Lutte de classe
Publié : 16 avril 2016, 18:45
@Dona
Lutte de classe
— Tu veux me parler, annonce un garçon en s’asseyant sur un banc de la cour du lycée Prévert, près d’une brunette élégamment vêtue.
— Oui, je veux te demander un service, avance la fille dont les yeux marron n’ont rien de très amical.
— Demande toujours, propose le garçon.
— Je souhaite que tu me laisses la première place ce mois-ci. Tu peux me rendre ce service, c’est important.
— Aucune chance, tu me l’as piquée le mois dernier, cela suffit. Anne-Laure, tu abuses.
— Je t’assure, c’est primordial pour moi, affirme la fille péremptoire. Marc, s’il te plaît !
— J’aurais tout entendu, la fille de bourgeois, hautaine et fière, devient polie et suppliante avec les prolétaires !
— Mon père sera là !
— Eh alors, si tu veux être la première, tu bosses, c’est tout.
— Si je n’y arrive pas ?
— J’y arrive bien moi, le gamin des bas-fonds aux murs tagués, habitant dans un logement insalubre. Alors la petite Barbie des beaux quartiers, elle bosse un peu et elle gagne. Enfin, si elle peut !
— Tu es vachard. Mon père vient pour mon anniversaire, je voulais lui faire ce cadeau, pleurniche la fille.
— Je crois que tu penses surtout à toi dans cette histoire.
— À moi, je ne vois pas… avoue Anne-Laure, l'air incrédule.
— Pas à moi, tu imagines très bien ce à quoi je pense.
— Je t’assure, je ne vois pas !
— Je t’assure, je ne vois pas ! reprend Marc en imitant la fille. Le rôle d’idiote ne te va pas. Ton jeu est transparent.
— En résumé tu refuses de me laisser la première place.
— Parfaitement ! Et ta demande m’incite à la performance pour te battre sur le poteau. Ta proposition me donne envie de contrarier tes plans sordides. Tu vas devoir t'accrocher ma petite ! La bataille sera dure et sans pitié.
— Sordides ? Comment y vas-tu ? Tu ne fais jamais plaisir à ton père toi ? s’exclame la brunette, optant pour la corde sentimentale.
— Lorsque j’obtiens de bonnes notes mon père est content, c’est tout. Et mes notes, je les ai gagnées honnêtement, moi-même.
— Tu veux combien pour me laisser la place, insiste Anne-Laure.
— Tout de suite, les arguments de riches, je vais mettre une ardeur décuplée à être le premier. Tu vas être déçue, je te le garantis.
— C’est pour mon père ! essaye Anne-Laure encore une fois.
— Arrête ton cinéma. Dis-moi ce que ton père t’a promis si tu es première, ce sera plus simple !
— Tu as le culot de supposer… ce genre de calcul et d’affirmer que je suis de mauvaise foi ! proteste Anne-Laure
— Pour la première place, les notes feront la différence, je ne me coucherai pas devant une petite bourgeoise d'ordinaire emplie d'indifférence.
— Je m’en doutais, tu transformes tout en lutte des classes. Pour toi, il n’y a que deux catégories : les riches et les pauvres. Vous êtes tous pareils ! Vous ne vous complaisaient que dans la négation de l'égalité.
— Tu dis à peine bonjour aux élèves de mon quartier, avec tes copines vous rigolez en douce de nos habits, de nos chaussures qui ne sont pas à la mode et tu oses t’aplatir pour me demander un service. Le tout en parlant d'égalité, je rêve !
— C’est pour mon père…
— Désolé, notre linge, même propre, ne va pas dans le même panier. Travaille pour me battre. Je te souhaite bon courage !
— Tu vois le résultat de nos chamailleries, ronchonne Anne-Laure trois semaines plus tard, en attrapant le bras de Marc qui s’apprête à quitter le lycée. Ce n’est pas juste.
— Je trouve cela très juste, au contraire ! Anthony a la meilleure note, tu es battue par un petit rusé, et moi aussi.
— Troisième, tu parles d’un classement, mon père va être déçu, affirme la gamine. Et le tien ?
— Le mien sait qu’il y a des hauts et des bas. Et moi je m’en fiche. Je pouvais rendre un ou deux mauvais devoirs. Malgré mon refus affirmé, un peu malgré moi, j’ai mis la pédale douce pour te favoriser, je ne dis pas par esprit de classe ou de camaraderie.
— Cela n’a servi à rien, reconnaît Anne-Laure avec un léger sourire de reconnaissance vers le garçon.
— Et non ! Tu y perds ton scooter, affirme le garçon avec une mimiques narquoise. La marche est excellente pour la réflexion.
— Comment… tu sais ? Ah ! les copines ont parlé.
— Tout le lycée est au courant ! Anthony a profité de la situation et tout le monde y perd. La division est toujours une pratique néfaste. En essayant de me corrompre, en montant un clan contre moi, tu as ouvert la porte toute grande à l’inconnu. Sans ta cabale, j’étais second, toi, je ne sais pas ! Je mets le paquet pour le mois prochain, tu devras t’accrocher.
Liza
Lutte de classe
— Tu veux me parler, annonce un garçon en s’asseyant sur un banc de la cour du lycée Prévert, près d’une brunette élégamment vêtue.
— Oui, je veux te demander un service, avance la fille dont les yeux marron n’ont rien de très amical.
— Demande toujours, propose le garçon.
— Je souhaite que tu me laisses la première place ce mois-ci. Tu peux me rendre ce service, c’est important.
— Aucune chance, tu me l’as piquée le mois dernier, cela suffit. Anne-Laure, tu abuses.
— Je t’assure, c’est primordial pour moi, affirme la fille péremptoire. Marc, s’il te plaît !
— J’aurais tout entendu, la fille de bourgeois, hautaine et fière, devient polie et suppliante avec les prolétaires !
— Mon père sera là !
— Eh alors, si tu veux être la première, tu bosses, c’est tout.
— Si je n’y arrive pas ?
— J’y arrive bien moi, le gamin des bas-fonds aux murs tagués, habitant dans un logement insalubre. Alors la petite Barbie des beaux quartiers, elle bosse un peu et elle gagne. Enfin, si elle peut !
— Tu es vachard. Mon père vient pour mon anniversaire, je voulais lui faire ce cadeau, pleurniche la fille.
— Je crois que tu penses surtout à toi dans cette histoire.
— À moi, je ne vois pas… avoue Anne-Laure, l'air incrédule.
— Pas à moi, tu imagines très bien ce à quoi je pense.
— Je t’assure, je ne vois pas !
— Je t’assure, je ne vois pas ! reprend Marc en imitant la fille. Le rôle d’idiote ne te va pas. Ton jeu est transparent.
— En résumé tu refuses de me laisser la première place.
— Parfaitement ! Et ta demande m’incite à la performance pour te battre sur le poteau. Ta proposition me donne envie de contrarier tes plans sordides. Tu vas devoir t'accrocher ma petite ! La bataille sera dure et sans pitié.
— Sordides ? Comment y vas-tu ? Tu ne fais jamais plaisir à ton père toi ? s’exclame la brunette, optant pour la corde sentimentale.
— Lorsque j’obtiens de bonnes notes mon père est content, c’est tout. Et mes notes, je les ai gagnées honnêtement, moi-même.
— Tu veux combien pour me laisser la place, insiste Anne-Laure.
— Tout de suite, les arguments de riches, je vais mettre une ardeur décuplée à être le premier. Tu vas être déçue, je te le garantis.
— C’est pour mon père ! essaye Anne-Laure encore une fois.
— Arrête ton cinéma. Dis-moi ce que ton père t’a promis si tu es première, ce sera plus simple !
— Tu as le culot de supposer… ce genre de calcul et d’affirmer que je suis de mauvaise foi ! proteste Anne-Laure
— Pour la première place, les notes feront la différence, je ne me coucherai pas devant une petite bourgeoise d'ordinaire emplie d'indifférence.
— Je m’en doutais, tu transformes tout en lutte des classes. Pour toi, il n’y a que deux catégories : les riches et les pauvres. Vous êtes tous pareils ! Vous ne vous complaisaient que dans la négation de l'égalité.
— Tu dis à peine bonjour aux élèves de mon quartier, avec tes copines vous rigolez en douce de nos habits, de nos chaussures qui ne sont pas à la mode et tu oses t’aplatir pour me demander un service. Le tout en parlant d'égalité, je rêve !
— C’est pour mon père…
— Désolé, notre linge, même propre, ne va pas dans le même panier. Travaille pour me battre. Je te souhaite bon courage !
— Tu vois le résultat de nos chamailleries, ronchonne Anne-Laure trois semaines plus tard, en attrapant le bras de Marc qui s’apprête à quitter le lycée. Ce n’est pas juste.
— Je trouve cela très juste, au contraire ! Anthony a la meilleure note, tu es battue par un petit rusé, et moi aussi.
— Troisième, tu parles d’un classement, mon père va être déçu, affirme la gamine. Et le tien ?
— Le mien sait qu’il y a des hauts et des bas. Et moi je m’en fiche. Je pouvais rendre un ou deux mauvais devoirs. Malgré mon refus affirmé, un peu malgré moi, j’ai mis la pédale douce pour te favoriser, je ne dis pas par esprit de classe ou de camaraderie.
— Cela n’a servi à rien, reconnaît Anne-Laure avec un léger sourire de reconnaissance vers le garçon.
— Et non ! Tu y perds ton scooter, affirme le garçon avec une mimiques narquoise. La marche est excellente pour la réflexion.
— Comment… tu sais ? Ah ! les copines ont parlé.
— Tout le lycée est au courant ! Anthony a profité de la situation et tout le monde y perd. La division est toujours une pratique néfaste. En essayant de me corrompre, en montant un clan contre moi, tu as ouvert la porte toute grande à l’inconnu. Sans ta cabale, j’étais second, toi, je ne sais pas ! Je mets le paquet pour le mois prochain, tu devras t’accrocher.
Liza