Bon poids
Publié : 27 août 2016, 20:35
Bon poids
Si vous entendez parler de baleine, ne cherchez pas le parapluie. Pas besoin de danser du hip pop sur la table pour me faire remarquer. Ma tête ronde de pleine lune. Avec des yeux clairs est soutenue par une encolure à longe crinière sombre. Sur ma poitrine, deux îles flottantes d’un trois-quarts de kilo chacune rempliraient gaillardement les mains d’un honnête garçon. Mes fesses stéatopyges (pardon, grasses) rendent jaloux les pur-sang de trot ou de galot, enfin, il y en a trop. Mon tour de taille atteint presque le maître étalon. Mes hanches sont cernées de mignonnes petites ondulations. Je porte la culotte de cheval avec la distinction d’une duchesse un jour de grand prix. Mes cuisses sont taillées en jambon, mais je ne fume pas. Pour compléter ce portrait : seize ans, un mètre soixante, soixante dix kilos, vous donne-t-il une idée de ma personne ? Je le reconnais sans regret, je porte au moins dix kilos de trop. J’ai un anneau de saturne autour de la taille, je suis écureuil, c’est ma réserve en cas de pénurie. Tout cela c’est moi. Ah, j’oubliais quand je lève les bras, je montre la fière moustache de Salvador Dali. Je pourrais faire les foins et la raser, j’ai essayé, cela m’irrite, me pique et tout repousse, pourquoi s’acharner à désherber la nature.
La Truie est-ce une appellation méchante et salissante. Imagine-t-on qu’une fille en surpoids ne se lave pas ? L’imagine-t-on se goinfrer de pâtisseries ou s’empiffrer à chaque repas. E alors ? un mauvais rapport à l’alimentation est une maladie comme une autre. Ce n’est pas mon cas, ce que je mange suffirait à peine à un oiseau. Tout cela à cause d’une glande qui ne fait pas son boulot, il y a des fainéantes partout. Cela me fiche les glandes, enfin les boules.
Certes, je ne porte pas de string coupe crottes, autant ne rien mettre. Sauvegarder ma pudeur demande un peu plus de tissu. Les plus moqueurs comparent ma culotte à un parachute. Enfin si un rigolo souhaite relever le défi, je lui prête volontiers la plus grande que j’ai, il pourra tranquillement s’écraser. Je suis une fille gentille au caractère doux, je sais écouter les confidences et me taire, toutefois, ne vous y trompez pas, à coups de pieds, je peux cueillir les cerises des garçons grossiers. Et tout compte fait, je préfère dix kilos de trop à dix kilos de moins.
Oui, mais… mais quoi ?
Je n’ai que quelques copines et, les filles que je connais n’ont que deux préoccupations : les garçons et leur ligne. Toujours entre le suivi du régime de bananes ou celui des haricots verts. Se peser tous les matins et gâcher sa journée pour cent grammes de plus. Tâter son corps durant une heure devant la glace pour chercher où ces intrus ont bien pu se loger. Briser sa santé afin d’entrer dans les critères de beauté des pages de publicité qu’elles n’atteindront jamais. Il faut se faire à la réalité trente-six, c’est une idée de couturier pour l’esthétique et l’économie de tissu. Quatre-vingt-quinze pour cent de leurs ventes sont nettement au-dessus de cette taille. Ce n’est pas la taille moyenne des Françaises d’aujourd’hui, elle est un bon cran au-dessus, elle s’affiche entre quarante et quarante-quatre. Les maigres sont-elles sont-elles plus heureuses que moi ?
J’ai des plis, elles n’en ont pas, enfin pas encore, elles souffrent d’un mal austère, se lançant défi sur défi afin de perdre cinq cents grammes avant je ne sais quel événement. Elles pourrissent leur vie et aigrissent leur caractère sans réellement arriver à se plaire. Elles punissent leur corps qui n’a rien fait et elles ne l’aiment pas.
J’aime le mien comme il est avec tous ses replis et ses recoins, je n’ai aucune honte à le porter. Lorsque je tâte devant la glace, c’est pour m’assurer que je n’ai rien perdu de ce qui fait mon image telle que je l’aime. La grosse est honnête avec elle-même, elle aime son corps comme il est, elle ne cherche pas à faire bonne apparence aujourd’hui, avant de grossir demain à force de régimes incertains !
Liza
Si vous entendez parler de baleine, ne cherchez pas le parapluie. Pas besoin de danser du hip pop sur la table pour me faire remarquer. Ma tête ronde de pleine lune. Avec des yeux clairs est soutenue par une encolure à longe crinière sombre. Sur ma poitrine, deux îles flottantes d’un trois-quarts de kilo chacune rempliraient gaillardement les mains d’un honnête garçon. Mes fesses stéatopyges (pardon, grasses) rendent jaloux les pur-sang de trot ou de galot, enfin, il y en a trop. Mon tour de taille atteint presque le maître étalon. Mes hanches sont cernées de mignonnes petites ondulations. Je porte la culotte de cheval avec la distinction d’une duchesse un jour de grand prix. Mes cuisses sont taillées en jambon, mais je ne fume pas. Pour compléter ce portrait : seize ans, un mètre soixante, soixante dix kilos, vous donne-t-il une idée de ma personne ? Je le reconnais sans regret, je porte au moins dix kilos de trop. J’ai un anneau de saturne autour de la taille, je suis écureuil, c’est ma réserve en cas de pénurie. Tout cela c’est moi. Ah, j’oubliais quand je lève les bras, je montre la fière moustache de Salvador Dali. Je pourrais faire les foins et la raser, j’ai essayé, cela m’irrite, me pique et tout repousse, pourquoi s’acharner à désherber la nature.
La Truie est-ce une appellation méchante et salissante. Imagine-t-on qu’une fille en surpoids ne se lave pas ? L’imagine-t-on se goinfrer de pâtisseries ou s’empiffrer à chaque repas. E alors ? un mauvais rapport à l’alimentation est une maladie comme une autre. Ce n’est pas mon cas, ce que je mange suffirait à peine à un oiseau. Tout cela à cause d’une glande qui ne fait pas son boulot, il y a des fainéantes partout. Cela me fiche les glandes, enfin les boules.
Certes, je ne porte pas de string coupe crottes, autant ne rien mettre. Sauvegarder ma pudeur demande un peu plus de tissu. Les plus moqueurs comparent ma culotte à un parachute. Enfin si un rigolo souhaite relever le défi, je lui prête volontiers la plus grande que j’ai, il pourra tranquillement s’écraser. Je suis une fille gentille au caractère doux, je sais écouter les confidences et me taire, toutefois, ne vous y trompez pas, à coups de pieds, je peux cueillir les cerises des garçons grossiers. Et tout compte fait, je préfère dix kilos de trop à dix kilos de moins.
Oui, mais… mais quoi ?
Je n’ai que quelques copines et, les filles que je connais n’ont que deux préoccupations : les garçons et leur ligne. Toujours entre le suivi du régime de bananes ou celui des haricots verts. Se peser tous les matins et gâcher sa journée pour cent grammes de plus. Tâter son corps durant une heure devant la glace pour chercher où ces intrus ont bien pu se loger. Briser sa santé afin d’entrer dans les critères de beauté des pages de publicité qu’elles n’atteindront jamais. Il faut se faire à la réalité trente-six, c’est une idée de couturier pour l’esthétique et l’économie de tissu. Quatre-vingt-quinze pour cent de leurs ventes sont nettement au-dessus de cette taille. Ce n’est pas la taille moyenne des Françaises d’aujourd’hui, elle est un bon cran au-dessus, elle s’affiche entre quarante et quarante-quatre. Les maigres sont-elles sont-elles plus heureuses que moi ?
J’ai des plis, elles n’en ont pas, enfin pas encore, elles souffrent d’un mal austère, se lançant défi sur défi afin de perdre cinq cents grammes avant je ne sais quel événement. Elles pourrissent leur vie et aigrissent leur caractère sans réellement arriver à se plaire. Elles punissent leur corps qui n’a rien fait et elles ne l’aiment pas.
J’aime le mien comme il est avec tous ses replis et ses recoins, je n’ai aucune honte à le porter. Lorsque je tâte devant la glace, c’est pour m’assurer que je n’ai rien perdu de ce qui fait mon image telle que je l’aime. La grosse est honnête avec elle-même, elle aime son corps comme il est, elle ne cherche pas à faire bonne apparence aujourd’hui, avant de grossir demain à force de régimes incertains !
Liza