Les Mots voyageurs de Marie Treps
Publié : 17 février 2016, 11:47
En pleine polémique sur la réforme de l'orthographe (qui a déjà 26 ans!...) , j'ai retrouvé cet ouvrage de Maie Treps qui fait la part belle aux mots arabes arrivés et arrimés dans la langue française qui ne se nourrit pas que d'anglicismes ! 
Des mots venus d'Orient…
« Je passais les vacances dans un petit bled, chez mon grand-père. Il était toubib. Le soir venu, on s'installait sur un vieux sofa cramoisi pour une partie d'échecs, lui sirotant une tasse de café, moi dégustant un sorbet à l'orange. Des effluves de lilas, de jasmin, nous arrivaient du jardin où mon frère, qui avait passé toute la sainte journée à réviser son algèbre, cavalait dans tous les azimuts avec le chien, un sloughi nommé Pacha. Quel ramdam! - Arrête de faire le zouave, tu vas me rendre maboul ! Non mais quel souk ! Un vrai capharnaüm ! lui criait mon grand-père, las de retrouver saccagées ses chères tulipes. Le caïd des chiffres rejoignait alors la smala et prenait sa guitare. Grand-mère, ravie, s'enroulait dans un châle écarlate, rassemblait sa longue jupe et s'allongeait sur son tapis chamarré. Grand-père tentait de cacher son sourire derrière ses moustaches. - Mon odalisque s'installe, disait-il rêveur. J'en profitais pour reprendre l'avantage. Tu vas encore gagner gazelle! Je cris que mon grand-père aidait un peu le hasard."»
Extrait de l'ouvrage "Les mots voyageurs : petite histoire du français venu d'ailleurs", de Marie TREPS, Éditions du Seuil, 2003, p. 71
Des milliers de mots débarqués dans notre langue, nous les avons fait nôtres. Marie Treps a tenté, au fil des pages, de rendre à chacun sa couleur propre, son parfum singulier. Ces mots migrants, qui ont parfois l'air de bons vieux mots français, ouvrent nos imaginaires à la différence, ils nous rappellent sans cesse qu'ailleurs existe, que l'autre existe.

Des mots venus d'Orient…
« Je passais les vacances dans un petit bled, chez mon grand-père. Il était toubib. Le soir venu, on s'installait sur un vieux sofa cramoisi pour une partie d'échecs, lui sirotant une tasse de café, moi dégustant un sorbet à l'orange. Des effluves de lilas, de jasmin, nous arrivaient du jardin où mon frère, qui avait passé toute la sainte journée à réviser son algèbre, cavalait dans tous les azimuts avec le chien, un sloughi nommé Pacha. Quel ramdam! - Arrête de faire le zouave, tu vas me rendre maboul ! Non mais quel souk ! Un vrai capharnaüm ! lui criait mon grand-père, las de retrouver saccagées ses chères tulipes. Le caïd des chiffres rejoignait alors la smala et prenait sa guitare. Grand-mère, ravie, s'enroulait dans un châle écarlate, rassemblait sa longue jupe et s'allongeait sur son tapis chamarré. Grand-père tentait de cacher son sourire derrière ses moustaches. - Mon odalisque s'installe, disait-il rêveur. J'en profitais pour reprendre l'avantage. Tu vas encore gagner gazelle! Je cris que mon grand-père aidait un peu le hasard."»
Extrait de l'ouvrage "Les mots voyageurs : petite histoire du français venu d'ailleurs", de Marie TREPS, Éditions du Seuil, 2003, p. 71
Des milliers de mots débarqués dans notre langue, nous les avons fait nôtres. Marie Treps a tenté, au fil des pages, de rendre à chacun sa couleur propre, son parfum singulier. Ces mots migrants, qui ont parfois l'air de bons vieux mots français, ouvrent nos imaginaires à la différence, ils nous rappellent sans cesse qu'ailleurs existe, que l'autre existe.