Au café 06
Publié : 21 novembre 2016, 14:36
Au café 06
— Un blanc pour le syndicaliste, marmonne le patron à l’entrée d’un bonhomme. Quoi de neuf ?
— Les Amerlocs vont passer à la caisse, c’est sûr !
— Tu annonces toujours le pire pour avoir un combat syndical à mener, ou une grève à lancer.
— Donald, c’est le neveu de Picsous, faut pas l’oublier.
— Bof, Hollande est le neveu de qui ? pour piquer les sous il s’y connaît aussi, affirme l’agent des impôts.
— Tu es bien placé pour le savoir : collecteur de fonds et usurier, tu es aux premières loges.
— Les bourses sont vides comme un lendemain de nuit de noces ! avance le syndicaliste.
— Bonjour monsieur le curé, un panaché ? propose le patron au nouvel arrivant.
— Oui, elles sont vides, comme les églises, affirme le percepteur.
— Les prières ne font plus recette, ajoute le syndicaliste.
L’instituteur se met en position de prière : à genoux, les mains jointes, implorant comme un fervent chrétien.
— Mon Dieu préservez-nous des 39 heures, de la retraite à 65 ans et de la TVA à 22 %.
— Tu peux ajouter des taxes et des augmentations, sans parler de la disparition des syndicats.
— Les salaires sont déjà au ras des pâquerettes, pour 39 heures de boulot, ils deviennent une aumône.
— Fillon président ça va péter, c’est certain !
— Ça va pas recommencer, les grèves et tout le bazar. Si ça pète, il faut que ce soit dans la dignité.
— Tu veux mettre un silencieux aux syndicats ! Museler la protestation ?
— Les revendications grévistes doivent être propres… un pot catalytique alors ?
— On veut nous transformer en moutons, c’est clair !
— J’ai trouvé des moutons sous le lit, c’est un début…
— Des moutons sous le lit de ta femme ? Pas grave, s’il y a pas le berger avec...
Un pilier du bistrot ne tient plus debout et commence à perdre l’équilibre et finit par s’écrouler au pied du bar.
— Sacrée cuite ! il en prend beaucoup ? demande le curé
— Depuis que sa femme est partie, c’est la première. Elle dure depuis deux mois !
— À force de siffler des coups de calva on a les jambes en compote et on tombe dans les pommes ! énonce sentencieusement l'instituteur.
— Toutes les catastrophes sont féminines, c’est connu !
— Féminines, je comprends mal.
— Tromperie, jalousie sont au féminin. Calme et équilibre sont au masculin, tu piges maintenant ?
— Tu peux généraliser : sexe aussi est au masculin.
— Un peu de tenue, insiste le patron en montrant une table.
— Les cafés ne sont-ils pas interdits aux mineurs ? ajoute perfidement le curé.
— Les curés écoutent bien des conversations égrillardes… j’ajoute sur le ton du défi.
— À ta place, je la bouclerai. Quel âge as-tu ?
— Un peu plus de dix-sept ans.
— Je m’en doutais, ramasse tes affaires… et dehors, rigole le patron.
— Monsieur le greffier, vous êtes l’homme qu’il me faut, j'avance me faisant chatte.
— Je ne suis pas libre ! affirme celui-ci.
— Il est question de ma liberté, à moi ! je relève immédiatement. Expliquez au patron qu’il ne peut pas me jeter dehors sous prétexte que je suis mineure.
— Exact ! la demoiselle est majeure, émancipée par une ordonnance de mon juge.
— Majeure la gamine ! On aura tout vu ! Il n’y a plus d’enfants !
— Qui parle d’enfants ? s’exclame l’instituteur.
— Il n’y en a plus paraît-il, je souligne effrontément.
— Il en reste au moins trente. Ils m’ont fait une vie d’enfer aujourd’hui.
— Faut les dresser, tu ne sais pas le faire depuis le temps que t’es instit ?
— J’ai égaré ma trique. Les temps modernes sont défavorables à la jeunesse.
— Ne te plains pas, ils sont trop jeunes pour se droguer.
— Ils se droguent… de télé, de publicités, de jeux vidéo, ils sont addictés à ces niaiseries et ne font rien en classe. À part dormir, ce qu'ils ne font plus chez eux !
— Le désordre a de l’avenir, dans vingt ans… où sera le pays ?
— À la retraite ! Il y aura plus de retraités que de travailleurs.
— On a intérêt à avoir de l’argent devant soi pour ses vieux jour, je vous le dis !
— Oui, pour en avoir devant soi, il faut en mettre de côté. En ce moment, c’est difficile, je suis comme ma femme.
— Ta femme a des difficultés, je ne savais pas.
— Même sans soutif, elle a du mal à joindre les deux bouts !
— La mienne a du rab !
— Qu’en pense la gamine majeure ?
— Soyons sérieux ! avec la politique, le pays court à sa perte… enfin, c’est mon opinion et je la partage.
— Qui vivra verra ! lance philosophiquement un client.
— C’est tout vu, j’ajoute sur un ton doctoral, tu vas être lavé, rincer, essoré avant de te faire étendre. Tu verras cela ne fera pas un pli, pour les bonnes choses, tu pourras repasser !
Liza
— Un blanc pour le syndicaliste, marmonne le patron à l’entrée d’un bonhomme. Quoi de neuf ?
— Les Amerlocs vont passer à la caisse, c’est sûr !
— Tu annonces toujours le pire pour avoir un combat syndical à mener, ou une grève à lancer.
— Donald, c’est le neveu de Picsous, faut pas l’oublier.
— Bof, Hollande est le neveu de qui ? pour piquer les sous il s’y connaît aussi, affirme l’agent des impôts.
— Tu es bien placé pour le savoir : collecteur de fonds et usurier, tu es aux premières loges.
— Les bourses sont vides comme un lendemain de nuit de noces ! avance le syndicaliste.
— Bonjour monsieur le curé, un panaché ? propose le patron au nouvel arrivant.
— Oui, elles sont vides, comme les églises, affirme le percepteur.
— Les prières ne font plus recette, ajoute le syndicaliste.
L’instituteur se met en position de prière : à genoux, les mains jointes, implorant comme un fervent chrétien.
— Mon Dieu préservez-nous des 39 heures, de la retraite à 65 ans et de la TVA à 22 %.
— Tu peux ajouter des taxes et des augmentations, sans parler de la disparition des syndicats.
— Les salaires sont déjà au ras des pâquerettes, pour 39 heures de boulot, ils deviennent une aumône.
— Fillon président ça va péter, c’est certain !
— Ça va pas recommencer, les grèves et tout le bazar. Si ça pète, il faut que ce soit dans la dignité.
— Tu veux mettre un silencieux aux syndicats ! Museler la protestation ?
— Les revendications grévistes doivent être propres… un pot catalytique alors ?
— On veut nous transformer en moutons, c’est clair !
— J’ai trouvé des moutons sous le lit, c’est un début…
— Des moutons sous le lit de ta femme ? Pas grave, s’il y a pas le berger avec...
Un pilier du bistrot ne tient plus debout et commence à perdre l’équilibre et finit par s’écrouler au pied du bar.
— Sacrée cuite ! il en prend beaucoup ? demande le curé
— Depuis que sa femme est partie, c’est la première. Elle dure depuis deux mois !
— À force de siffler des coups de calva on a les jambes en compote et on tombe dans les pommes ! énonce sentencieusement l'instituteur.
— Toutes les catastrophes sont féminines, c’est connu !
— Féminines, je comprends mal.
— Tromperie, jalousie sont au féminin. Calme et équilibre sont au masculin, tu piges maintenant ?
— Tu peux généraliser : sexe aussi est au masculin.
— Un peu de tenue, insiste le patron en montrant une table.
— Les cafés ne sont-ils pas interdits aux mineurs ? ajoute perfidement le curé.
— Les curés écoutent bien des conversations égrillardes… j’ajoute sur le ton du défi.
— À ta place, je la bouclerai. Quel âge as-tu ?
— Un peu plus de dix-sept ans.
— Je m’en doutais, ramasse tes affaires… et dehors, rigole le patron.
— Monsieur le greffier, vous êtes l’homme qu’il me faut, j'avance me faisant chatte.
— Je ne suis pas libre ! affirme celui-ci.
— Il est question de ma liberté, à moi ! je relève immédiatement. Expliquez au patron qu’il ne peut pas me jeter dehors sous prétexte que je suis mineure.
— Exact ! la demoiselle est majeure, émancipée par une ordonnance de mon juge.
— Majeure la gamine ! On aura tout vu ! Il n’y a plus d’enfants !
— Qui parle d’enfants ? s’exclame l’instituteur.
— Il n’y en a plus paraît-il, je souligne effrontément.
— Il en reste au moins trente. Ils m’ont fait une vie d’enfer aujourd’hui.
— Faut les dresser, tu ne sais pas le faire depuis le temps que t’es instit ?
— J’ai égaré ma trique. Les temps modernes sont défavorables à la jeunesse.
— Ne te plains pas, ils sont trop jeunes pour se droguer.
— Ils se droguent… de télé, de publicités, de jeux vidéo, ils sont addictés à ces niaiseries et ne font rien en classe. À part dormir, ce qu'ils ne font plus chez eux !
— Le désordre a de l’avenir, dans vingt ans… où sera le pays ?
— À la retraite ! Il y aura plus de retraités que de travailleurs.
— On a intérêt à avoir de l’argent devant soi pour ses vieux jour, je vous le dis !
— Oui, pour en avoir devant soi, il faut en mettre de côté. En ce moment, c’est difficile, je suis comme ma femme.
— Ta femme a des difficultés, je ne savais pas.
— Même sans soutif, elle a du mal à joindre les deux bouts !
— La mienne a du rab !
— Qu’en pense la gamine majeure ?
— Soyons sérieux ! avec la politique, le pays court à sa perte… enfin, c’est mon opinion et je la partage.
— Qui vivra verra ! lance philosophiquement un client.
— C’est tout vu, j’ajoute sur un ton doctoral, tu vas être lavé, rincer, essoré avant de te faire étendre. Tu verras cela ne fera pas un pli, pour les bonnes choses, tu pourras repasser !
Liza