Le masque
Publié : 01 octobre 2016, 14:32
N'est-ce pas simple de jouer à faire semblant ?
Judith le fait tous les jours. Réveille-matin, trogne maussade. Petit-déjeuner, mine boudeuse. Douche brûlante, préparation psychologique. Endossement des vêtements, port du masque. Contact avec l'extérieur, sourire de façade. La voilà partie pour la journée, slaloment entre le sourire qu'elle se bat pour afficher et ses tumultueuses pensées qui lui taraudent l'esprit.
Tout au long de la journée, elle va lutter pour ne pas songer à cette personne qui la rend à la fois si nostalgique et reconnaissante.
Plusieurs fois par semaine, elle retourne dans une petite salle de son lycée, sans importance quelconque pour beaucoup, et s'assied sur cette chaise. La chaise où elle se trouvait quand elle l'a aperçut pour la première fois. Où, pour la première fois, ce n'était plus une légende, des papillons prenaient vie dans son propre ventre. Elle s'assied là et contemple le vide, là où elle plongeait autrefois son regard dans le sien. Elle écoute le silence quand elle buvait autrefois ses paroles, secrètement, en se cachant derrière ses longs cheveux.
Plusieurs fois par semaine, elle se poste devant cet ordinateur d'où elle peut observer les allées et venues des gens. Devant cet ordinateur où, il y a quelques mois, elle l'avait regardé avidement passer et repasser des dizaines de fois, jusqu'au moment où cette mystérieuse demoiselle avait mis fin à ces jeux de regards pour enfin trouver le courage d'adresser pour la première fois la parole à une Judith toute chamboulée.
Plusieurs fois par semaine, elle s'attable là, au self, près des grandes fenêtres surplombant la ville. À cette petite table où elle avait pris l'habitude de l'observer manger, discrètement.
Et quelques fois aussi, elle s'ose à repasser devant ce café où, par cette matinée ensoleillée du mois d'août, leurs chemins se sont séparés.
Autant d'endroits qui la rendent nostalgique, l'obligeant à porter ce masque car elle est avant tout reconnaissante. Non pas de la douleur qui découle de ce manque permanent, mais de la chance qu'elle a eu de ressentir en son ventre la naissance des papillons sortant de leur chrysalide, au moins une fois dans sa vie.
Alors Judith rentre chez elle, le regard dans le vide, retire son masque, ouvre de la bonne humeur. Et demain matin, elle se réveillera avec sa meilleure ennemie la migraine, contrainte de se vêtir de son masque, éternellement.
Après tout, c'est simple de jouer à faire semblant.
En tout cas, plus simple que de s'avouer que tout est terminé.
Judith le fait tous les jours. Réveille-matin, trogne maussade. Petit-déjeuner, mine boudeuse. Douche brûlante, préparation psychologique. Endossement des vêtements, port du masque. Contact avec l'extérieur, sourire de façade. La voilà partie pour la journée, slaloment entre le sourire qu'elle se bat pour afficher et ses tumultueuses pensées qui lui taraudent l'esprit.
Tout au long de la journée, elle va lutter pour ne pas songer à cette personne qui la rend à la fois si nostalgique et reconnaissante.
Plusieurs fois par semaine, elle retourne dans une petite salle de son lycée, sans importance quelconque pour beaucoup, et s'assied sur cette chaise. La chaise où elle se trouvait quand elle l'a aperçut pour la première fois. Où, pour la première fois, ce n'était plus une légende, des papillons prenaient vie dans son propre ventre. Elle s'assied là et contemple le vide, là où elle plongeait autrefois son regard dans le sien. Elle écoute le silence quand elle buvait autrefois ses paroles, secrètement, en se cachant derrière ses longs cheveux.
Plusieurs fois par semaine, elle se poste devant cet ordinateur d'où elle peut observer les allées et venues des gens. Devant cet ordinateur où, il y a quelques mois, elle l'avait regardé avidement passer et repasser des dizaines de fois, jusqu'au moment où cette mystérieuse demoiselle avait mis fin à ces jeux de regards pour enfin trouver le courage d'adresser pour la première fois la parole à une Judith toute chamboulée.
Plusieurs fois par semaine, elle s'attable là, au self, près des grandes fenêtres surplombant la ville. À cette petite table où elle avait pris l'habitude de l'observer manger, discrètement.
Et quelques fois aussi, elle s'ose à repasser devant ce café où, par cette matinée ensoleillée du mois d'août, leurs chemins se sont séparés.
Autant d'endroits qui la rendent nostalgique, l'obligeant à porter ce masque car elle est avant tout reconnaissante. Non pas de la douleur qui découle de ce manque permanent, mais de la chance qu'elle a eu de ressentir en son ventre la naissance des papillons sortant de leur chrysalide, au moins une fois dans sa vie.
Alors Judith rentre chez elle, le regard dans le vide, retire son masque, ouvre de la bonne humeur. Et demain matin, elle se réveillera avec sa meilleure ennemie la migraine, contrainte de se vêtir de son masque, éternellement.
Après tout, c'est simple de jouer à faire semblant.
En tout cas, plus simple que de s'avouer que tout est terminé.