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Re: Imprévue 1, 2, 3, 4 /10 épisodes
Publié : 26 juillet 2016, 17:41
par Liza
Dans le temps, lorsque j’étais plus petite, nous appelions cela « faire un caprice ». Époque révolue où je me laissais mener par le bout du nez. Maintenant c’est « une aventure » et je ne me laisse plus conduire ou éjecter. Malgré la naïveté de l’histoire, personne n’en devinera la chute !
Parfois, nous jouons à distance par courriel, c’est moins marrant, mais pas déplaisant. Le choc des générations est dépassé ! Soixante ans d’écart pour écrire une histoire n’est pas un obstacle.
Si tu le souhaites, après les vacances, nous tenterons le coup… nos écritures aurons du mal à converger, cela peut être intéressant.
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4 /10 épisodes
Publié : 26 juillet 2016, 21:48
par Montparnasse
C'est vrai que dans « Imprévue », on ne voit pas de rupture de style, c'est homogène. On ne pourrait pas deviner l'écriture à quatre mains. N'oublions pas qu'ils sont homozygotes...
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4 /10 épisodes
Publié : 26 juillet 2016, 22:01
par Liza
Ne jouons pas sur les mots, moi j'gigote convient parfaitement à une hyperactive.
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4, 5, 6 /10 épisodes
Publié : 27 juillet 2016, 07:48
par Liza
Imprévue Épisode 5 et 6
Vous avez dit tout à l’heure : elle ne m’a jamais vue. Cette remarque serait-elle unilatérale ?
— J’avoue, au bout de six mois, j’ai craqué. Elle m’avait donné suffisamment de détail pour que je puisse situer sa région. J’avais assez d'ennemis candidats à ma reconnaissance pour trouver les renseignements manquants. La curiosité m’a poussée à sortir de mon trou. Je suis allée l’attendre devant son lycée…
— Dois-je déduire que vous connaissiez son visage ?
— Aucunement, je ne l’avais jamais vue !
— Et vous l’avez reconnue, comme cela, à sa bonne tête, sans la connaître ?
— Pas futé pour un journaliste ! J’ai attendu la sortie des lycéens, lorsqu’il y avait des filles, j’appelais son numéro. L’une d’elles fouillait son cartable avec impatience, bingo ! Étonnée de mon appel dans l’après-midi, elle marchait vers un car de ramassage. Je l’ai suivi de loin. Elle est descendue avec d’autres gamins, j’ai vu où elle habitait. Je cernais mieux ma petite imprévue. »
L’histoire racontée avec une évidente sincérité nous passionnait, nous en avions oublié le repas. Lola négligeait son téléphone, mon mari se penchait en avant, comme pour être plus proche de la chanteuse. Moi… moi, depuis un moment je me sentais mal à l’aise.
« L’avez-vous contactée ? demande le journaliste curieux d’en savoir davantage.
— Non, jamais.
— Après cet épisode douloureux, vous ne l’avez pas remerciée de son réconfort, cela semble égoïste ?
— Égoïste ! Non, c’était de la prudence ! Je ne souhaitais pas l’exposer aux coups de griffe diffamatoires de vos collègues avides de noircir du papier à sensation en mettant le feu à son quotidien familial !
— Plus tard, vous n’avez rien fait pour la remercier, c’est inadmissible ! »
Pendant les messages publicitaires, je suis allée à la cuisine préparer le café et remplir le lave-vaisselle. Je regagnais la salle à manger avec un plateau chargé des tasses et de petites madeleines, juste au moment où le reportage reprenait.
« Je lui ai envoyé un joli bouquet de roses blanches…
— Avec la plus belle dédicace de votre vie, je suppose !
— Non, j’avais simplement écrit Numéro inconnu, c’est tout. »
Au fracas provoqué par la chute du plateau, Lola et Charles se sont retournés surpris, je me suis effondrée sur le canapé, les larmes aux yeux. Ma fille est venue près de moi, je l’ai serrée à l’étouffer. Mon mari a dû penser qu’elle suffirait à ma consolation, il me jetait des regards de martyre partagé entre deux causes, moi et la télévision.
— Ce n’est rien, un petit coup de mou, ça va, ça va, ce n’est rien !
— Maman, on dirait que tu as vu un fantôme, tu vas bien, c’est vrai ?
— Je vais bien, tais-toi, tu gênes papa !
« Aujourd’hui, vingt ans après, vous pourriez envisager une rencontre.
— Dans le dessein de satisfaire votre soif de téléréalité ? Je n’ai aucune envie de ce genre. Se souvient-elle seulement de nos conversations ? À cet âge l’insouciance et l’appétit de la vie avalent tout. Je dois être le vague souvenir d’un jeu d’où elle n’a retiré qu’une distraction passagère.
— Vous n’êtes pas tentée de la retrouver ?
— Elle doit être mariée, porter le nom de son mari et avoir une maison pleine d’enfants et de tranquillité. À quoi cela me servirait-il, de mettre le foutoir dans sa vie familiale en la donnant en pâture à vos collègues ? »
— Papa ! maman n’est pas bien, elle a les yeux ouverts, mais elle doit être dans le coma, elle ne bouge plus.
— Je vais bien, j’affirme, sans aucune certitude, ce n’est rien, je suis fatiguée, demain ce sera mieux.
Un vrai retour de bâton. Depuis un moment, ma tête naviguait dans une eau trouble, le coup du bouquet m’a assommée. Je décidais de ne pas en parler, surtout à Charles, il exigerait immédiatement une rencontre avec MM. Elle a raison, nous n’aurions plus cette paix, chère à notre vie discrète et tranquille.
« Cette fille imprévue pourrait se confier à quelqu’un.
— Qu’elle le fasse, je lui laisse simplement l’initiative, ce n’est pas à moi de gâcher sa quiétude.
— Elle peut écrire un livre relatant vos entrevues téléphoniques, il obtiendrait un succès incroyable, c’est certain à vos dépens. Cela vous gênerait-il ?
— Déjà, il faudrait qu’elle ait réalisé que c’était à moi qu’elle parlait. Et cela ne me dérangerait pas du tout. Je suis volontaire pour en écrire la préface. Je serais là en cas de besoin, comme elle a été là pour moi. »
Le lendemain, j’étais encore retournée par cette coïncidence tenant du miracle. Je repassais dans ma tête cette année de conversations sans trouver aucun indice acceptable qui m’aurait permis d’identifier mon interlocutrice. Si mes copines de jeux savaient… Eh doucement, je dois me taire, c’est évident ! J’ai pris grand plaisir à nos échanges, bien plus que n’en prennent les jeunes avec le chatt ou les textos. Un beau souvenir, peut-être le partagerai-je avec ma petite Lola, plus tard? Quand on parle du loup…
— Pas terrible, je suis déçue, annonce-t-elle dès son entrée dans le couloir.
— Ta journée a été mauvaise ? dis-je connaissant l’exagération de ma petite.
— Penses-tu, c’est le téléphone, grogne la gosse.
— Tu le trouvais génial hier ! S’il ne fonctionne pas, il est garanti, tu ne l’as pas fait tomber, j’espère ?
— La tombeuse, c’est toi ! Lâcher les objets, c’est ta spécialité, pas la mienne ! Mon portable, il se porte très bien, mais il ne téléphone pas. Le réseau est pourri entre le collège et la maison.
J’ai mis soixante euros au bout pour en avoir un autre plus sensible aux réseaux faibles. Toute cette histoire a remué un tas de souvenirs, je souhaitais plus que jamais le « bonheur en portable » de Lola.
— Tu ne m’as rien dit sur ton lâcher de tasses, je nous croyais plus copines que ça ! insinue-t-elle avec un regard lourd de reproches.
— C’est qu’il n’y a rien à dire, parfois nous avons un coup de mou, cela ne t’arrive jamais ?
— Si, quand le portable ne capte pas !
Nous avons oublié tout cela. J’ai offert à mon mari le dernier album de MM en cadeau d’anniversaire, Lola avait admis quelques trous dans le réseau. Aspirée par la vie et le travail, je ne pensais plus à ces conversations.
Quelques mois plus tard, Lola est rentrée du collège avec la tête des mauvais jours. Dans ce cas, je ne dis rien, je laisse ma fille imprévisible venir à moi. Je n’ai pas attendu longtemps.
— C’est la cata, mon invité ne peut pas venir, c’est la cata !
— Ton invité ? Je ne comprends pas.
— C’est simple, nous devons inviter une personnalité pour qu’elle nous parle de son métier ou de sa vie. Il ne peut pas venir, c’est la cata !
— Tu trouveras bien quelqu’un d’autre, j’avance pour la consoler.
— C’est moi qui avais proposé Gilles Guesde, l’imitateur rigolo que nous connaissons un peu. Il sera en tournée au diable. Maintenant, il est bien tard pour mettre toute la classe d’accord sur quelqu’un et le courtiser ou l’hypnotiser pour qu’il accepte de venir nous parler.
— J’ai confiance vingt-cinq élèves intelligents comme toi vont trouver une solution facilement.
— Dieu t’entende ! Je vais faire mes devoirs, aujourd’hui, je ne suis pas d’humeur à discuter.
Depuis quatre jours, nous avions la soupe à la grimace, cette invitation manquée assombrissait l’humeur de Lola et exaspérait mon mari. Notre bonne entente familiale basculait vers son décours. Le mercredi après-midi, je décidais de prendre les choses en main.
Afin que vous conserviez intacte l'envie de me lire demain, chaque soir, je tape au bas de mon écran ces deux mots : À suivre...
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4, 5, 6 /10 épisodes
Publié : 27 juillet 2016, 19:47
par Liza
Nous n'écrivons pas « une partie », c'est une phrase, Lou, une phrase moi, une phrase Lou, une phrase moi, jusqu’à ce que l'un de nous amène une fin que l'autre ne peux contrer.
Tout simple, un tricot qui a plus de trous que de mailles, en quelque sorte. Ce genre d'écriture est limité par la cohérence avec la phrase précédente.
C'est un exercice au résultat « Imprévu »
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4, 5, 6 /10 épisodes
Publié : 28 juillet 2016, 16:58
par Dona
Lu et approuvé ! Bien vivant et les dialogues sont aisés. J'avoue cependant que je m'y perds un peu... Tu ne voudrais pas me donner le lien pdf plutôt? Je ne sais plus où il est. L'écriture est vive, ça c'est vraiment agréable ! Mais je crois que je n'ai pas bien compris qui est Lola... Faut dire que je lis à la va- vite avec le couperet culpabilisant de : "T'as pas le temps ! t'as pas le temps ! finis ton travail d'abord!"... C'est fatiguant..
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4, 5, 6 /10 épisodes
Publié : 28 juillet 2016, 17:15
par Montparnasse
Mais alors, tu travailles tout le temps ! Même en vacances ! Ah, ces enseignants, tous des drogués !...

Re: Imprévue 1, 2, 3, 4, 5, 6 /10 épisodes
Publié : 29 juillet 2016, 20:38
par Liza
Je publierai la suite lorsque ce sera un peu plus calme.
Tout est écrit depuis un moment et rien ne s'effacera !
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4, 5, 6 /10 épisodes
Publié : 29 juillet 2016, 21:16
par Liza
Tu en auras vite fait le tour dans ton désert nordique !
Re: Imprévue 1, 2, 3, 4, 5, 6 /10 épisodes
Publié : 29 juillet 2016, 23:09
par Montparnasse
C'est aussi ce qui a dû arriver à Antigone (Eyre) !
