Sans réponse
Publié : 23 août 2016, 14:33
Assis tous les cinq autour du feu lors d'une chaude soirée d'été, jeunes et ignorants nous parlions de tout ou plutôt de rien.
Nous étions trois filles, moi, Laure, Anaïs et deux garçons, Thomas et Hugo. Laure et Thomas, ou plutôt Tic et Tac, étaient frère et sœur, ils étaient toujours tous les deux quand il s'agissait de faire les quatre cents coups et ils nous entraînaient volontiers avec eux. Anaïs avait un fort caractère et beaucoup d'humour, c'est elle qui trouvait le parfait commentaire à la fois drôle et inutile dans les pires situations. Hugo, lui, était très gentil mais s'aimait beaucoup trop à mon goût, il ne faisait que parler de lui et ramenait toutes les conversations à sa petite personne jusqu'à en être le héros. On me reprochait souvent de trop parler de moi, mais Hugo était bien pire !
Le bonheur se dégageait dans la chaleur, notre environnement n'était plus qu'un havre de joie et de paix, à un tel point que je ne pouvais m'empêcher de sourire. Le moment était d'une grande simplicité mais d'une rare intensité, je ne pouvais que le savourer. Rien ne pouvait plus gâcher ce magnifique instant.
Hugo, qui jusqu'ici n'avait cessé de parler de lui et de raconter des anecdotes très amusantes sur sa vie un peu trop mouvementée, parvint à me sortir de mon ivresse par l'intermédiaire d'une phrase très intéressante et qui n'avait jamais cessée de troubler mes pensées :
"Certaines personnes, ont tant d'influence sur notre vie qu'elles peuvent la changer complètement, qu'elles y fassent irruption quelques secondes ou quelques années."
Personne n'avait répondu. Anaïs, Laure et Thomas étaient rapidement revenus à des sujets plus puérils et enfantins mais Hugo me paraissait soudainement perdu dans ses pensées. J'avais soutenu son regard quelques secondes lorsqu'il a prononcé cette phrase. J'avais sans doute cherché dans ses yeux une réponse à ce qu'il avait dit, quoique, ce n'était pas une question, cela ne nécessitait donc aucune réponse mais peut-être y avait-il une solution ou un remède.
Je n'avais que trop vécu cette phrase.
Nous l'avons tous vécu, que ce soit la jolie femme fraîche comme la rosée qui traverse la rue, trop belle pour être oubliée où l'homme démuni qui mendie ses quelques pièces, trop pauvre pour être ignoré. Ces deux là laissent leur empreinte dans notre esprit tout le jour, parfois même toute la vie.
J'avais vu une fille un jour lorsque j'étais plus jeune, elle était différente, elle était jolie. Pourquoi pas moi ? Moi aussi j'étais jolie mais je ne l'étais peut-être pas suffisamment.
Tout comme Alice j'étais entrée au pays des merveilles, pensant en sortir plus belle et plus heureuse que jamais. La spirale de l'anorexie et de la boulimie m'avait arraché à mon petit monde d'enfant, me tournait la tête, l'estomac et le corps. Si bien que j'étais satisfaite d'être diagnostiquée malade. J'avais presque abandonné mes amis, restais livrée à moi même, sourde aux conseils et muette aux réflexions. Je ne respirais plus, n'aimais plus et ne vivais plus. Mes yeux ne reflétaient plus que le vide sur lequel ils étaient rivés. Mon visage ne reflétait plus que la douleur que mon corps endurait.
Les années ont passé, la maladie est derrière, mais jamais très loin. Comme des millions d'autres je garde des séquelles. La fille avait changé ma vie.
Me voilà comme Hugo. Je ne parle plus que de moi, je ne pense plus qu'à moi et cela me procure parfois plus de désespoir que de bonheur. Je suis peut-être égoïste.
Arrêtons de blâmer l'homme sur ce qu'il est. N'est-il pas de nature égoïste ? Cet égoïsme n'est-il pas uniquement source de douleur ? La souffrance n'est-elle pas vitale ? Voilà des questions sur lesquelles il faut méditer.
Je suis désormais triste et perdue dans mes pensées, tout comme Hugo.
"Certaines phrases ont tant d'influence qu'elles peuvent gâcher un bonheur qualifié d'éternel, parfois même la vie."
La vie est construire sur des défauts, des détails, des mots, des molécules, des atomes.
Nous étions trois filles, moi, Laure, Anaïs et deux garçons, Thomas et Hugo. Laure et Thomas, ou plutôt Tic et Tac, étaient frère et sœur, ils étaient toujours tous les deux quand il s'agissait de faire les quatre cents coups et ils nous entraînaient volontiers avec eux. Anaïs avait un fort caractère et beaucoup d'humour, c'est elle qui trouvait le parfait commentaire à la fois drôle et inutile dans les pires situations. Hugo, lui, était très gentil mais s'aimait beaucoup trop à mon goût, il ne faisait que parler de lui et ramenait toutes les conversations à sa petite personne jusqu'à en être le héros. On me reprochait souvent de trop parler de moi, mais Hugo était bien pire !
Le bonheur se dégageait dans la chaleur, notre environnement n'était plus qu'un havre de joie et de paix, à un tel point que je ne pouvais m'empêcher de sourire. Le moment était d'une grande simplicité mais d'une rare intensité, je ne pouvais que le savourer. Rien ne pouvait plus gâcher ce magnifique instant.
Hugo, qui jusqu'ici n'avait cessé de parler de lui et de raconter des anecdotes très amusantes sur sa vie un peu trop mouvementée, parvint à me sortir de mon ivresse par l'intermédiaire d'une phrase très intéressante et qui n'avait jamais cessée de troubler mes pensées :
"Certaines personnes, ont tant d'influence sur notre vie qu'elles peuvent la changer complètement, qu'elles y fassent irruption quelques secondes ou quelques années."
Personne n'avait répondu. Anaïs, Laure et Thomas étaient rapidement revenus à des sujets plus puérils et enfantins mais Hugo me paraissait soudainement perdu dans ses pensées. J'avais soutenu son regard quelques secondes lorsqu'il a prononcé cette phrase. J'avais sans doute cherché dans ses yeux une réponse à ce qu'il avait dit, quoique, ce n'était pas une question, cela ne nécessitait donc aucune réponse mais peut-être y avait-il une solution ou un remède.
Je n'avais que trop vécu cette phrase.
Nous l'avons tous vécu, que ce soit la jolie femme fraîche comme la rosée qui traverse la rue, trop belle pour être oubliée où l'homme démuni qui mendie ses quelques pièces, trop pauvre pour être ignoré. Ces deux là laissent leur empreinte dans notre esprit tout le jour, parfois même toute la vie.
J'avais vu une fille un jour lorsque j'étais plus jeune, elle était différente, elle était jolie. Pourquoi pas moi ? Moi aussi j'étais jolie mais je ne l'étais peut-être pas suffisamment.
Tout comme Alice j'étais entrée au pays des merveilles, pensant en sortir plus belle et plus heureuse que jamais. La spirale de l'anorexie et de la boulimie m'avait arraché à mon petit monde d'enfant, me tournait la tête, l'estomac et le corps. Si bien que j'étais satisfaite d'être diagnostiquée malade. J'avais presque abandonné mes amis, restais livrée à moi même, sourde aux conseils et muette aux réflexions. Je ne respirais plus, n'aimais plus et ne vivais plus. Mes yeux ne reflétaient plus que le vide sur lequel ils étaient rivés. Mon visage ne reflétait plus que la douleur que mon corps endurait.
Les années ont passé, la maladie est derrière, mais jamais très loin. Comme des millions d'autres je garde des séquelles. La fille avait changé ma vie.
Me voilà comme Hugo. Je ne parle plus que de moi, je ne pense plus qu'à moi et cela me procure parfois plus de désespoir que de bonheur. Je suis peut-être égoïste.
Arrêtons de blâmer l'homme sur ce qu'il est. N'est-il pas de nature égoïste ? Cet égoïsme n'est-il pas uniquement source de douleur ? La souffrance n'est-elle pas vitale ? Voilà des questions sur lesquelles il faut méditer.
Je suis désormais triste et perdue dans mes pensées, tout comme Hugo.
"Certaines phrases ont tant d'influence qu'elles peuvent gâcher un bonheur qualifié d'éternel, parfois même la vie."
La vie est construire sur des défauts, des détails, des mots, des molécules, des atomes.