Le Spleen de Paris

Lorsque tu es à genoux,
Les cuisses nues repliées,
La forme voluptueuse imprimée
A tes hanches
Est d'une extrême sensualité.

A la femme qui dort près de moi,
A celle qui est blottie
Comme un oiseau chétif,
Les deux ailes repliées,
J'ai fait un nid.

Et ma tête curieuse
S'est enfouie au milieu
De cette alcôve si chaude.

Je me souviens d'avoir accroché
Mon âme insouciante
A ses lointaines boucles brunes,

D'avoir écouté sa voix chanter
Les complaintes de son coeur
Et le bonheur d'aimer.

J'avais la fantaisie de penser
A elle, mystérieuse inconnue,
De l'aube jusqu'au coucher.

Et j'ai souffert, ma foi,
En aimant l'inaccessible étoile.

Puis, j'ai quitté ce songe incertain
Pour commencer la vie
Et creuser mon destin.

Quinze ans sont passés,
Mais personne n'a remplacé
Celle que rien ne retient.

Elle pensera un jour à moi,
Peut-être,
Sans se douter des rêves
Qu'elle a fait naître
Dans la tête d'un roi.

Montparnasse a écrit :A la femme qui dort près de moi,
A celle qui est blottie
Comme un oiseau chétif,
Ses deux ailes repliées,
J'ai fait un nid.

Tu vois, moi j'aurais écrit :" Dans ses ailes repliées, j'ai fait mon/ un nid."

Montparnasse a écrit :Et ma tête curieuse
S'est enfouie au milieu
De cette alcôve si chaude.

Parfait !

Je trouve ce poème très beau, très simple aussi. Il est beau dans sa simplicité, il sonne "sincère". Bon il y a bien 2 ou 3 trucs qui me chiffonnent mais ....

J'avais mis "Les deux ailes repliées" au début. Je crois c'est mieux.

Dans ses ailes repliées, j'ai fait mon/ un nid."

Non, je trouve ça trop simple comme ça. Je préfère que ce soit surprenant. Oui, un peu bizarre d'accord

La parole vitrifie la pensée,
Elle est unique et immuable,
C'est la vérité.
La pensée est imprécise,
Elle est mouvante, infinie,
Et profonde comme la nature.

Justement, nous sommes d'accord :

« La parole vitrifie la pensée »

Dans mon esprit, c'est péjoratif : elle la cristalise, l'immobilise.

« C'est la vérité. »

Dans le sens phénoménologique : la réalité, le visible, sensible, etc.

Je concède que j'ai été un peu flou sur ce dernier point, mais c'est bien ma pensée.

Dans « Musique », il n'y a pas que des poésies. Au départ, je voulais un recueil d'aphorismes. Raté !

J'aime beaucoup (mais alors beaucoup !) celui-ci :

Je suis perdu aux hommes, loin de vous ;
Comme un pôle... de l'autre côté de la vie.

Là-bas, mes yeux ont vu les cathédrales,
Et contemplé, au loin, des archipels sidéraux.

Juste ce qu'il faut de mystère pour en faire une rampe de lancement pour l'imaginaire du lecteur. Un très bel exemple de poésie en creux, catalytique.

Merci ! C'est vraiment la première chose que j'ai écrite quand j'ai commencé en 2015. J'y avais déjà pensé 15 ans plus tôt. Je crois que j'en avais écrit une ébauche dans un forum en 2000-2001 et que je m'étais contenté de ça. C'est resté en moi tout ce temps. Je le conserve avec une dose de superstition.

Je viens de relire le poème de ce fil : c'est juste très doux, très beau, avec ce brin e sensualité qu'on retrouve dans tes poèmes qui parlent d'amour mais il y a aussi quelque chose de virginal... une sorte d'amour idéal, de pureté des sentiments.
Et puis j'ai relu mon commentaire : il n'est pas assez laudatif. J'aime énormément ce poème-ci !! (mais aussi beaucoup d'autres;))

Merci, mais de quel poème parles-tu ? Celui qui est « hors compétition » ? Je vais l'appeler le 51. Il m'avait paru en-deça des autres. Composé trop vite, sans la sueur habituelle.

A la femme qui dort près de moi,
A celle qui est blottie
Comme un oiseau chétif,
Ses deux ailes repliées,
J'ai fait un nid.

Il est très « irrégulier ». Mon esprit est trop inconstant pour respecter la métrique.