JOURNAL DE PROMENADE (1)
Publié : 03 juin 2016, 18:41
(Je suis un des nombreux tenants de la théorie hugolienne de l'inspiration, qui veut que celle-ci ne vienne pas de nous-même, mais qu'elle soit plutôt le résultat d'un mystérieux phénomène médiumnique entre nous et l'au-delà : ce que j'ai vécu ce jour-là et que j'ai tenté de retranscrire sur le peu de papier dont je disposais, tout en marchant dans la rue, m'a montré que cette interprétation a du vrai. Dans les lignes qui suivent je vais donc juste retranscrire ces notes de fortune venues par la grâce de je-ne-sais-qui, que je remercie).
Promenade à Montparnasse...
En descendant de mon RER aujourd'hui, à la station Port Royal, quelque chose m'a pris, comme souvent. En fait ça m'a même pris bien avant. Déjà dans le wagon du train, j'avais noirci deux pages de mon magazine de mots croisés avec une série de notes. Venue d'on ne sait où, et sans prévenir, insolente et fulgurante, l'inspiration s'invite et me porte.
Je sors du très beau chapiteau de cette gare de Port Royal. Même le nom est magnifique. Comme presque à chaque fois, je me régale de la contemplation de ce pavillon qui rappelle une isba russe stylisée, posée là toute seule au milieu du carrefour, sans aucune autre construction autour qui viendrait tout gâcher. Au fil de mon chemin jusqu'à la gare de Montparnasse, je croise des gens, des animaux, des immeubles chargés d'Histoire (d'histoires aussi) et je perçois des petites lumières qui s'allument l'une après l'autre dans mon esprit libre, qui me parlent, chacune avec sa langue propre, et que je traduis dans la mienne. Chacun des éléments du quotidien aujourd'hui se transforme légèrement et semble contribuer, de façon presque palpable, à ce flot qui ne veut pas s'arrêter : une idée, puis une autre, suivie d'une nouvelle encore derrière, qui n'attend même pas son tour. Mais je ne vais pas me plaindre... qui serait assez inconscient, ou sot, pour critiquer un aussi joli sortilège ?
Je me suis alors dit que j'allais en profiter, d'abord, pour noter tous ces flashs mentaux sur le papier (j'en ai toujours sur moi), et ensuite pour proposer ces choses sous un titre approprié, destination Spleen. "Journal de Paris" peut-être ? Je ne sais pas encore. Je vais y réfléchir en marchant. La promenade est une activité qui a souvent cette qualité de pouvoir décanter les idées, comme du bon café. Un journal qui ira alimenter les petites rivières, puis le fleuve, qui suivra son chemin jusqu'au rivage pour faire grandir une mer de mots intérieure, j'aime ça. Ensuite, quand il fera beau temps on ira se détendre sur la plage et on guettera les revues ou les recueils d'histoires ou de poèmes, on choisira celui qui nous plaît parmi ceux qui flottent sur les vagues, et hop, on s'installera sur un transat avec un thé glacé ou une vodka pour déguster de la prose ou des rimes en oubliant Paris cinq minutes... gratuitement. Sans bourse délier, sous l'alizé, avec de grands oiseaux blancs qui font les fous dans l'air salé. On croira qu'on est sur les bords de la mer Noire, dans un repli spatio-temporel.
Retour au boulevard du Montparnasse : je longe la Closerie des Lilas, où des cohortes disloquées de grands et de moins grands de la littérature ou de la peinture ont bu des flots de paroles et autant d'alcool, souvent les deux en même temps.. je mesure la chance que j'ai en ce moment précis, de marcher sur les trottoirs qui ont été foulés par Zatkine, Man Ray, Elsa, Picabia, Kiki, Léger, Picasso, Fitzgerald, Kisling (l'ami des animaux)... ils sont si nombreux que j'en ai le tournis ! Je me tord le cou pour voir si l'un d'entre eux n'aurait pas survécu par miracle, en raison de pouvoirs émanant de sa qualité d'artiste-magicien, assis tranquillement à une table avec son égérie... Mais non, impossible : il y a trop de feuillages et de plantes tout autour de la Closerie. On ne voit rien. Pour moi, il se cache peut-être derrière la végétation, insolent et surréaliste.
A chacun de mes pas sur le boulevard je pense très fort à tous ces créateurs disparus, chéris, et j'ai un petit mot pour certains d'entre eux, intérieurement. Je me demande souvent où ils ont habité, et où ils sont maintenant, quelle est leur nouvelle adresse... Au premier étage de certains immeubles on voit une plaque, comme celle qui annonce, au carrefour avec la rue Campagne-première : "Le peintre Jonkind à habité dans cet immeuble en 1928", au dessus du restaurant "Chez Fernand", qui a l'air d'être d'époque. Je me recueille quelques instants pour penser à lui et ses amis, à toutes ces joyeuses ripailles qu'ils ont pu faire dans l'arrière-salle. A chaque fois j'ai aussi une pensée pour le chat de Fujita. Ils habitaient le carrefour Vavin, tout près. Chat d'artiste, quelle position enviable dans la vie...
Et en parlant de chat, un peu plus loin je croise un shitsu, qui trottine en liberté derrière sa maîtresse. De temps en temps il renifle avec beaucoup de sérieux un pied de chaise ou un pot de fleur posé sur son chemin. Je sais que certains shitsus, comme les chats, ont des facultés télépathiques. Alors, guilleret et naïf, j'essaye de lui envoyer mon signal, tout en trottinant à son niveau pour qu'il me remarque. Ca n'a pas l'air de beaucoup marcher : jamais il ne me regarde. Mais après quelques instants de marche côte-à-côte, une nouvelle petite lumière éclaire mes pensées : et si je proposait à Spleen une rubrique, ou une sous-rubrique de "Récits", qui s'appellerait "Histoires d'animaux" ? Super idée qui m'emballe immédiatement : dans mon petit parlement intérieur où je suis le seul à siéger, je vote tout de suite "pour" comme un seul homme. Merci le shitsu... ce n'est pas moi qui lui ai envoyé un message, mais lui qui m'a envoyé le sien !
En effet quand j'inspecte ma mémoire, je trouve des tas d'histoires cocasses, merveilleuses ou drôles, peuplées d'animaux, chiens, chats, oiseaux, que j'ai connus de près ou de loin à travers mon parcours sur la Terre, parfois dont je me suis occupé au jour le jour... En plus je sais parler chat, pigeon et perroquet presque couramment. La vie avec eux m'a montré beaucoup de choses, mais surtout que chaque animal a sa propre personnalité, indiscutablement distincte de celle de son voisin. Et qui vaut bien en tous points celle des humains.
C'est décidé, je vais proposer ma nouvelle série : "Les animaux nous racontent leurs histoires", à ranger pour l'instant dans "Récits", en attendant que quelqu'un d'autre propose les siennes, pourquoi pas... et que cela finisse par faire assez de contenu pour créer une rubrique à part entière. Dîtes-moi si vous êtes pour. Dîtes-moi aussi si vous avez un titre qui va mieux !
Tiens, (n'y voyez aucune analogie associative dans mon esprit farfelu, entre les Japonais et les animaux !) en approchant de la fameuse Coupole, véritable reine-mère du quartier, j'ai remarqué le retour des habitants de l'Archipel du soleil levant dans notre capitale : je suis content parce qu'il paraît qu'après les attentats de l'an dernier, les inventeurs du zen avaient pris un peu peur de venir chez nous. Mais l'amour est toujours le plus fort : ils sont de retour et c'est tant mieux. Le plaisir de revoir des Japonaises qui aiment tellement notre pays, surtout notre capitale, et par dessus tout notre mode parisienne, me comble d'aise à chaque fois. Mais là je m'embarque encore dans un autre sujet. Ca risque de faire un peu long et de lasser : je vais le garder pour un prochaine billet. Car on ne m'enlèvera jamais de l'esprit que l'amitié franco-japonaise est une très belle histoire, délicate et précieuse, qu'il faut à tout prix préserver.
Sayonara... Namaste !
Promenade à Montparnasse...
En descendant de mon RER aujourd'hui, à la station Port Royal, quelque chose m'a pris, comme souvent. En fait ça m'a même pris bien avant. Déjà dans le wagon du train, j'avais noirci deux pages de mon magazine de mots croisés avec une série de notes. Venue d'on ne sait où, et sans prévenir, insolente et fulgurante, l'inspiration s'invite et me porte.
Je sors du très beau chapiteau de cette gare de Port Royal. Même le nom est magnifique. Comme presque à chaque fois, je me régale de la contemplation de ce pavillon qui rappelle une isba russe stylisée, posée là toute seule au milieu du carrefour, sans aucune autre construction autour qui viendrait tout gâcher. Au fil de mon chemin jusqu'à la gare de Montparnasse, je croise des gens, des animaux, des immeubles chargés d'Histoire (d'histoires aussi) et je perçois des petites lumières qui s'allument l'une après l'autre dans mon esprit libre, qui me parlent, chacune avec sa langue propre, et que je traduis dans la mienne. Chacun des éléments du quotidien aujourd'hui se transforme légèrement et semble contribuer, de façon presque palpable, à ce flot qui ne veut pas s'arrêter : une idée, puis une autre, suivie d'une nouvelle encore derrière, qui n'attend même pas son tour. Mais je ne vais pas me plaindre... qui serait assez inconscient, ou sot, pour critiquer un aussi joli sortilège ?
Je me suis alors dit que j'allais en profiter, d'abord, pour noter tous ces flashs mentaux sur le papier (j'en ai toujours sur moi), et ensuite pour proposer ces choses sous un titre approprié, destination Spleen. "Journal de Paris" peut-être ? Je ne sais pas encore. Je vais y réfléchir en marchant. La promenade est une activité qui a souvent cette qualité de pouvoir décanter les idées, comme du bon café. Un journal qui ira alimenter les petites rivières, puis le fleuve, qui suivra son chemin jusqu'au rivage pour faire grandir une mer de mots intérieure, j'aime ça. Ensuite, quand il fera beau temps on ira se détendre sur la plage et on guettera les revues ou les recueils d'histoires ou de poèmes, on choisira celui qui nous plaît parmi ceux qui flottent sur les vagues, et hop, on s'installera sur un transat avec un thé glacé ou une vodka pour déguster de la prose ou des rimes en oubliant Paris cinq minutes... gratuitement. Sans bourse délier, sous l'alizé, avec de grands oiseaux blancs qui font les fous dans l'air salé. On croira qu'on est sur les bords de la mer Noire, dans un repli spatio-temporel.
Retour au boulevard du Montparnasse : je longe la Closerie des Lilas, où des cohortes disloquées de grands et de moins grands de la littérature ou de la peinture ont bu des flots de paroles et autant d'alcool, souvent les deux en même temps.. je mesure la chance que j'ai en ce moment précis, de marcher sur les trottoirs qui ont été foulés par Zatkine, Man Ray, Elsa, Picabia, Kiki, Léger, Picasso, Fitzgerald, Kisling (l'ami des animaux)... ils sont si nombreux que j'en ai le tournis ! Je me tord le cou pour voir si l'un d'entre eux n'aurait pas survécu par miracle, en raison de pouvoirs émanant de sa qualité d'artiste-magicien, assis tranquillement à une table avec son égérie... Mais non, impossible : il y a trop de feuillages et de plantes tout autour de la Closerie. On ne voit rien. Pour moi, il se cache peut-être derrière la végétation, insolent et surréaliste.
A chacun de mes pas sur le boulevard je pense très fort à tous ces créateurs disparus, chéris, et j'ai un petit mot pour certains d'entre eux, intérieurement. Je me demande souvent où ils ont habité, et où ils sont maintenant, quelle est leur nouvelle adresse... Au premier étage de certains immeubles on voit une plaque, comme celle qui annonce, au carrefour avec la rue Campagne-première : "Le peintre Jonkind à habité dans cet immeuble en 1928", au dessus du restaurant "Chez Fernand", qui a l'air d'être d'époque. Je me recueille quelques instants pour penser à lui et ses amis, à toutes ces joyeuses ripailles qu'ils ont pu faire dans l'arrière-salle. A chaque fois j'ai aussi une pensée pour le chat de Fujita. Ils habitaient le carrefour Vavin, tout près. Chat d'artiste, quelle position enviable dans la vie...
Et en parlant de chat, un peu plus loin je croise un shitsu, qui trottine en liberté derrière sa maîtresse. De temps en temps il renifle avec beaucoup de sérieux un pied de chaise ou un pot de fleur posé sur son chemin. Je sais que certains shitsus, comme les chats, ont des facultés télépathiques. Alors, guilleret et naïf, j'essaye de lui envoyer mon signal, tout en trottinant à son niveau pour qu'il me remarque. Ca n'a pas l'air de beaucoup marcher : jamais il ne me regarde. Mais après quelques instants de marche côte-à-côte, une nouvelle petite lumière éclaire mes pensées : et si je proposait à Spleen une rubrique, ou une sous-rubrique de "Récits", qui s'appellerait "Histoires d'animaux" ? Super idée qui m'emballe immédiatement : dans mon petit parlement intérieur où je suis le seul à siéger, je vote tout de suite "pour" comme un seul homme. Merci le shitsu... ce n'est pas moi qui lui ai envoyé un message, mais lui qui m'a envoyé le sien !
En effet quand j'inspecte ma mémoire, je trouve des tas d'histoires cocasses, merveilleuses ou drôles, peuplées d'animaux, chiens, chats, oiseaux, que j'ai connus de près ou de loin à travers mon parcours sur la Terre, parfois dont je me suis occupé au jour le jour... En plus je sais parler chat, pigeon et perroquet presque couramment. La vie avec eux m'a montré beaucoup de choses, mais surtout que chaque animal a sa propre personnalité, indiscutablement distincte de celle de son voisin. Et qui vaut bien en tous points celle des humains.
C'est décidé, je vais proposer ma nouvelle série : "Les animaux nous racontent leurs histoires", à ranger pour l'instant dans "Récits", en attendant que quelqu'un d'autre propose les siennes, pourquoi pas... et que cela finisse par faire assez de contenu pour créer une rubrique à part entière. Dîtes-moi si vous êtes pour. Dîtes-moi aussi si vous avez un titre qui va mieux !
Tiens, (n'y voyez aucune analogie associative dans mon esprit farfelu, entre les Japonais et les animaux !) en approchant de la fameuse Coupole, véritable reine-mère du quartier, j'ai remarqué le retour des habitants de l'Archipel du soleil levant dans notre capitale : je suis content parce qu'il paraît qu'après les attentats de l'an dernier, les inventeurs du zen avaient pris un peu peur de venir chez nous. Mais l'amour est toujours le plus fort : ils sont de retour et c'est tant mieux. Le plaisir de revoir des Japonaises qui aiment tellement notre pays, surtout notre capitale, et par dessus tout notre mode parisienne, me comble d'aise à chaque fois. Mais là je m'embarque encore dans un autre sujet. Ca risque de faire un peu long et de lasser : je vais le garder pour un prochaine billet. Car on ne m'enlèvera jamais de l'esprit que l'amitié franco-japonaise est une très belle histoire, délicate et précieuse, qu'il faut à tout prix préserver.
Sayonara... Namaste !
:) Namaste !
