Orages sur Le Havre
Publié : 22 juin 2016, 18:07
Ces derniers jours les bulletins météo annoncent une grande probabilité d'orages sur une bonne partie ouest de la France, incluant la Normandie. Je suis friand de ces activités lumineuses et sonores qui naissent de la friction des masses nuageuses froides et chaudes chargées d'électricité. Je me remplis les yeux de ces imposantes formations atmosphériques qui sont comme un épais rideau que l'on tire sur une scène et font d'un seul coup chuter toute luminosité. Je guette les éclairs, je tache de les voir bien en entier au moment même où ils déchirent le ciel. J'admire à chaque fois les trajets de leurs zébrures capricieuses sans cesse renouvelés, qui semblent dessiner d'improbables arborescences d'un éclatant néon sur fond de nuages imprégnés de la plus profonde noirceur... Et si par bonheur une grosse grêle soudainement se met à tomber avec une incroyable sauvagerie, je suis dans mes petits souliers, mais en même temps je me réjouis de vivre ce caprice de la nature, qui pour quelques minutes, a décidé de changer d'humeur en tapant un grand coup sur la table.
C'est la raison pour laquelle j'ai retrouvé le lien vers la webcam de Sainte-Adresse, près du Havre. En me disant que c'est le moyen le plus facile pour quelqu'un qui reste bloqué à Paris de pouvoir bénéficier du déchaînement météo si il a lieu. http://www.lehavretourisme.tv/fr/webcam-du-havre.html
Cette webcam tourne en temps réel sur 180 degrés, nuit et jour. Quand elle atteint son extrémité droite, elle fait une petite pause pendant quelques secondes, et repart vers sa gauche, en direction du port du Havre. On voit les grues géantes, les infrastructures métalliques, les nouveaux bâtiments reconstruits après la guerre sous la direction d'Auguste Perret et ses projets fous de Gesamtkunstwerk : l'architecte inspiré par nul autre que Wagner voulait une création artistique totale pour la nouvelle ville reconstruite de presque zéro après les bombardements de la dernière guerre. Très loin de nos conceptions actuelles étriquées dictées par les tenants de l'économie mondialiste du XXIe siècle.
Je viens de temps en temps ouvrir le champ de cette caméra automatique qui me donne à chaque fois un spectacle différent : en fonction de la météo la lumière, les couleurs et la profondeur changent tout le temps. On ne peut pas se lasser de ce spectacle. Certaines fois je me laisse prendre au rythme répété des petites vagues qui viennent mourir assidûment sur les derniers mètres de sable et de pierres... et j'oublie de regarder le reste, j'oublie la ville, les porte-containers et les cargos qui attendent sagement au large leur autorisation d'entrer, j'oublie les grands oiseaux blancs, et même les nuages.
Cela devient parfois pour mon esprit comme une sorte de méditation sur le vide, une vacuité liquide à répétition, qui ne finit jamais. Et alors sans prévenir, après de très longs instants hors du temps, l'inspiration vient, par flashes.
Cette lumière nouvelle qui éclaire les idées sans même qu'on le lui demande impose des visions inattendues. Il m'est plus d'une fois venu à l'esprit, et cela en se répétant est devenu comme une obsession de plus en plus réelle, que si un jour, par une fâcheuse décision venue d'un bâtiment militaire, des missiles étaient lancés, c'est depuis cette fenêtre que je pourrais les voir partir, imprévisiblement surgis des fonds marins, programmés par quelque submersible américain ou soviétique... Je serais alors aux premières loges, par l'intermédiaire de cette webcam, pour contempler les nuages une toute dernière fois, et apprécier sans ne rien pouvoir y faire les trajectoires rectilignes de ces engins méphistophélesques croiser leurs fumées dans le ciel en de mystérieux signes cabalistiques.
Avant les derniers instants, ceux qui me permettront de contempler la première explosion, immédiatement suivie de son champignon traversé de multiples orangers de lumière, d'effroyables ocres violacés mélangés devenant d' aveuglants jaunes rougeoyants, gigantesque boule de neutrons déchaînés qui anéantira peut-être la base navale de Brest au loin, deux ou trois centres névralgiques en Angleterre, ou des pistes de décollage militaires françaises... puis ce sera le deuxième champignon qui s'élèvera en grande majesté non loin du premier, et tous deux produiront leur gigantesque éclair avec une simple poignée de respirations de décalage. Alors dans le vacarme assourdissant de l'onde sonore, on se mettra à compter une par une les secondes qui nous séparent encore du grand coup de balai final, donné par le souffle dantesque qui nous soulèvera tels de vulgaires fils de la vierge en suspension dans l'air de l'été, en nous privant de la folle ribambelle de toutes les explosions qui suivront, mais nous faisant peut-être basculer dans une autre dimension...
C'est la raison pour laquelle j'ai retrouvé le lien vers la webcam de Sainte-Adresse, près du Havre. En me disant que c'est le moyen le plus facile pour quelqu'un qui reste bloqué à Paris de pouvoir bénéficier du déchaînement météo si il a lieu. http://www.lehavretourisme.tv/fr/webcam-du-havre.html
Cette webcam tourne en temps réel sur 180 degrés, nuit et jour. Quand elle atteint son extrémité droite, elle fait une petite pause pendant quelques secondes, et repart vers sa gauche, en direction du port du Havre. On voit les grues géantes, les infrastructures métalliques, les nouveaux bâtiments reconstruits après la guerre sous la direction d'Auguste Perret et ses projets fous de Gesamtkunstwerk : l'architecte inspiré par nul autre que Wagner voulait une création artistique totale pour la nouvelle ville reconstruite de presque zéro après les bombardements de la dernière guerre. Très loin de nos conceptions actuelles étriquées dictées par les tenants de l'économie mondialiste du XXIe siècle.
Je viens de temps en temps ouvrir le champ de cette caméra automatique qui me donne à chaque fois un spectacle différent : en fonction de la météo la lumière, les couleurs et la profondeur changent tout le temps. On ne peut pas se lasser de ce spectacle. Certaines fois je me laisse prendre au rythme répété des petites vagues qui viennent mourir assidûment sur les derniers mètres de sable et de pierres... et j'oublie de regarder le reste, j'oublie la ville, les porte-containers et les cargos qui attendent sagement au large leur autorisation d'entrer, j'oublie les grands oiseaux blancs, et même les nuages.
Cela devient parfois pour mon esprit comme une sorte de méditation sur le vide, une vacuité liquide à répétition, qui ne finit jamais. Et alors sans prévenir, après de très longs instants hors du temps, l'inspiration vient, par flashes.
Cette lumière nouvelle qui éclaire les idées sans même qu'on le lui demande impose des visions inattendues. Il m'est plus d'une fois venu à l'esprit, et cela en se répétant est devenu comme une obsession de plus en plus réelle, que si un jour, par une fâcheuse décision venue d'un bâtiment militaire, des missiles étaient lancés, c'est depuis cette fenêtre que je pourrais les voir partir, imprévisiblement surgis des fonds marins, programmés par quelque submersible américain ou soviétique... Je serais alors aux premières loges, par l'intermédiaire de cette webcam, pour contempler les nuages une toute dernière fois, et apprécier sans ne rien pouvoir y faire les trajectoires rectilignes de ces engins méphistophélesques croiser leurs fumées dans le ciel en de mystérieux signes cabalistiques.
Avant les derniers instants, ceux qui me permettront de contempler la première explosion, immédiatement suivie de son champignon traversé de multiples orangers de lumière, d'effroyables ocres violacés mélangés devenant d' aveuglants jaunes rougeoyants, gigantesque boule de neutrons déchaînés qui anéantira peut-être la base navale de Brest au loin, deux ou trois centres névralgiques en Angleterre, ou des pistes de décollage militaires françaises... puis ce sera le deuxième champignon qui s'élèvera en grande majesté non loin du premier, et tous deux produiront leur gigantesque éclair avec une simple poignée de respirations de décalage. Alors dans le vacarme assourdissant de l'onde sonore, on se mettra à compter une par une les secondes qui nous séparent encore du grand coup de balai final, donné par le souffle dantesque qui nous soulèvera tels de vulgaires fils de la vierge en suspension dans l'air de l'été, en nous privant de la folle ribambelle de toutes les explosions qui suivront, mais nous faisant peut-être basculer dans une autre dimension...