Au café du centre 01
Publié : 30 juin 2016, 20:55
Au café du centre 01
J’ai passé une après-midi au Café du centre, mon accompagnateur m’a déposée là le temps de présenter une dame aux urgences. Vous connaissez ? Un endroit où l’on peut attendre très, très longtemps. D’un côté, c’est normal, ce service ne s’occupe que des patients !
Au café, il y a peu de monde, le va et vient des employés qui viennent prendre un coup sur le temps de travail. On m’a installée à une table pour quatre. J’ai ouvert l’ordinateur et j’ai branché le dictaphone pour transcrire mes notes destinées à un devoir. L’oreillette d’un côté, je suis d’une oreille distraite les conversations de comptoir.
— Comment il va ton lieutenant ? questionne une voix.
— Comme un mec qui a reçu une balle dans le bras, répond un autre.
— C’est un peu idiot, il n’aura pas de médaille, souligne un troisième.
— Il n’en mérite pas, se tirer une balle dans le bras en rangeant son pétard dans son holster, faut le faire !
Je reviens de ma surprise en réalisant que ce sont des policiers du commissariat tout proche, cette fois j’écoute.
— Moi aussi, je le garde toujours prêt à tirer, avec tout ce qu’on voit ces temps-ci.
— Maintenant, j’ai la main dessus pour contrôler un cycliste en sens interdit, on ne sait plus à qui on a affaire.
— Voilà le farceur ! tu as fini ta journée ou t’as balancé le courrier à l’égout ?
— Une distribution calme aujourd’hui, reconnaît le postier.
— On y va, tu donnes le bonjour aux autres, insiste un des flics en sortant.
— Toujours premier au bistro l’Auguste !
— Toi non plus, tu n’es pas en retard, ce n’est pas le tri qui te retarde.
— C’est bon ! j’ai pas raison ? Sans parler de syndicat, j’ai pas raison ?
— Complètement dingue, on marche sur la tête. Tu balances une lettre dans la boîte de La Poste centrale pour un mec qui habite de l’autre côté de la rue, on la fourre dans un sac, on l’envoie au centre de tri à cent kilomètres, elle revient dans un autre sac pour finir dans le casier de ta tournée.
— C’est pour faire des économies, affirme un troisième.
— J’ai du mal à y croire…
— Matéoli n’est pas là, interpelle une voix depuis la porte.
— Non ! pas vu.
— Drôle de coureur le Matéoli, il a dû trouver une nana pour lui faire du gringue.
— Eh, il ne mate pas qu’au lit, il a l’œil partout… il doit avoir un nid de frelons dans le caleçon…
— Un peu de tenue, tu vas faire rougir la demoiselle derrière son écran.
Je fais mine de ne pas avoir entendu, je me penche sur l’écran et appuie sur l’oreillette comme pour mieux entendre le dictaphone. Je ne souhaite pas interrompre une conversation amusante.
— Il y a au moins quelqu’un qui travaille ici, se moque le patron. Tout le monde n’est pas fonctionnaire.
— À son âge, on ne rougit plus, on profite. Matéoli a raison, on ne vit qu’une fois.
— S’il faisait du rentre dedans à ta femme ?
— Audray ? pas son genre de mec.
— Ah, te voilà Matéoli, on parlait de toi, tu es en retard ! Blonde ou brune ?
— Brun, c’est le chef qui vous cherche, amenez-vous.
Afin que demain vous retrouviez intacte votre envie de lire, je tape À suivre…
J’ai passé une après-midi au Café du centre, mon accompagnateur m’a déposée là le temps de présenter une dame aux urgences. Vous connaissez ? Un endroit où l’on peut attendre très, très longtemps. D’un côté, c’est normal, ce service ne s’occupe que des patients !
Au café, il y a peu de monde, le va et vient des employés qui viennent prendre un coup sur le temps de travail. On m’a installée à une table pour quatre. J’ai ouvert l’ordinateur et j’ai branché le dictaphone pour transcrire mes notes destinées à un devoir. L’oreillette d’un côté, je suis d’une oreille distraite les conversations de comptoir.
— Comment il va ton lieutenant ? questionne une voix.
— Comme un mec qui a reçu une balle dans le bras, répond un autre.
— C’est un peu idiot, il n’aura pas de médaille, souligne un troisième.
— Il n’en mérite pas, se tirer une balle dans le bras en rangeant son pétard dans son holster, faut le faire !
Je reviens de ma surprise en réalisant que ce sont des policiers du commissariat tout proche, cette fois j’écoute.
— Moi aussi, je le garde toujours prêt à tirer, avec tout ce qu’on voit ces temps-ci.
— Maintenant, j’ai la main dessus pour contrôler un cycliste en sens interdit, on ne sait plus à qui on a affaire.
— Voilà le farceur ! tu as fini ta journée ou t’as balancé le courrier à l’égout ?
— Une distribution calme aujourd’hui, reconnaît le postier.
— On y va, tu donnes le bonjour aux autres, insiste un des flics en sortant.
— Toujours premier au bistro l’Auguste !
— Toi non plus, tu n’es pas en retard, ce n’est pas le tri qui te retarde.
— C’est bon ! j’ai pas raison ? Sans parler de syndicat, j’ai pas raison ?
— Complètement dingue, on marche sur la tête. Tu balances une lettre dans la boîte de La Poste centrale pour un mec qui habite de l’autre côté de la rue, on la fourre dans un sac, on l’envoie au centre de tri à cent kilomètres, elle revient dans un autre sac pour finir dans le casier de ta tournée.
— C’est pour faire des économies, affirme un troisième.
— J’ai du mal à y croire…
— Matéoli n’est pas là, interpelle une voix depuis la porte.
— Non ! pas vu.
— Drôle de coureur le Matéoli, il a dû trouver une nana pour lui faire du gringue.
— Eh, il ne mate pas qu’au lit, il a l’œil partout… il doit avoir un nid de frelons dans le caleçon…
— Un peu de tenue, tu vas faire rougir la demoiselle derrière son écran.
Je fais mine de ne pas avoir entendu, je me penche sur l’écran et appuie sur l’oreillette comme pour mieux entendre le dictaphone. Je ne souhaite pas interrompre une conversation amusante.
— Il y a au moins quelqu’un qui travaille ici, se moque le patron. Tout le monde n’est pas fonctionnaire.
— À son âge, on ne rougit plus, on profite. Matéoli a raison, on ne vit qu’une fois.
— S’il faisait du rentre dedans à ta femme ?
— Audray ? pas son genre de mec.
— Ah, te voilà Matéoli, on parlait de toi, tu es en retard ! Blonde ou brune ?
— Brun, c’est le chef qui vous cherche, amenez-vous.
Afin que demain vous retrouviez intacte votre envie de lire, je tape À suivre…