'auteur, je veux dire.
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

Pour l'époque, figure-toi que c'était le comble du chic. Il s'appelait Louis Bertrand. Mais pour les adeptes du dandysme littéraire, c'était bien plat. Il fallait rehausser ce prénom d'une saveur plus pittoresque.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Dandysme littéraire ! Où va se ficher la vanité !

Quel devrait être mon prénom pour me conformer au dandysme littéraire de l'époque actuelle ?

Je ne cherche même pas, je ne m'appelle jamais, les autres... m'appellent comme ils veulent.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

« Elisabeth » ! ou « La Grande Elisabeth » ! puisqu'elle fut majeure dès l'âge de 17 ans ! (rires)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Éliza pourquoi pas, et je suis bête et étourdie, tout le monde le sais, les deux assemblés conviennent tout à fait.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

Le Songe d'un habitant du Mogol

Jadis certain Mogol vit en songe un Vizir
Aux Champs Elysiens possesseur d'un plaisir
Aussi pur qu'infini, tant en prix qu'en durée :
Le même songeur vit en une autre contrée
Un Ermite entouré de feux,
Qui touchait de pitié même les malheureux.
Le cas parut étrange, et contre l'ordinaire :
Minos en ces deux morts semblait s'être mépris.
Le dormeur s'éveilla, tant il en fut surpris.
Dans ce songe pourtant soupçonnant du mystère,
Il se fit expliquer l'affaire.
L'interprète lui dit : « Ne vous étonnez point ;
Votre songe a du sens ; et, si j'ai sur ce point
Acquis tant soit peu d'habitude,
C'est un avis des Dieux. Pendant l'humain séjour,
Ce Vizir quelquefois cherchait la solitude ;
Cet Ermite aux Vizirs allait faire sa cour. »

Si j'osais ajouter au mot de l'interprète,
J'inspirerais ici l'amour de la retraite :
Elle offre à ses amants des biens sans embarras,
Biens purs, présents du Ciel, qui naissent sous les pas.
Solitude, où je trouve une douceur secrète,
Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ?
Oh ! qui m'arrêtera sous vos sombres asiles ?
Quand pourront les neuf Sœurs, loin des cours et des [villes,
M'occuper tout entier, et m'apprendre des cieux
Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les noms et les vertus de ces clartés errantes
Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes !
Que si je ne suis né pour de si grands projets,
Du moins que les ruisseaux m'offrent de doux objets !
Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !
La Parque à filet d'or n'ourdira point ma vie,
Je ne dormirai point sous de riches lambris :
Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?
En est-il moins profond, et moins plein de délices ?
Je lui voue au désert de nouveaux sacrifices.
Quand le moment viendra d'aller trouver les morts,
J'aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords.

(Jean de La Fontaine, Fables, Livre XI, 1678-1679)

Notes

Minos : Juge aux Enfers.
Les neuf Sœurs : les Muses protectrices des arts.
Soins : Soucis, Peines.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

Cette nuit, il pleuvait, la marée était haute,
Un brouillard lourd et gris couvrait toute la côte,
Les brisants aboyaient comme des chiens, le flot
Aux pleurs du ciel profond joignait son noir sanglot,
L’infini secouait et mêlait dans son urne
Les sombres tournoiements de l’abîme nocturne ;
Les bouches de la nuit semblaient rugir dans l’air.

J’entendais le canon d’alarme sur la mer.
Des marins en détresse appelaient à leur aide.
Dans l’ombre où la rafale aux rafales succède,
Sans pilote, sans mât, sans ancre, sans abri,
Quelque vaisseau perdu jetait son dernier cri.
Je sortis. Une vieille, en passant effarée,
Me dit : « Il a péri ; c’est un chasse-marée. »
Je courus à la grève et ne vis qu’un linceul
De brouillard et de nuit, et l’horreur, et moi seul ;
Et la vague, dressant sa tête sur l’abîme,
Comme pour éloigner un témoin de son crime,
Furieuse, se mit à hurler après moi.

Qu’es-tu donc, Dieu jaloux, Dieu d’épreuve et d’effroi,
Dieu des écroulements, des gouffres, des orages,
Que tu n’es pas content de tant de grands naufrages,
Qu’après tant de puissants et de forts engloutis,
Il te reste du temps encor pour les petits,
Que sur les moindres fronts ton bras laisse sa marque,
Et qu’après cette France, il te faut cette barque !

(V. Hugo, Les Châtiments, 1853)
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Bien en ces moments de grandes marées !

Je vais faire plaisir à mon ancienne prof de français en me mettant à lire de vieux trucs. Dommage, je ne suivrai plus ses cours !
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

La querelle des chiens et des chats et celle des chats et des souris

La Discorde a toujours régné dans l'univers ;
Notre monde en fournit mille exemples divers :
Chez nous cette Déesse a plus d'un tributaire.
Commençons par les éléments :
Vous serez étonnés de voir qu'à tous moments
Ils seront appointés contraire.
Outre ces quatre potentats,
Combien d'êtres de tous états
Se font une guerre éternelle ?
Autrefois un logis plein de Chiens et de Chats,
Par cent arrêts rendus en forme solennelle,
Vit terminer tous leurs débats.
Le Maître ayant réglé leurs emplois, leurs repas,
Et menacé du fouet quiconque aurait querelle,
Ces animaux vivaient entre eux comme cousins ;
Cette union si douce, et presque fraternelle,
Édifiait tous les voisins.
Enfin elle cessa. Quelque plat de potage,
Quelque os, par préférence, à quelqu'un d'eux donné,
Fit que l'autre parti s'en vint tout forcené
Représenter un tel outrage.
J'ai vu des chroniqueurs attribuer le cas
Aux passe-droits qu'avait une Chienne en gésine.
Quoi qu'il en soit, cet altercas
Mit en combustion la salle et la cuisine ;
Chacun se déclara pour son Chat, pour son Chien.
On fit un règlement dont les Chats se plaignirent,
Et tout le quartier étourdirent.
Leur Avocat disait qu'il fallait bel et bien
Recourir aux arrêts. En vain ils les cherchèrent.
Dans un recoin où d'abord leurs Agents les cachèrent,
Les souris enfin les mangèrent.
Autre procès nouveau. Le peuple Souriquois
En pâtit : maint vieux chat, fin, subtil, et narquois,
Et d'ailleurs en voulant à toute cette race,
Les guetta, les prit, fit main basse.
Le Maître du logis ne s'en trouva que mieux.
J'en reviens à mon dire. On ne voit sous les cieux
Nul animal, nul être, aucune créature,
Qui n'ait son opposé ; c'est la loi de Nature.
D'en chercher la raison, ce sont soins superflus.
Dieu fit bien ce qu'il fit, et je n'en sais pas plus.
Ce que je sais, c'est qu'aux grosses paroles
On en vient sur un rien, plus de trois quarts du temps.
Humains, il vous faudrait encore à soixante ans
Renvoyer chez les Barbacoles.

(J. de La Fontaine, Fables, Livre XII, 1693)
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

Il est temps de rendre hommage au prince des poètes. Quoi ? Je me rends compte que ce fil ne contient qu'une seule poésie, plutôt une ébauche de poésie, dont il est l'auteur. Réparons l'outrage si c'est encore possible...

Correspondances

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
─ Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)
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