Dévissée
Publié : 02 février 2017, 18:59
Dévissée
Comme partout, le couvent dispose d’un endroit où se perdent les débris de la meilleure cuisine. Il y a de quoi s’asseoir, du papier et de la lumière. Enfin vous voyez. Un mètre carré dont nous ne pouvons éviter la fréquentation.
Dans la partie neuve, les côtés sont en mélaminé et le verrou, une lame métallique qu’il suffit de basculer à droite dans un crochet. Je vous arrête tout de suite, dans l’ancienne partie, tout est d’une propreté impeccable. C’est une grande pièce avec des lavabos d’un côté, de l’autre, quatre toilettes. Les cloisons anciennes, s’arrêtent à trente centimètres du plafond. Les portes en bois d’origine sont restées. Les serrures ont des béquilles en U, du genre hôpital avec, au-dessous, sur la même plaque, un verrou à tourner.
Ayant terminé mon trônage, j’empoigne la béquille d’une main et de l’autre je tourne le bouton pour ouvrir le verrou.
Les malheurs de Liza, épisode… 850… Rien à faire, impossible de tourner le déprisonneur, en plus la poignée est bloquée. Enfermée Liza. Finalement, une fille de passage donne l’alerte.
— La porte est encastrée dans le bâti, affirme l’ouvrier d’entretien, impossible de la dégonder sans l’ouvrir.
— Alors enfonçons la, propose un autre.
— Difficile, la serrure est lardée, pas simple.
Il y a du lard ou de l’art dans une serrure ? Finalement ces discussions m’amusent et préservent ma patience. J’ai un trône pour m’asseoir, j’en profite.
— Encore Liza, que se passe-t-il ? s’informe le directeur, venu en renfort.
— La serrure est bloquée. Nous allons ouvrir au pied-de-biche.
— Pas question ! Ces portes sont anciennes, et identiques, nous devrions remplacer les quatre.
Ça m’étonnerait, pensais-je, radin comme il est. Il est du genre à coller du carton pour boucher le trou et une cale en bois sur le carrelage en guise de verrou.
Le remue-ménage attire les élèves.
— Faut appeler l’Ablette, propose une fille.
— L’Ablette, connaît pas, précise l’ouvrier d’entretien. Elle ne fera pas mieux que moi.
— C’est un garçon, précise un autre.
— Garçon ou fille…
— Lui est grand et maigre, insiste un autre.
— Et alors ? demande le directeur.
— Il doit arriver à passer entre la porte et le plafond.
— Cela ne donnera rien, affirme le directeur.
— Ça change tout, au contraire. De l’intérieur on a accès aux fixations, en démontant les paumelles, c’est gagné, se réjouit l’entreteneur.
— Alors Liza peut le faire…
— Un peu compliqué !
Le grand est venu et après maintes acrobaties a réussi à se glisser près de moi. Me voilà avec un garçon dans les toilettes des filles. Qui peut imaginer une telle inconduite ? Liza tu abuses, il y a plus simple pour un rendez-vous !
L’Ablette a dû démonter les deux charnières, les autres ont poussé la porte de l’extérieur la gâche et le verrou faisaient de la résistance. D’après l’homme de science, la béquille était bloquée par la casse de son ressort. L’autre morceau était tombé sur le mécanisme du verrou empêchant son recul.
En confidence, l’autre ne perdait pas son temps. Vous ne connaissez pas l’outrageante proposition du dévisseur ! Pendant sa mission de secours, l’Ablette m’a demandé quelle serait sa récompense pour ce travail de sauvetage. Pas gonflés les jeunes maigres ! C’est vrai, je pouvais céder à sa proposition. Toutefois, je me demandais quelles étaient ses intentions.
Elle était sur le décours, vieille et usée, je ne comptais pas la remettre. L’aurait-il montré à tout le couvent en l'enjolivant d'un tas d’histoires ?
Liza
Comme partout, le couvent dispose d’un endroit où se perdent les débris de la meilleure cuisine. Il y a de quoi s’asseoir, du papier et de la lumière. Enfin vous voyez. Un mètre carré dont nous ne pouvons éviter la fréquentation.
Dans la partie neuve, les côtés sont en mélaminé et le verrou, une lame métallique qu’il suffit de basculer à droite dans un crochet. Je vous arrête tout de suite, dans l’ancienne partie, tout est d’une propreté impeccable. C’est une grande pièce avec des lavabos d’un côté, de l’autre, quatre toilettes. Les cloisons anciennes, s’arrêtent à trente centimètres du plafond. Les portes en bois d’origine sont restées. Les serrures ont des béquilles en U, du genre hôpital avec, au-dessous, sur la même plaque, un verrou à tourner.
Ayant terminé mon trônage, j’empoigne la béquille d’une main et de l’autre je tourne le bouton pour ouvrir le verrou.
Les malheurs de Liza, épisode… 850… Rien à faire, impossible de tourner le déprisonneur, en plus la poignée est bloquée. Enfermée Liza. Finalement, une fille de passage donne l’alerte.
— La porte est encastrée dans le bâti, affirme l’ouvrier d’entretien, impossible de la dégonder sans l’ouvrir.
— Alors enfonçons la, propose un autre.
— Difficile, la serrure est lardée, pas simple.
Il y a du lard ou de l’art dans une serrure ? Finalement ces discussions m’amusent et préservent ma patience. J’ai un trône pour m’asseoir, j’en profite.
— Encore Liza, que se passe-t-il ? s’informe le directeur, venu en renfort.
— La serrure est bloquée. Nous allons ouvrir au pied-de-biche.
— Pas question ! Ces portes sont anciennes, et identiques, nous devrions remplacer les quatre.
Ça m’étonnerait, pensais-je, radin comme il est. Il est du genre à coller du carton pour boucher le trou et une cale en bois sur le carrelage en guise de verrou.
Le remue-ménage attire les élèves.
— Faut appeler l’Ablette, propose une fille.
— L’Ablette, connaît pas, précise l’ouvrier d’entretien. Elle ne fera pas mieux que moi.
— C’est un garçon, précise un autre.
— Garçon ou fille…
— Lui est grand et maigre, insiste un autre.
— Et alors ? demande le directeur.
— Il doit arriver à passer entre la porte et le plafond.
— Cela ne donnera rien, affirme le directeur.
— Ça change tout, au contraire. De l’intérieur on a accès aux fixations, en démontant les paumelles, c’est gagné, se réjouit l’entreteneur.
— Alors Liza peut le faire…
— Un peu compliqué !
Le grand est venu et après maintes acrobaties a réussi à se glisser près de moi. Me voilà avec un garçon dans les toilettes des filles. Qui peut imaginer une telle inconduite ? Liza tu abuses, il y a plus simple pour un rendez-vous !
L’Ablette a dû démonter les deux charnières, les autres ont poussé la porte de l’extérieur la gâche et le verrou faisaient de la résistance. D’après l’homme de science, la béquille était bloquée par la casse de son ressort. L’autre morceau était tombé sur le mécanisme du verrou empêchant son recul.
En confidence, l’autre ne perdait pas son temps. Vous ne connaissez pas l’outrageante proposition du dévisseur ! Pendant sa mission de secours, l’Ablette m’a demandé quelle serait sa récompense pour ce travail de sauvetage. Pas gonflés les jeunes maigres ! C’est vrai, je pouvais céder à sa proposition. Toutefois, je me demandais quelles étaient ses intentions.
Elle était sur le décours, vieille et usée, je ne comptais pas la remettre. L’aurait-il montré à tout le couvent en l'enjolivant d'un tas d’histoires ?
Liza