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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 02 janvier 2017, 20:18
par Liza
Un autre sens pour nonpareil ! j'avais un oiseau en tête, ou en deux mots dans d'autres.

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 04 janvier 2017, 14:39
par Montparnasse
Vient ensuite la 6ème pièce condamnée, LES MÉTAMORPHOSES DU VAMPIRE mais comme elle n'est pas tout à fait de mon goût et que c'est ici ma sélection, je ne l'ajoute pas. Vous la trouverez facilement sur Wikisource. J'ai agi de même par le passé pour d'autres poèmes, parfois brillants, comme UNE CHAROGNE ou dans une moindre mesure UN VOYAGE À CYTHÈRE, parce qu'étant peut-être trop douillet, le sujet ne me plaisait guère. Passons donc au dernier poème de cette partie « Fleurs du mal » :


L’AMOUR ET LE CRÂNE

VIEUX CUL-DE-LAMPE

L’Amour est assis sur le crâne
De l’Humanité,
Et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,

Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l’air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l’éther.

Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d’or.

J’entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir :
— « Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir ?

Car ce que ta bouche cruelle
Éparpille en l’air,
Monstre assassin, c’est ma cervelle,
Mon sang et ma chair ! »

(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 04 janvier 2017, 14:52
par Montparnasse
D'après ce que je connais de Baudelaire, je conçois ce poème comme le cri désespéré du croyant plutôt que le blasphème de l'hérétique. Mais c'est peut-être l'avis d'un hérétique ou du moins d'un non croyant.
Premier poème de la partie « Révolte » :



LE RENIEMENT DE SAINT PIERRE

Qu’est-ce que Dieu fait donc de ce flot d’anathèmes
Qui monte tous les jours vers ses chers Séraphins ?
Comme un tyran gorgé de viande et de vins,
Il s’endort au doux bruit de nos affreux blasphèmes.

Les sanglots des martyrs et des suppliciés
Sont une symphonie enivrante sans doute,
Puisque, malgré le sang que leur volupté coûte,
Les cieux ne s’en sont point encore rassasiés !

— Ah ! Jésus, souviens-toi du Jardin des Olives !
Dans ta simplicité tu priais à genoux
Celui qui dans son ciel riait au bruit des clous
Que d’ignobles bourreaux plantaient dans tes chairs vives,

Lorsque tu vis cracher sur ta divinité
La crapule du corps de garde et des cuisines,
Et lorsque tu sentis s’enfoncer les épines
Dans ton crâne où vivait l’immense Humanité ;

Quand de ton corps brisé la pesanteur horrible
Allongeait tes deux bras distendus, que ton sang
Et ta sueur coulaient de ton front pâlissant,
Quand tu fus devant tous posé comme une cible,

Rêvais-tu de ces jours si brillants et si beaux
Où tu vins pour remplir l’éternelle promesse,
Où tu foulais, monté sur une douce ânesse,
Des chemins tout jonchés de fleurs et de rameaux,

Où, le cœur tout gonflé d’espoir et de vaillance,
Tu fouettais tous ces vils marchands à tour de bras,
Où tu fus maître enfin ? Le remords n’a-t-il pas
Pénétré dans ton flanc plus avant que la lance ?

— Certes, je sortirai, quant à moi, satisfait
D’un monde où l’action n’est pas la sœur du rêve ;
Puissé-je user du glaive et périr par le glaive !
Saint Pierre a renié Jésus… il a bien fait !

(C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861)

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 04 janvier 2017, 16:38
par Liza
Je lis demain ! Aujourd'hui, l'usure importante de ma patience me ferai rater le meilleur !

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 05 janvier 2017, 17:51
par Le Merle Blanc
Bonjour à tous
<<Quand vous serez bien vieille le soir à la chandelle>> comme le dit Dona a bien été écrit pour Hélène.
Ronsard a chanté plusieurs femmes la première fut Cassandre Salvati,vint ensuite Marie,puis Sinope
(Isabeau de Limeuil),Astrée(Françoise d Estrées) et enfin Hélène de Surgères pour laquelle il écrivit de
Nombreux sonnets.
Dans la réédition des<<amours>> en1980 par l'éditeur Jean de Bonnot Respectueux des écrits anciens
le texte dont nous parlons figure bien dans:les sonnets pour Hélène.Peut-être l'édition où Montp a puisé ces vers
a-t-elle fait un mélange comme il s'en fait dans toutes les anthologies .pour ma part je ne connais pas celle où
il a recopié,il faudra que je la cherche ...Ceci dit, le texte est sublime,qu'il soit pour Marie ou pour Hélène.
Bonne soirée à tous, à plus.

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 05 janvier 2017, 18:31
par Le Merle Blanc
Excusez moi,je ne sais ce que j'ai fait,j'avais perdu mon texte,je le refais...
comme par hasard,l'autre réapparait, il y a vraiment un gros gros travail à faire avant
que je maitrise ce clavier

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 05 janvier 2017, 19:22
par Montparnasse
Pas grave, j'ai fait le ménage. Le serveur est parfois un peu lent ou bien ta page ne s'est pas actualisé.
De mémoire, j'avais pris ce poème dans une édition scannée par Gallica. Je ne sais pas d'où peut venir l'erreur. En tout cas, la dédicace est conforme à cette édition.

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 05 janvier 2017, 19:47
par Montparnasse
LE RENDEZ-VOUS PERPETUEL

J'écris contre le vent majeur et n'en déplaise
A ceux-là qui ne sont que des voiles gonflées
Plus fort souffle ce vent et plus rouge est la braise

L'histoire et mon amour ont la même foulée
J'écris contre le vent majeur et que m'importe
Ceux qui ne lisent pas dans la blondeur des blés

Le pain futur et rient que pour moi toute porte
Ne soit que ton passage et tout ciel que tes yeux
Qu'un tramway qui s'en va toujours un peu t'emporte

Contre le vent majeur par un temps nuageux
J'écris comme je veux et tant pis pour les sourds
Si chanter leur paraît mentir à mauvais jeu

Il n'y a pas d'amour qui ne soit notre amour
La trace de tes pas m'explique le chemin
C'est toi non le soleil qui fais pour moi le jour

Je comprends le soleil au hâle de tes mains
Le soleil sans l'amour c'est la vie au hasard
Le soleil sans l'amour c'est hier sans demain

Tu me quittes toujours dans ceux qui se séparent
C'est toujours notre amour dans tous les yeux pleuré
C'est toujours notre amour la rue où l'on s'égare

C'est notre amour c'est toi quand la rue est barrée
C'est toi quand le train part le cœur qui se déchire
C'est toi le gant perdu pour le gant déparé

C'est toi tous les pensers qui font l'homme pâlir
C'est toi dans les mouchoirs agités longuement
Et c'est toi qui t'en vas sur le pont des navires

Toi les sanglots éteints toi les balbutiements
Et sur le seuil au soir les aveux sans paroles
Un murmure échappé Des mots dits en dormant

Le sourire surpris le rideau qui s'envole
Dans un préau d'école au loin d'écho des voix
Un deux trois des enfants qui comptent qui s'y colle

La nuit le bruire des colombes sur le toit
La plainte des prisons la perle des plongeurs
Tout ce qui fait chanter et se taire c'est toi

Et c'est toi que je chante AVEC le vent majeur

(Louis Aragon, 1897-1982)

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 05 janvier 2017, 19:52
par Montparnasse
Aragon est décidément mon poète préféré au XXième siècle.
Je n'ai pas compris l'utilisation du verbe « bruire » et certaines syntaxes, certains accords, dans ce texte :

« dans tous les yeux pleuré »

« Dans un préau d'école au loin d'écho des voix
Un deux trois des enfants qui comptent qui s'y colle »

Si quelqu'un peut m'éclairer...

Re: Poésies (mont)parnassiennes

Publié : 06 janvier 2017, 08:20
par Le Merle Blanc
Bonjour Montp
En littérature <<bruire>>veut dire:faire entendre un son comme un murmure confus,ce qui pourrait
se traduire par:la nuit le roucoulement confus des colombes.
Pour<<c'est toujours notre amour dans tous les yeux pleuré>>je crois qu'il faut comprendre:
c'est toujours notre amour pleuré par tous les yeux cela semble l'explication la plus probable
bonne journée