J'ai trouvé le poème entier, extrait des Contemplations. Ca a d'ailleurs été un sujet de Bac de Français en 1999. Je vous mets les questions avec !
SUJET :
France métropolitaine et Réunion - Séries générales - juin 1999
Victor Hugo, Les Contemplations, 1856
Dans À propos d'Horace, Hugo crie sa haine des maîtres ignorants, "mauvais et méchants", pédants et bornés, dont il eut à souffrir en pension dans sa jeunesse. Il a formulé divers griefs, et enchaîne : outre les punitions, dit-il, et autres brimades.
QUESTIONS :
QUESTIONS (10 points)
1. Quels aspects de l'éducation V.Hugo condamne-t-il des vers 161 à 180 ? Comment le poète donne-t-il force à sa démonstration ? (3 pts)
2. Dégagez la thèse défendue par V.Hugo du vers 173 à la fin. (2 pts)
3. Étudiez la valeur des temps du vers 200 au vers 203. (2 pts)
4. Quel rôle joue la métaphore filée de la lumière dans l'argumentation à partir du vers 193 jusqu'à la fin du poème ? (3 pts)
TRAVAIL D'ÉCRITURE (10 points)
Faites à votre choix, l'éloge ou le procès d'un enseignement sans contraintes.
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J’étais alors en proie à la mathématique.
Temps sombre ! enfant ému du frisson poétique,
Pauvre oiseau qui heurtais du crâne mes barreaux ,
On me livrait tout vif aux chiffres, noirs bourreaux ;
On me faisait de force ingurgiter l’algèbre ;
On me liait au fond d’un Boisbertrand
funèbre
On me tordait depuis les ailes jusqu’au bec,
Sur l’affreux chevalet des X et des Y ;
Hélas, on me fourrait sous les os maxillaires
Le théorème orné de tous ses corollaires ;
Et je me débattais, lugubre patient
Du diviseur prêtant main-forte au quotient.
De là mes cris.
Un jour, quand l’homme sera sage,
Lorsqu’on n’instruira plus les oiseaux par la cage,
Quand les sociétés difformes sentiront
Dans l’enfant mieux compris se redresser leur front,
Que, des libres essors ayant sondé les règles,
On connaîtra la loi de croissance des aigles ?
Et que le plein midi rayonnera pour tous,
Savoir étant sublime, apprendre sera doux.
Alors, tout en laissant au sommet des études
Les grands livres latins et grecs, ces solitudes
Où l’éclair gronde, où luit la mer, où l’astre rit,
Et qu’emplissent les vents immenses de l’esprit,
C’est en les pénétrant d’explication tendre
En les faisant aimer, qu’on les fera comprendre.
Homère emportera dans son vaste reflux
L’écolier ébloui ; l’enfant ne sera plus
Une bête de somme attelée à Virgile ;
Dans nos tiroirs
APMEP – PLOT n° 107 – nouvelle série n° 4
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Et l’on ne verra plus ce vif esprit agile
Devenir sous le fouet d’
un cuistre ou d’un abbé,
Le lourd cheval poussif d’un pensum embourbé.
Chaque village aura, dans un temple rustique,
Dans la lumière, au lieu du magister antique,
Trop noir pour que jamais le jour y pénétrât,
L’instituteur lucide et grave, magistrat
Du progrès, médecin de l’ignorance et prêtre
De l’idée ; et dans l’ombre on verra disparaître
L’éternel écolier et l’éternel pédant.
L’aube vient en chantant et non pas en grondant
Nos fils riront de nous dans cette blanche sphère
Ils se demanderont ce que nous pouvions faire
Enseigner au moineau par le hibou hagard.
Alors, le jeune esprit et le jeune regard
Se lèveront avec une clarté sereine
Vers la science auguste, aimable et souveraine.
Paris, mai 1831
Victor HUGO,
Les Contemplations
(1856),
« A propos d’Horace