Poésies (mont)parnassiennes
Re: Poésies (mont)parnassiennes
Aujourd'hui, je vais parfaitement bien, l'argile est une bonne matière !
Je n'ai perdu que 150 g, donc c'est correct
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
Tu te soignes comme ma mère ! A l'argile ! Heureusement, je n'en ai pas besoin. Si j'étais malade, qui s'occuperait de la maison ? ![Dan.San :]](./images/smilies/8.gif)
![Dan.San :]](./images/smilies/8.gif)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
L'AMOUR AU LUXEMBOURG
Crépuscule d'été
Le couchant violet tremble au fond du jour rouge. Le Luxembourg exhale une odeur d'oranger. Et Manon s'arrête à mon bras : plus rien ne bouge, les arbres, les passants, ce nuage éloigné.
Il n'est plus une fleur où l'air lourd ne se pose, et qui ne sente en elle un cœur battre et mourir, un cœur d'air étouffant sa corolle ; et les roses défaillent vers la terre, sous le poids du zéphyr.
Il semble que le monde entier n'ait plus qu'une âme. La poussière du jour retombe parfumée ; et le bassin respire un jet d'eau qui se pâme et, sur sa propre image, en mourant, vient chanter.
Tout meurt, et tout renaît pour une vie chantante, aromatique, éparse et mêlée aux nuances, et comme dans la bouche un fruit délicieux, les arbres veloutés me fondent dans les yeux.
Et le jet d'eau s'est tu : c'est la rosée qui chante, là-bas, dans les gazons où rêvent les statues, et pour rendre, ô sens-tu ? la nuit plus défaillante, les orangers en fleurs ont enivré la nue.
Manon, près de mon cœur, et devant tout l'espace que prennent les étoiles pour graviter vers nous, de vos beaux yeux voilés, Manon, regardez-vous flotter dans la nuit bleue la blancheur des terrasses ?
C'est aux lueurs dernières que l'ombre est embaumée, et Manon sur mon bras couche son front pâmé, et je lui crois une âme en cette heure irréelle, lui faisant une part dans l'âme universelle.
Que cherchez-vous, Manon, qui relevez la tête, et que rêver de plus à notre enchantement ? Paris entre les feuilles s'illumine peut-être. La vie où nous sommes, et c'est Paris qui ment.
Viens trouver dans mes bras le plus doux des séjours. N'est-ce pas, leur bercement, qu'il ajoute au silence ? Dans tes yeux agrandis, dans tes yeux où tu penses, je vois le ciel d'étoiles sur tout le Luxembourg !
Oh ! si c'était, ce soir, le plus beau soir du monde, ou que le monde ne fut créé que pour cette heure ! Comme deux nuages d'orage nos deux cœurs se confondent. Oh ! défaillir d'amour, ton cœur contre mon cœur.
Lointaine, à Saint-Sulpice, une cloche résonne. — « C'est rue de Médicis, Paul, que l'on va manger ? » — L'ombre s'accroît. Aux doux parfums des orangers se mêle la senteur amère des géraniums.
(Paul Fort, 1872-1960)
Crépuscule d'été
Le couchant violet tremble au fond du jour rouge. Le Luxembourg exhale une odeur d'oranger. Et Manon s'arrête à mon bras : plus rien ne bouge, les arbres, les passants, ce nuage éloigné.
Il n'est plus une fleur où l'air lourd ne se pose, et qui ne sente en elle un cœur battre et mourir, un cœur d'air étouffant sa corolle ; et les roses défaillent vers la terre, sous le poids du zéphyr.
Il semble que le monde entier n'ait plus qu'une âme. La poussière du jour retombe parfumée ; et le bassin respire un jet d'eau qui se pâme et, sur sa propre image, en mourant, vient chanter.
Tout meurt, et tout renaît pour une vie chantante, aromatique, éparse et mêlée aux nuances, et comme dans la bouche un fruit délicieux, les arbres veloutés me fondent dans les yeux.
Et le jet d'eau s'est tu : c'est la rosée qui chante, là-bas, dans les gazons où rêvent les statues, et pour rendre, ô sens-tu ? la nuit plus défaillante, les orangers en fleurs ont enivré la nue.
Manon, près de mon cœur, et devant tout l'espace que prennent les étoiles pour graviter vers nous, de vos beaux yeux voilés, Manon, regardez-vous flotter dans la nuit bleue la blancheur des terrasses ?
C'est aux lueurs dernières que l'ombre est embaumée, et Manon sur mon bras couche son front pâmé, et je lui crois une âme en cette heure irréelle, lui faisant une part dans l'âme universelle.
Que cherchez-vous, Manon, qui relevez la tête, et que rêver de plus à notre enchantement ? Paris entre les feuilles s'illumine peut-être. La vie où nous sommes, et c'est Paris qui ment.
Viens trouver dans mes bras le plus doux des séjours. N'est-ce pas, leur bercement, qu'il ajoute au silence ? Dans tes yeux agrandis, dans tes yeux où tu penses, je vois le ciel d'étoiles sur tout le Luxembourg !
Oh ! si c'était, ce soir, le plus beau soir du monde, ou que le monde ne fut créé que pour cette heure ! Comme deux nuages d'orage nos deux cœurs se confondent. Oh ! défaillir d'amour, ton cœur contre mon cœur.
Lointaine, à Saint-Sulpice, une cloche résonne. — « C'est rue de Médicis, Paul, que l'on va manger ? » — L'ombre s'accroît. Aux doux parfums des orangers se mêle la senteur amère des géraniums.
(Paul Fort, 1872-1960)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
LE VIN DES AMANTS
Aujourd’hui l’espace est splendide !
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin !
Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain !
Mollement balancés sur l’aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,
Ma sœur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves !
(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)
Note
Calenture : [Littré] (Médecine) Espèce de délire furieux auquel les navigateurs sont sujets sous la zone torride.
Aujourd’hui l’espace est splendide !
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin !
Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain !
Mollement balancés sur l’aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,
Ma sœur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves !
(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)
Note
Calenture : [Littré] (Médecine) Espèce de délire furieux auquel les navigateurs sont sujets sous la zone torride.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: Poésies (mont)parnassiennes
Je relis plus tard ou demain, mon pépère arrive !
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
Oui, sois gentille avec lui, ne le brusque pas !
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: Poésies (mont)parnassiennes
Risque pas, il a la même canne que la mienne, toutefois il pèse le double, le combat serait inégal !
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
Partie « Fleurs du mal ».
LA DESTRUCTION
Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l’appareil sanglant de la Destruction !
(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)
LA DESTRUCTION
Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l’appareil sanglant de la Destruction !
(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
Déjà posté car il m'avait fait forte impression. Je ne le trouve pas ici. Sur AVP sans doute.
UNE MARTYRE
DESSIN D’UN MAÎTRE INCONNU
Au milieu des flacons, des étoffes lamées
Et des meubles voluptueux,
Des marbres, des tableaux, des robes parfumées
Qui traînent à plis somptueux,
Dans une chambre tiède où, comme en une serre,
L’air est dangereux et fatal,
Où des bouquets mourants dans leurs cercueils de verre
Exhalent leur soupir final,
Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve,
Sur l’oreiller désaltéré
Un sang rouge et vivant, dont la toile s’abreuve
Avec l’avidité d’un pré.
Semblable aux visions pâles qu’enfante l’ombre
Et qui nous enchaînent les yeux,
La tête, avec l’amas de sa crinière sombre
Et de ses bijoux précieux,
Sur la table de nuit, comme une renoncule,
Repose ; et, vide de pensers,
Un regard vague et blanc comme le crépuscule
S’échappe des yeux révulsés.
Sur le lit, le tronc nu sans scrupules étale
Dans le plus complet abandon
La secrète splendeur et la beauté fatale
Dont la nature lui fit don ;
Un bas rosâtre, orné de coins d’or, à la jambe,
Comme un souvenir est resté ;
La jarretière, ainsi qu’un œil secret qui flambe,
Darde un regard diamanté.
Le singulier aspect de cette solitude
Et d’un grand portrait langoureux,
Aux yeux provocateurs comme son attitude,
Révèle un amour ténébreux,
Une coupable joie et des fêtes étranges
Pleines de baisers infernaux,
Dont se réjouissait l’essaim des mauvais anges
Nageant dans les plis des rideaux ;
Et cependant, à voir la maigreur élégante
De l’épaule au contour heurté,
La hanche un peu pointue et la taille fringante
Ainsi qu’un reptile irrité,
Elle est bien jeune encor ! — Son âme exaspérée
Et ses sens par l’ennui mordus
S’étaient-ils entr’ouverts à la meute altérée
Des désirs errants et perdus ?
L’homme vindicatif que tu n’as pu, vivante,
Malgré tant d’amour, assouvir,
Combla-t-il sur ta chair inerte et complaisante
L’immensité de son désir ?
Réponds, cadavre impur ! et par tes tresses roides
Te soulevant d’un bras fiévreux,
Dis-moi, tête effrayante, a-t-il sur tes dents froides
Collé les suprêmes adieux ?
— Loin du monde railleur, loin de la foule impure,
Loin des magistrats curieux,
Dors en paix, dors en paix, étrange créature,
Dans ton tombeau mystérieux ;
Ton époux court le monde, et ta forme immortelle
Veille près de lui quand il dort ;
Autant que toi sans doute il te sera fidèle,
Et constant jusques à la mort.
(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)
UNE MARTYRE
DESSIN D’UN MAÎTRE INCONNU
Au milieu des flacons, des étoffes lamées
Et des meubles voluptueux,
Des marbres, des tableaux, des robes parfumées
Qui traînent à plis somptueux,
Dans une chambre tiède où, comme en une serre,
L’air est dangereux et fatal,
Où des bouquets mourants dans leurs cercueils de verre
Exhalent leur soupir final,
Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve,
Sur l’oreiller désaltéré
Un sang rouge et vivant, dont la toile s’abreuve
Avec l’avidité d’un pré.
Semblable aux visions pâles qu’enfante l’ombre
Et qui nous enchaînent les yeux,
La tête, avec l’amas de sa crinière sombre
Et de ses bijoux précieux,
Sur la table de nuit, comme une renoncule,
Repose ; et, vide de pensers,
Un regard vague et blanc comme le crépuscule
S’échappe des yeux révulsés.
Sur le lit, le tronc nu sans scrupules étale
Dans le plus complet abandon
La secrète splendeur et la beauté fatale
Dont la nature lui fit don ;
Un bas rosâtre, orné de coins d’or, à la jambe,
Comme un souvenir est resté ;
La jarretière, ainsi qu’un œil secret qui flambe,
Darde un regard diamanté.
Le singulier aspect de cette solitude
Et d’un grand portrait langoureux,
Aux yeux provocateurs comme son attitude,
Révèle un amour ténébreux,
Une coupable joie et des fêtes étranges
Pleines de baisers infernaux,
Dont se réjouissait l’essaim des mauvais anges
Nageant dans les plis des rideaux ;
Et cependant, à voir la maigreur élégante
De l’épaule au contour heurté,
La hanche un peu pointue et la taille fringante
Ainsi qu’un reptile irrité,
Elle est bien jeune encor ! — Son âme exaspérée
Et ses sens par l’ennui mordus
S’étaient-ils entr’ouverts à la meute altérée
Des désirs errants et perdus ?
L’homme vindicatif que tu n’as pu, vivante,
Malgré tant d’amour, assouvir,
Combla-t-il sur ta chair inerte et complaisante
L’immensité de son désir ?
Réponds, cadavre impur ! et par tes tresses roides
Te soulevant d’un bras fiévreux,
Dis-moi, tête effrayante, a-t-il sur tes dents froides
Collé les suprêmes adieux ?
— Loin du monde railleur, loin de la foule impure,
Loin des magistrats curieux,
Dors en paix, dors en paix, étrange créature,
Dans ton tombeau mystérieux ;
Ton époux court le monde, et ta forme immortelle
Veille près de lui quand il dort ;
Autant que toi sans doute il te sera fidèle,
Et constant jusques à la mort.
(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: Poésies (mont)parnassiennes
Je vais finir par lire Les fleurs du mal, tu auras fait un sacré travail !