Mon coin à saynètes
Publié : 16 août 2016, 17:06
Petite saynète de théâtre tirée à partir d'un leitmotiv en impro : "J'en veux encore" 
DIALOGUE BANANIA
- J'en veux encore...
- Pas possible.
- Si, j'en veux encore !
- Michel, tu sais très bien que ce n'est pas possible...
- Moi j'ai envie de faire dans l'impossible... Tu me connais...
- Oui mais non. Je t'en ai trop donné. Tu n'en auras plus.
- J'en veux !
- Non !
- Chérie !!
- Non ! Je ne peux plus...
(silence)
- Mais si je fais attention ? Si... si... je reprends tout depuis le début dès demain matin ?
- Ca ne marchera pas. C'est trop facile.
- J'en veux j'te dis... Chérie !
- Non. C'est trop facile de faire croire aux gens qu'ils vont changer... tout ca...Et puis les gens y croient, ils accompagnent l'effort, ils aiment, ils espèrent... Et puis voilà ! Un jour, tout est de leur faute !
- Ce n'est pas de ta faute chérie... juste de la mienne...
- Ce n'est pas ce que tu m'as dit la dernière fois !... La dernière fois, tu t'en souviens ? Non ?? (très énervée) Eh bien moi, je m'en souviens ! J'étais coupable ! Tu m'as accusée Michel, accusée ! Et accusée de quoi, tu t'en souviens ?
- Non... Je ne veux plus y penser, j'ai oublié.
-Trop facile... Trop facile... (elle devient tendre dans la voix). Trop facile petit chéri ! Beaucoup trop facile... Même ma mère fait attention maintenant, mon père aussi et même toute ma famille (elle est d'un seul coup très en colère). TROP FA-CI-LE! Je ne marche plus dans tes petites combines !
( silence)
-Je crois que je vais le faire quand tu auras le dos tourné. Quand tu a le dos tourné, oui... oui, c'est vrai, je fais plein de conneries... Mais c'est tellement dur tu comprends ! C'est pas un crime putain ! (il s'énerve lui aussi...)
-Dans un sens, si. Un crime commence par une pulsion. Une pulsion qu'on ne maîtrise pas pousse au crime. Tu es un être qui ne maîtrise pas toutes ses pulsions mon chéri ! Tu es donc un criminel en puissance.
-J'en veux encore. J'en veux, j'en prendrai, j'en aurai. Et tu seras bien obligée de faire avec.
-Tu me dégoûtes avec tes manières d'enfant gâté ! Est-ce qu'une femme peut compter sur un menteur ? Sur un voleur ? Un chapardeur de beurre ? De beurre, de chocolat, de gâteaux, de sucre, de bonbons, de glaces ? Michel, le grand Michel, chef de projet chez Artlon, est un chef de projet malade et inconscient ! C'est ça mon mari ? C'est ça mon mari ?? (elle est très en colère, pleine d'indignation)
-J'en veux, j'en veux... j'en veux juste ce soir... et après, juré, j'arrête, j'arrête !... J'arrête...
-Tu as du diabète Michel ! Du diabète !! As-tu envie de mourir jeune sans avoir fait l'effort de te priver, une bonne fois pour toutes ? D'être responsable ! Et de ne plus être un sale chapardeur ! Tu m'as accusée Michel... en plein régime, tu m'as accusée ! N'oublie jamais ça... Tu m'as accusée de ne pas t'aimer, de te priver ! J'avais déjà fait beaucoup d'efforts, accommodé les plats pour qu'ils restent savoureux, tout fait pour que tu t'en sortes Michel, me condamnant moi-même à manger ce que j'aime le plus... Le chocolat, le chocolat... t'en as encore acheté, tu l'as encore planqué... et quand je l'ai trouvé et mis à la poubelle, tu as attendu que je dorme pour aller le chercher !! Mais c'est dégueulasse !
-Mais la vie est tellement plus douce quand j'en ai... Quand j'en ai pas, du sucre, du chocolat... il me reste juste à mâcher de l'utile... du nutritif... de l'essentiel... juste de quoi éviter les carences... Plus de fantaisie, plus rien... C'est pas une vie ça...
-Mais c'est comme ça la vie ! Quand on est jeune, on a le droit de goûter à tout, de tout prendre, de tout dépenser et même de tout gâcher, on a le temps de recommencer, on se doit rien à soi-même ! ... Plus tard, on n'a plus le temps. On regrette et on commence à être fatigué. C'est la vie qu'est comme ça... Au début, on aime on aime on aime, on bouffe on bouffe on bouffe... et puis un jour, ça fait mal. Tu vois quand on était jeunes, on en a bouffé de l'amour... Tu te souviens ? On en a bouffé de l'amour en chocolat tous les deux, tous les chocolats du monde on a goûtés! On en avalait des tonnes ! On était bien ! Et puis un jour, on a bien vu qu'il fallait être un peu raisonnable, commencer à travailler vraiment, économiser, élever des enfants... On a moins faim d'amour quand ça commence ça... On devient sérieux, on a moins faim de friandises mais beaucoup plus du plat de résistance, on commence à avoir peur. Tu vois, il faut tenir après ! Faut que t'arrêtes, faut que t'arrêtes parce que moi je ne tiendrai pas longtemps comme ça !
-T'as plus envie de chocolat ?
-Mais si, bien sûr !... J'y pense souvent... Mais maintenant faut payer les études des petits, faut les installer dans leurs studios, les aider à financer leurs séjours linguistiques, garder de l'argent pour notre retraite. Maintenant on mange notre pain noir, je te le dis. Même plus question du plat de résistance.. Alors si mon mari est pas capable de suivre son régime, met sa vie en danger et la mienne par-dessus le marché, … ça ne me rend pas tendre tu comprends...
- Bon. Je crois que j'ai compris. Donc, reprendre mon régime ? Remercier ta mère de respecter mon régime quand on va dîner là-bas ? Continuer à travailler dur pour nos gosses ?
- En gros, c'est ça, oui...
- Donc nos enfants sont en pleine période de chocolat, eux ?
- Oui, eux y ont droit.
- Et nous ?
- Quoi nous ?
- Ben nous quoi... Comment on pourrait faire du chocolat ? On n'y a plus droit, nous ? Moi, j'en veux encore...
- C'est une métaphore ? (amusée)
- Bien entendu ! (souriant et détendu)
- Tu connais ces trucs sans gluten, sans saccharose... ?
- Oui...
- Je vais me remettre aux recettes bio, celles que tu voulais pas. Y'a que ça... La gomme de Caroube...
- Pardon ?
- La gomme de Caroube, je l'ai lu dans « Marie-Claire », c'est un ersatz de chocolat.
- Mais... quel rapport avec nous ?
( elle vient se poster juste devant lui, le regarde dans les yeux, lui prend le menton et d'une main, le maintient face à elle)
- Notre salut la gomme de Caroube, Michel : on va dire aux enfants qu'on part faire un long voyage, aux patrons qu'on prend un congé sans solde, aux voisins, qu'ils arrosent les plantes quand les petits seront partis en Angleterre... Et nous on va partir. On va retourner au pays du chocolat blanc, du noir, du au lait, aux noisettes, fourré aux fruits... au pays des Smarties et de la crème glacée à la vanille... au Bourbon... Tu adorais ça ! Mais on fera ça nous-mêmes : on emmènera le guide du « Manger BIO » et « l'Encyclopédie des Diététiques » ! On va aller se refaire une santé en chocolat, se cacher dans une chocolaterie déserte, se refaire une lune de chocolat au miel ! On va s'occuper de nous ! Et on va tout reprendre à zéro mon Michel ! Et on va faire l'amour comme ça ! Jusqu'à s'en rendre malades. Et quand on aura l'indigestion, on rentrera. Mais au moins, mon Michel, j'aurais fait tout ce que j'aurais pu pour toi !...
- Faudra trouver la recette bio pour le « Bounty »...
-Oui, t'inquiète pas. On aura un vrai goût de paradis, promis.
RIDEAU

DIALOGUE BANANIA
- J'en veux encore...
- Pas possible.
- Si, j'en veux encore !
- Michel, tu sais très bien que ce n'est pas possible...
- Moi j'ai envie de faire dans l'impossible... Tu me connais...
- Oui mais non. Je t'en ai trop donné. Tu n'en auras plus.
- J'en veux !
- Non !
- Chérie !!
- Non ! Je ne peux plus...
(silence)
- Mais si je fais attention ? Si... si... je reprends tout depuis le début dès demain matin ?
- Ca ne marchera pas. C'est trop facile.
- J'en veux j'te dis... Chérie !
- Non. C'est trop facile de faire croire aux gens qu'ils vont changer... tout ca...Et puis les gens y croient, ils accompagnent l'effort, ils aiment, ils espèrent... Et puis voilà ! Un jour, tout est de leur faute !
- Ce n'est pas de ta faute chérie... juste de la mienne...
- Ce n'est pas ce que tu m'as dit la dernière fois !... La dernière fois, tu t'en souviens ? Non ?? (très énervée) Eh bien moi, je m'en souviens ! J'étais coupable ! Tu m'as accusée Michel, accusée ! Et accusée de quoi, tu t'en souviens ?
- Non... Je ne veux plus y penser, j'ai oublié.
-Trop facile... Trop facile... (elle devient tendre dans la voix). Trop facile petit chéri ! Beaucoup trop facile... Même ma mère fait attention maintenant, mon père aussi et même toute ma famille (elle est d'un seul coup très en colère). TROP FA-CI-LE! Je ne marche plus dans tes petites combines !
( silence)
-Je crois que je vais le faire quand tu auras le dos tourné. Quand tu a le dos tourné, oui... oui, c'est vrai, je fais plein de conneries... Mais c'est tellement dur tu comprends ! C'est pas un crime putain ! (il s'énerve lui aussi...)
-Dans un sens, si. Un crime commence par une pulsion. Une pulsion qu'on ne maîtrise pas pousse au crime. Tu es un être qui ne maîtrise pas toutes ses pulsions mon chéri ! Tu es donc un criminel en puissance.
-J'en veux encore. J'en veux, j'en prendrai, j'en aurai. Et tu seras bien obligée de faire avec.
-Tu me dégoûtes avec tes manières d'enfant gâté ! Est-ce qu'une femme peut compter sur un menteur ? Sur un voleur ? Un chapardeur de beurre ? De beurre, de chocolat, de gâteaux, de sucre, de bonbons, de glaces ? Michel, le grand Michel, chef de projet chez Artlon, est un chef de projet malade et inconscient ! C'est ça mon mari ? C'est ça mon mari ?? (elle est très en colère, pleine d'indignation)
-J'en veux, j'en veux... j'en veux juste ce soir... et après, juré, j'arrête, j'arrête !... J'arrête...
-Tu as du diabète Michel ! Du diabète !! As-tu envie de mourir jeune sans avoir fait l'effort de te priver, une bonne fois pour toutes ? D'être responsable ! Et de ne plus être un sale chapardeur ! Tu m'as accusée Michel... en plein régime, tu m'as accusée ! N'oublie jamais ça... Tu m'as accusée de ne pas t'aimer, de te priver ! J'avais déjà fait beaucoup d'efforts, accommodé les plats pour qu'ils restent savoureux, tout fait pour que tu t'en sortes Michel, me condamnant moi-même à manger ce que j'aime le plus... Le chocolat, le chocolat... t'en as encore acheté, tu l'as encore planqué... et quand je l'ai trouvé et mis à la poubelle, tu as attendu que je dorme pour aller le chercher !! Mais c'est dégueulasse !
-Mais la vie est tellement plus douce quand j'en ai... Quand j'en ai pas, du sucre, du chocolat... il me reste juste à mâcher de l'utile... du nutritif... de l'essentiel... juste de quoi éviter les carences... Plus de fantaisie, plus rien... C'est pas une vie ça...
-Mais c'est comme ça la vie ! Quand on est jeune, on a le droit de goûter à tout, de tout prendre, de tout dépenser et même de tout gâcher, on a le temps de recommencer, on se doit rien à soi-même ! ... Plus tard, on n'a plus le temps. On regrette et on commence à être fatigué. C'est la vie qu'est comme ça... Au début, on aime on aime on aime, on bouffe on bouffe on bouffe... et puis un jour, ça fait mal. Tu vois quand on était jeunes, on en a bouffé de l'amour... Tu te souviens ? On en a bouffé de l'amour en chocolat tous les deux, tous les chocolats du monde on a goûtés! On en avalait des tonnes ! On était bien ! Et puis un jour, on a bien vu qu'il fallait être un peu raisonnable, commencer à travailler vraiment, économiser, élever des enfants... On a moins faim d'amour quand ça commence ça... On devient sérieux, on a moins faim de friandises mais beaucoup plus du plat de résistance, on commence à avoir peur. Tu vois, il faut tenir après ! Faut que t'arrêtes, faut que t'arrêtes parce que moi je ne tiendrai pas longtemps comme ça !
-T'as plus envie de chocolat ?
-Mais si, bien sûr !... J'y pense souvent... Mais maintenant faut payer les études des petits, faut les installer dans leurs studios, les aider à financer leurs séjours linguistiques, garder de l'argent pour notre retraite. Maintenant on mange notre pain noir, je te le dis. Même plus question du plat de résistance.. Alors si mon mari est pas capable de suivre son régime, met sa vie en danger et la mienne par-dessus le marché, … ça ne me rend pas tendre tu comprends...
- Bon. Je crois que j'ai compris. Donc, reprendre mon régime ? Remercier ta mère de respecter mon régime quand on va dîner là-bas ? Continuer à travailler dur pour nos gosses ?
- En gros, c'est ça, oui...
- Donc nos enfants sont en pleine période de chocolat, eux ?
- Oui, eux y ont droit.
- Et nous ?
- Quoi nous ?
- Ben nous quoi... Comment on pourrait faire du chocolat ? On n'y a plus droit, nous ? Moi, j'en veux encore...
- C'est une métaphore ? (amusée)
- Bien entendu ! (souriant et détendu)
- Tu connais ces trucs sans gluten, sans saccharose... ?
- Oui...
- Je vais me remettre aux recettes bio, celles que tu voulais pas. Y'a que ça... La gomme de Caroube...
- Pardon ?
- La gomme de Caroube, je l'ai lu dans « Marie-Claire », c'est un ersatz de chocolat.
- Mais... quel rapport avec nous ?
( elle vient se poster juste devant lui, le regarde dans les yeux, lui prend le menton et d'une main, le maintient face à elle)
- Notre salut la gomme de Caroube, Michel : on va dire aux enfants qu'on part faire un long voyage, aux patrons qu'on prend un congé sans solde, aux voisins, qu'ils arrosent les plantes quand les petits seront partis en Angleterre... Et nous on va partir. On va retourner au pays du chocolat blanc, du noir, du au lait, aux noisettes, fourré aux fruits... au pays des Smarties et de la crème glacée à la vanille... au Bourbon... Tu adorais ça ! Mais on fera ça nous-mêmes : on emmènera le guide du « Manger BIO » et « l'Encyclopédie des Diététiques » ! On va aller se refaire une santé en chocolat, se cacher dans une chocolaterie déserte, se refaire une lune de chocolat au miel ! On va s'occuper de nous ! Et on va tout reprendre à zéro mon Michel ! Et on va faire l'amour comme ça ! Jusqu'à s'en rendre malades. Et quand on aura l'indigestion, on rentrera. Mais au moins, mon Michel, j'aurais fait tout ce que j'aurais pu pour toi !...
- Faudra trouver la recette bio pour le « Bounty »...
-Oui, t'inquiète pas. On aura un vrai goût de paradis, promis.
RIDEAU