Hors mode
Publié : 23 juillet 2016, 21:07
Hors mode
L’autre matin, le super marché était à peine ouvert, Parrain nous déposait sur le parking. Je me tenais au chariot.
Nous entrons dans un monde hétéroclite. Marraine est petite, je dois attraper les achats en hauteur, avec du mal.
— Pas celui-ci, celui à droite, non encore à droite, précise-t-elle.
Tu dois t’étirer comme un lance-pierre pour atteindre ton paquet de nouilles où te baisser à toucher le sol pour atteindre le bas étage. Je ne pense pas toujours à m’accroupir, dans ce cas, j’illumine le paysage d’un sourire qui n’est pas celui du plombier. Ce serait si simple, trop simple si tout était à portée. C’est une question de prix dit-on. Le prix de l’accessibilité sans doute ?
J’ai horreur de faire les courses, d’habitude je reste seule à la maison, c’est nettement mieux. Je devine vos pensées profondes :
— Fallait pas y aller. Que fais-tu ici ?
Je vous le donne en mille, en cent mille et je vous laisse la fin de l’année pour chercher, vous ne trouverez pas. Ce ne sont pas les fournitures scolaires, ce serait trop simple, vous y aviez déjà pensé. Alors ? je deviens chatte et vous me donnez votre langue ? Ce sera plus rapide !
— Je traîne dans ce capharnaüm pour cause d’indécence !
Surpris ? Lancé de cette façon, c’est abrupt, je le reconnais ! La réalité est terre à terre. Mon maillot de bain serait indécent. Je ne l’ai pas mis souvent ! d’accord, il est démodé, je le reconnais, il a trois étés au compteur. Je suis l'une des rares filles qui ne se soucient pas de son apparence vestimentaire. Porter un maillot, passé, de trois saisons ne me gêne pas du tout. Il paraît que cela gêne les autres ! Et en quoi pensez-vous ?
— Tu peux expliquer, on est largués.
Vous tenez à ce que je mette les choses au point, je le sens. Euh… je l’ai eu l'été de mes treize ans, je n’avais pas grand-chose à cacher et, franchement, sans parler de mesures millimétriques, la différence ne me saute pas aux yeux ! Ce genre de tissu s’étire facilement, pour le bas, à deux tailles ou trois près ! Le haut était prévu pour mettre en valeur mes jeunes années au vent d’été, le panier est peu petit. Mes arrondissements se sont légèrement peuplés, toutefois parler d’indécence ! c’est gonflé !
Trèves de bavardages, j’ai sorti Colorino de son étui et j’ai choisi deux maillots en épisodes, enfin, deux pièces avec un entracte de nombril entre les deux, si vous préférez. Un noir, je crains la transparence. Il est plus petit que l’ancien, sans être indécent paraît-il, qui va m’expliquer cette différence ? Un autre bleu, j’aime le bleu, avec une culotte dite Shorty, qui enferme de façon étanche mes trésors, dit-on. Le haut est enveloppant comme un étui à boules de pétanque sans cochonnet. Le modèle écran total aux Ultraviolets, pour préserver mon avenir laitier, affirme la faculté.
Liza tu es équipée pour bronzer, ferme l’ordi et va au soleil ! Que dalle pas si simple ! Qui dit maillot, doit se le faire ! Je devine votre sourire :
— Que va nous sortir la petite ?
Pour être crédible, rien qui ne soit connu… cachez votre jolie tignasse que je ne saurais voir, ce n’est pas moi qui l’ai écrit ! Vite dit, cacher, cacher où ? Un foulard ne convient pas.
À la campagne on fauche, un Gilette devrait suffire à la tâche. En ville, c’est plus compliqué, l’esthéticienne retire les piles. Je me décide à faire les foins, c’est la saison. Afin d’éviter la coupure dans le vif, je confie ce travail délicat à Marraine. Eh, obligée !
J’attends le départ de parrain afin d’éviter les accidents de portes, vous connaissez ? La personne qui se trompe et se retire très lentement en s’excusant, emmagasinant un maximum de souvenirs. Bof il n’est pas de ce genre, mais sait-on jamais, par distraction.
Avec tous ces préliminaires, le temps de gagner la chaise longue, le soleil est parti voir ailleurs. Finalement, il m’a reconnue, il est revenu. Pour trinquer avec l’astre solaire en calmant ses brûlantes ardeurs et pour étrenner ma décence toute neuve, je lui ai donné son premier bain en l’arrosant d’eau minérale.
— Zut, elle a changé de maillot, constate Denis, caché derrière la haie avec son copain.
— Les mailles de celui-ci ne sont pas étirées. C’est râpé, le noir obscur cache la lune !
Liza
L’autre matin, le super marché était à peine ouvert, Parrain nous déposait sur le parking. Je me tenais au chariot.
Nous entrons dans un monde hétéroclite. Marraine est petite, je dois attraper les achats en hauteur, avec du mal.
— Pas celui-ci, celui à droite, non encore à droite, précise-t-elle.
Tu dois t’étirer comme un lance-pierre pour atteindre ton paquet de nouilles où te baisser à toucher le sol pour atteindre le bas étage. Je ne pense pas toujours à m’accroupir, dans ce cas, j’illumine le paysage d’un sourire qui n’est pas celui du plombier. Ce serait si simple, trop simple si tout était à portée. C’est une question de prix dit-on. Le prix de l’accessibilité sans doute ?
J’ai horreur de faire les courses, d’habitude je reste seule à la maison, c’est nettement mieux. Je devine vos pensées profondes :
— Fallait pas y aller. Que fais-tu ici ?
Je vous le donne en mille, en cent mille et je vous laisse la fin de l’année pour chercher, vous ne trouverez pas. Ce ne sont pas les fournitures scolaires, ce serait trop simple, vous y aviez déjà pensé. Alors ? je deviens chatte et vous me donnez votre langue ? Ce sera plus rapide !
— Je traîne dans ce capharnaüm pour cause d’indécence !
Surpris ? Lancé de cette façon, c’est abrupt, je le reconnais ! La réalité est terre à terre. Mon maillot de bain serait indécent. Je ne l’ai pas mis souvent ! d’accord, il est démodé, je le reconnais, il a trois étés au compteur. Je suis l'une des rares filles qui ne se soucient pas de son apparence vestimentaire. Porter un maillot, passé, de trois saisons ne me gêne pas du tout. Il paraît que cela gêne les autres ! Et en quoi pensez-vous ?
— Tu peux expliquer, on est largués.
Vous tenez à ce que je mette les choses au point, je le sens. Euh… je l’ai eu l'été de mes treize ans, je n’avais pas grand-chose à cacher et, franchement, sans parler de mesures millimétriques, la différence ne me saute pas aux yeux ! Ce genre de tissu s’étire facilement, pour le bas, à deux tailles ou trois près ! Le haut était prévu pour mettre en valeur mes jeunes années au vent d’été, le panier est peu petit. Mes arrondissements se sont légèrement peuplés, toutefois parler d’indécence ! c’est gonflé !
Trèves de bavardages, j’ai sorti Colorino de son étui et j’ai choisi deux maillots en épisodes, enfin, deux pièces avec un entracte de nombril entre les deux, si vous préférez. Un noir, je crains la transparence. Il est plus petit que l’ancien, sans être indécent paraît-il, qui va m’expliquer cette différence ? Un autre bleu, j’aime le bleu, avec une culotte dite Shorty, qui enferme de façon étanche mes trésors, dit-on. Le haut est enveloppant comme un étui à boules de pétanque sans cochonnet. Le modèle écran total aux Ultraviolets, pour préserver mon avenir laitier, affirme la faculté.
Liza tu es équipée pour bronzer, ferme l’ordi et va au soleil ! Que dalle pas si simple ! Qui dit maillot, doit se le faire ! Je devine votre sourire :
— Que va nous sortir la petite ?
Pour être crédible, rien qui ne soit connu… cachez votre jolie tignasse que je ne saurais voir, ce n’est pas moi qui l’ai écrit ! Vite dit, cacher, cacher où ? Un foulard ne convient pas.
À la campagne on fauche, un Gilette devrait suffire à la tâche. En ville, c’est plus compliqué, l’esthéticienne retire les piles. Je me décide à faire les foins, c’est la saison. Afin d’éviter la coupure dans le vif, je confie ce travail délicat à Marraine. Eh, obligée !
J’attends le départ de parrain afin d’éviter les accidents de portes, vous connaissez ? La personne qui se trompe et se retire très lentement en s’excusant, emmagasinant un maximum de souvenirs. Bof il n’est pas de ce genre, mais sait-on jamais, par distraction.
Avec tous ces préliminaires, le temps de gagner la chaise longue, le soleil est parti voir ailleurs. Finalement, il m’a reconnue, il est revenu. Pour trinquer avec l’astre solaire en calmant ses brûlantes ardeurs et pour étrenner ma décence toute neuve, je lui ai donné son premier bain en l’arrosant d’eau minérale.
— Zut, elle a changé de maillot, constate Denis, caché derrière la haie avec son copain.
— Les mailles de celui-ci ne sont pas étirées. C’est râpé, le noir obscur cache la lune !
Liza