Page 3 sur 4

Re: HOMEOTELEUTES Dona

Publié : 22 février 2016, 18:45
par Dona
@Montaparnasse :

J'ai l'impression que tu n'as pas lu "Aperlée"... (page 1); il est un peu triste celui-ci.


Ah c'est du boulot d'être admin, hein ? :)

Re: HOMEOTELEUTES Dona

Publié : 22 février 2016, 18:58
par Montparnasse
Non, en effet, ça ne me dit rien. Tu l'as glissé sans rien dire alors que je sombrais dans un profond sommeil...

Re: HOMEOTELEUTES Dona

Publié : 23 février 2016, 16:45
par Montparnasse
Tu devrais nous faire un petit lexique pour celui-ci, parce que c'est dense quand même... ;)

Re: HOMEOTELEUTES Dona

Publié : 26 mars 2016, 17:33
par Dona
Je ne suis pas certaine que ce texte soit abouti. Mais j'ai envie de le déposer quand même. Une fois planté, il ne peut que germer... !



LA LECON DE PIANO


Image


"Aujourd'hui, c'est « Premier chagrin » de Robert Schuman. Sous l'oeil strict du maître de piano, exécutant les premières mesures, elle sent dans son dos, sur ses mains, quelques commentaires naissants et pourtant muets. Toutefois  elle essaie. Ce n'est pas sans travail, elle est sévère avec elle-même mais vraiment non, rien à faire.
Les touches légères et suaves se dérobent sous ses doigts, coincent un arpège savamment travaillé, qui ne passe pas. De profondeur, on n'entend qu'un gargouillis de notes sombres. Elle, elle aime surtout la matière de ce grand piano droit : ça glisse comme la soie, ça brille comme l'ébène et c'est beau. Elle entend des airs, se passionne pour Chopin, Satie, blues et jazz à la fois. Mais elle a beau faire, l'arithmétique du solfège reste du chinois.

- Moderato ! Moderato ! dit le professeur et n'oublie pas : accord de 9ème, ton si bémol majeur 7 passe en 5 sinon tu ne tiendras pas la fin de la mesure. 
L'ergonomie des doigts est si fastidieuse à étudier !
- Du 5 au 1, martèle le maître, du 2 au 4 et on revient par une rotation du pouce au 3. Attention à ton poignet ! Pose ton coude ! Crescendo ! Rotation ! Arpège final ! Decrescendo... ! Le bécarre !!! Le bécarre !!! s'étrangle le maître.

Il finit toujours par s'irriter mais en jeune homme réservé, il n'a jamais vraiment l'air fâché.
- Reprenons !
Mesure 20, pense au bécarre !! se dit-elle rudement. Cette mélodie pour enfant, elle n'y arrive même pas. Poco più lento, indique la partition, juste à cet endroit. Elle joue forte, impactant la note sans subtilité là on l'on exige une pleine légereté.
- La pédale ! Ton coude ! Rotation poignet ! Bémol 7 ! Et... crescendo !! vibre le professeur, exalté mais dépité tout aussitôt par une malencontreuse note écrasée. Et on n'est qu'à la moitié !..

Et tandis que Schuman se répand dans l'air, massacré, que la mélodie expire dans un vibrato raté, dans sa tête, tourbillonnent les sons légers de la valse de Satie, les pleurs du Prélude 1, de Chopin, un fameux ragtime et son rythme syncopé...

- C'est tout pour aujourd'hui, dit le maître, faisant taire par là même la procession de sons funèbres. Ces sons n'existent pas chez ce musicien. Reviens demain. Travaille ton morceau, surtout le crescendo et pense à la position de tes mains.
Elle donne son billet de vingt, salue à peine, morose et gênée de ne pas réussir à être l'élève modèle, l'élève virtuose qu'il aurait formé.

Plus tard, elle se rend à la banque, au distributeur, tape son code avec brio, tout en dextérité, respectant les doigtés. Majeur sur le 9, index sur le 2 etc... Un peu lassée, elle suit le cours, inexorable, de son compte débité... decrescendo total !... prend les billets.

Et elle s'en va, la tête remplie de ce petit air pianoté qui lui vaudra … beaucoup de travail... jusqu'à la prochaine fois."

Re: HOMEOTELEUTES Dona

Publié : 26 mars 2016, 18:24
par Montparnasse
Je reviendrai sur l'ensemble du texte, j'aime son humour, mais il y a une perle qu'il faut déjà relever. J'ai fait wouah !
elle sent dans son dos, sur ses mains, quelques commentaires naissants et pourtant muets.
Ta phrase a de profondes résonances, elle est baudelairienne et proustienne : c'est de l'intelligence plastique. Très rare.

Re: HOMEOTELEUTES Dona

Publié : 30 mars 2016, 18:10
par Montparnasse
Peut-être :

"un gargouillis de notes sombres" ---> "un galimatias de notes sombres" ?
Et tandis que Schuman se répand dans l'air, massacré, que la mélodie expire dans un vibrato raté, dans sa tête, tourbillonnent les sons légers de la valse de Satie, les pleurs du Prélude 1, de Chopin, un fameux ragtime et son rythme syncopé...
Yes !

Re: La Parole aux choses ou l'autobiographie par l'objet

Publié : 10 juin 2016, 23:52
par Dona
Non non ! "gargouillis" ! :)

Re: La Parole aux choses ou l'autobiographie par l'objet

Publié : 11 juin 2016, 10:48
par Dona
Je sais bien que "gargouillis" est lié au bruit d'un liquide... Mais il compte 3 syllabes, c'est ce qu'il me faut. "Galimatias" en compte 4... A moins qu'il y ait autre chose... Après, c'est aussi une question de sonorité... Il y a des mots indigestes et à contrario, des mots qui font r^ver :)

Re: La Parole aux choses ou l'autobiographie par l'objet

Publié : 11 juin 2016, 11:47
par Montparnasse
Tu en veux trois ? ---> confettis. Mais "confettis de notes sombres", quel sens ça a ??

"charabia de notes sombres" ?

"imbroglio de notes sombres" ?

Re: La Parole aux choses ou l'autobiographie par l'objet

Publié : 11 juin 2016, 13:41
par Dona
Merci Montparnase pour tes propositions! Il faut que je réfélchisse... je n'arrive pas à me décider. Je suis comme toi : pour changer un mot, c'est très, très difficile...