Re: Mon cahier de Poésie
Publié : 05 août 2016, 15:42
LE SINGE PHILOSOPHE
Tout homme, tout savant cache en lui l’animal
Qu’il exclame ou qu’il bride l’appel ancestral.
Cette part qu’il croit enfermer,
À la nuit, chante un air délié.
Je m’en vais vous compter, démontrer cet adage :
Une fable prend place dans l’aire aux cents cages.
« Foin de la pie et de sa race !
Elle dérobe et se fait rapace
De mon souper : des petits grains,
Aimable présent de mon ami l’être humain. »
Ainsi jalousait, en vain, Commère l’autruche.
La pécore audible était douée comme une cruche
Et crispa dans ses cris le roi de la savane.
« Silence ! ou je vais te manger.
Tu caquètes et tu pignes comme l’oie Servanne
Qui te salue de mon gosier.
Tu t’abuses car, derrière les apparences,
L’Homme nous tue, nous emprisonne.
Je me réjouis dans ma patience
Et au menu, foi d’animal, je t’additionne !
— Reprenez-vous Maître lion !
Sans l’Homme, je ne pourrais point me substanter.
L’herbe est trop maigre ici. Je tiens confirmation
Pour amitié son foin, offrande à ma santé. »
Lui répondit Maître éléphant
Depuis l’antre de son enclos.
Compère l’aigle épiait en son appartement
Et l’expérience à tous, porta dans son propos :
« Le lion dit vrai, l’humain nous bride.
Je naquis en montagne, en témoignent mes rides.
Il m’attrapa jeune oisillon,
Il me poussa dans sa prison.
Belle est la liberté des hommes, je la jalouse
Mais aujourd’hui pour un mulet ou bien pour douze,
Je ne pointe mon bec en dehors de ce nid.
Hors de la cage le sort des autres est bien pis.
L’Homme est horreur, qu’on se le dise
Il tue, détruit tous nous égaux par gourmandise.
— Tu te trompes mon bel ami !
Intervint monsieur du gorille devant lui,
Je connais les hommes et j’en suis le vieux cousin,
Ils ne sont ni bons ni mauvais. »
Tous connaissaient bien le singe au dos argenté
Maître lion affadi s’enquit :
« Ah oui ? De son vice, son hideur tu fais fi ?
— Mon compagnon ! Un peu de calme et de raison.
Remarquez le regard qu’il prête à sa guenon :
Sans mentir, l’Homme, égal à nous, est un animal.
J’en tiens pour preuve l’amour, la faim, dans sa rétine.
Il tient en son taxon du bon comme du mal,
En s’aveuglant de nous, croit couper ses racines.
Quant à ceux qu’il enferme, ce ne sont pas nous.
Regardez celui-ci qui recourbe son dos.
Voyez celle-là : pleure son homme à genoux.
L’Homme et son travail, esclave à vie de ses maux.
Ils sont tous au service d'un plus noble qu’eux.
À dire vrai, la liberté est dans le cœur.
Nous l’avons, même derrière nos grilles, même boiteux.
Laissons leurs vies damnées, leur folie : c’est un leurre. »
Ainsi acheva le gorille.
Et, laissant la troupe songeuse à ses méninges,
Pour morale à ces lignes, égal à un vieux singe
L’hymne entonna : « C’est à travers de larges grilles… »
(C'est Servanne qui est à l'origine de ce monstre de 60 lignes, elle m'a gagée d'imiter La Fontaine, réussi ?)
Tout homme, tout savant cache en lui l’animal
Qu’il exclame ou qu’il bride l’appel ancestral.
Cette part qu’il croit enfermer,
À la nuit, chante un air délié.
Je m’en vais vous compter, démontrer cet adage :
Une fable prend place dans l’aire aux cents cages.
« Foin de la pie et de sa race !
Elle dérobe et se fait rapace
De mon souper : des petits grains,
Aimable présent de mon ami l’être humain. »
Ainsi jalousait, en vain, Commère l’autruche.
La pécore audible était douée comme une cruche
Et crispa dans ses cris le roi de la savane.
« Silence ! ou je vais te manger.
Tu caquètes et tu pignes comme l’oie Servanne
Qui te salue de mon gosier.
Tu t’abuses car, derrière les apparences,
L’Homme nous tue, nous emprisonne.
Je me réjouis dans ma patience
Et au menu, foi d’animal, je t’additionne !
— Reprenez-vous Maître lion !
Sans l’Homme, je ne pourrais point me substanter.
L’herbe est trop maigre ici. Je tiens confirmation
Pour amitié son foin, offrande à ma santé. »
Lui répondit Maître éléphant
Depuis l’antre de son enclos.
Compère l’aigle épiait en son appartement
Et l’expérience à tous, porta dans son propos :
« Le lion dit vrai, l’humain nous bride.
Je naquis en montagne, en témoignent mes rides.
Il m’attrapa jeune oisillon,
Il me poussa dans sa prison.
Belle est la liberté des hommes, je la jalouse
Mais aujourd’hui pour un mulet ou bien pour douze,
Je ne pointe mon bec en dehors de ce nid.
Hors de la cage le sort des autres est bien pis.
L’Homme est horreur, qu’on se le dise
Il tue, détruit tous nous égaux par gourmandise.
— Tu te trompes mon bel ami !
Intervint monsieur du gorille devant lui,
Je connais les hommes et j’en suis le vieux cousin,
Ils ne sont ni bons ni mauvais. »
Tous connaissaient bien le singe au dos argenté
Maître lion affadi s’enquit :
« Ah oui ? De son vice, son hideur tu fais fi ?
— Mon compagnon ! Un peu de calme et de raison.
Remarquez le regard qu’il prête à sa guenon :
Sans mentir, l’Homme, égal à nous, est un animal.
J’en tiens pour preuve l’amour, la faim, dans sa rétine.
Il tient en son taxon du bon comme du mal,
En s’aveuglant de nous, croit couper ses racines.
Quant à ceux qu’il enferme, ce ne sont pas nous.
Regardez celui-ci qui recourbe son dos.
Voyez celle-là : pleure son homme à genoux.
L’Homme et son travail, esclave à vie de ses maux.
Ils sont tous au service d'un plus noble qu’eux.
À dire vrai, la liberté est dans le cœur.
Nous l’avons, même derrière nos grilles, même boiteux.
Laissons leurs vies damnées, leur folie : c’est un leurre. »
Ainsi acheva le gorille.
Et, laissant la troupe songeuse à ses méninges,
Pour morale à ces lignes, égal à un vieux singe
L’hymne entonna : « C’est à travers de larges grilles… »
(C'est Servanne qui est à l'origine de ce monstre de 60 lignes, elle m'a gagée d'imiter La Fontaine, réussi ?)