Blanc
Publié : 06 février 2017, 17:22
Blanc
L’autre jour, entre filles, nous sommes allées dans un café-brasserie. Une fois Installée, mes deux copines m’ont décrit la bande de quatre flagorneur qui squattent plusieurs tables à côté. Ils doivent fréquenter une « terminale ».
— T’as vu les beaux petits lots, on les invite ? propose l’un des jeunes.
— Rêve pas, elles sont déjà prises, suppose un autre.
— Dans ce cas où sont leurs mecs ?
— Ils font ce qu’on devrait faire… ils révisent.
Facile à déduire, ces jeunes sont des clandestins, non révisionnistes du bac blanc, planqués dans la terre d’asile du café des Remparts.
— Pourquoi Mat n’est pas venu, tu le sais ? questionne le grand maigre.
— Eh, Grand, devine. C’est quoi qui peut empêcher un mec de sortir avec ses copains.
— Ses parents ?
— Tes parents t’ont autorisé à venir au bistrot glander et mater les nanas avec nous ? se moque un autre.
— Ben non ! Tu rigoles, mon père avalerait sa pipe et ma mère serait capable de couper mon Wi-fi.
Tout le monde rit, la sévérité des parents du Grand est légendaire. Le ton devient plus macho.
— Tel que je connais Matt, il s’est trouvé une fille, il préfère sa compagnie à la tienne.
— T’as pas de meuf, tu ne peux pas comprendre.
— Je suis prêt à prendre celle aux yeux bleus avec la grosse tignasse. Elle a le regard rêveur, elle s’imagine déjà dans mes bras, c’est certain !
— Eh les filles, on ne révise pas le bac blanc ? interpelle un futur blanc bachelier manqué !
— Moi ? Pas besoin, dis-je à la cantonade.
— Non mais, je rêve, t’écoute la prétentieuse qui pense tout connaître.
— Non, je l’ai déjà réussi.
— L’année dernière alors… et le bac… le vrai ?
— Je l’ai aussi.
— Une intello ! Normalement ce genre de fille ça porte des grosses lunettes, tu fais la coquette ou quoi ? s’amuse le chevelu.
— Je n’en ai pas besoin. Ma culture n’entre pas au travers de verres grossissants.
— Elle entre par où, alors ? rigole le maigre.
— Devine, je propose sans penser à mal.
Un silence suit ma sortie, mes copines, connaissant mes batailles pour le féminisme, s’amusent beaucoup. Elles ne se mêlent pas à la conversation.
— Moi, je la prends, sans pare-brise ! Avec toi elle serait malheureuse. Et toi l’intello tu choisirais qui ?
— Le plus intelligent me convient, s’il est moche, je m’en fiche !
— Écoute ça, elle se fiche de moi ! ronchonne Erwan. Je vais me fâcher, je suis breton, j’ai de l’honneur.
— Cela ne se voit pas ! Avec le foin qui sort de la charrette, enfin d’une casquette qui ressemble à une galette baveuse fourrée à la confiture de carottes, il se croit où le BZH ? Au marché au cadran ? Il choisit, il estime. Manquerait plus que l’envie lui prenne de tâter la marchandise, je lance furieuse.
— Elle me plaît cette petite, affirme le troisième, jusqu’à présent silencieux, elle a du fun. C’est avec moi que tu serais le mieux, chouchoutée et tout. Je ne suis pas breton, je suis parisien d’origine et très doux.
— Je n’aime pas les Parisiens, la capitale les rend impatients prétentieux et bagarreurs, j’élimine les capitalistes !
— Il ne reste plus que moi ! affirme le quatrième tout sourire, je suis Manchois.
— Le Manche et l’Intello, un beau nom pour un duo de bignou et d’accordéon ! Il est trop moche. Regarde-le, il est humide comme le crachin, il sent la marée… basse évidemment ! Sa touffe est coiffée par le vent est en pétard. Vise un peu ma dégaine ! c’est le luxe à côté de la sienne, une Ferrari à côté d'une guimbarde, non ? Alors ça marche entre nous ?
— La bière flatte la vanité, tu crânes en bourg en te prenant pour un tombeur de village, c'est certain, tu vas tomber ! Le Grand tu rêves à une étoile, tu te goures, nous ne sommes pas en Artois, j'ajoute en riant.
— Eh, l’intello, mollo ! Va te relooker la façade, regarde ta tronche dans la glace et baisse d’un ton en revenant, se fâche le Grand.
— Quand tu auras shuper ton verre de carter beau, ta carrosserie sera toujours aussi moche, je te le garanti, la couleur de la peinture n’y changera rien ! je lance au Grand
Le patron s’approche en rigolant et conseille aux jeunes d’aller réviser.
— Bonne idée ! votre langage traîne sous la ceinture, remontez vos idées pour garder la tête haute. Et il y a du boulot pour dompter votre ego, faut une grue ! dis-je sur un ton ironique.
Les jeunes se lèvent pour sortir, le Grand résiste, puis vexé, il suivit le mouvement.
— On s’en va, annonce le Breton en se levant. Avant tu peux nous dire qui tu choisirais d’entre nous, juste pour savoir.
— Approchons-nous pour lui donner des regrets, propose le Grand. Regarde ce que tu perds ma jolie, quatre chouettes petits copains parfaits pour une intello sans lunette. Admire !
— Les filles, allons finir notre virée, je vois tout en noir avec ce genre de mecs, dis-je en dépliant ostensiblement ma canne d’aveugle sous leur nez, comme un défi.
Liza
L’autre jour, entre filles, nous sommes allées dans un café-brasserie. Une fois Installée, mes deux copines m’ont décrit la bande de quatre flagorneur qui squattent plusieurs tables à côté. Ils doivent fréquenter une « terminale ».
— T’as vu les beaux petits lots, on les invite ? propose l’un des jeunes.
— Rêve pas, elles sont déjà prises, suppose un autre.
— Dans ce cas où sont leurs mecs ?
— Ils font ce qu’on devrait faire… ils révisent.
Facile à déduire, ces jeunes sont des clandestins, non révisionnistes du bac blanc, planqués dans la terre d’asile du café des Remparts.
— Pourquoi Mat n’est pas venu, tu le sais ? questionne le grand maigre.
— Eh, Grand, devine. C’est quoi qui peut empêcher un mec de sortir avec ses copains.
— Ses parents ?
— Tes parents t’ont autorisé à venir au bistrot glander et mater les nanas avec nous ? se moque un autre.
— Ben non ! Tu rigoles, mon père avalerait sa pipe et ma mère serait capable de couper mon Wi-fi.
Tout le monde rit, la sévérité des parents du Grand est légendaire. Le ton devient plus macho.
— Tel que je connais Matt, il s’est trouvé une fille, il préfère sa compagnie à la tienne.
— T’as pas de meuf, tu ne peux pas comprendre.
— Je suis prêt à prendre celle aux yeux bleus avec la grosse tignasse. Elle a le regard rêveur, elle s’imagine déjà dans mes bras, c’est certain !
— Eh les filles, on ne révise pas le bac blanc ? interpelle un futur blanc bachelier manqué !
— Moi ? Pas besoin, dis-je à la cantonade.
— Non mais, je rêve, t’écoute la prétentieuse qui pense tout connaître.
— Non, je l’ai déjà réussi.
— L’année dernière alors… et le bac… le vrai ?
— Je l’ai aussi.
— Une intello ! Normalement ce genre de fille ça porte des grosses lunettes, tu fais la coquette ou quoi ? s’amuse le chevelu.
— Je n’en ai pas besoin. Ma culture n’entre pas au travers de verres grossissants.
— Elle entre par où, alors ? rigole le maigre.
— Devine, je propose sans penser à mal.
Un silence suit ma sortie, mes copines, connaissant mes batailles pour le féminisme, s’amusent beaucoup. Elles ne se mêlent pas à la conversation.
— Moi, je la prends, sans pare-brise ! Avec toi elle serait malheureuse. Et toi l’intello tu choisirais qui ?
— Le plus intelligent me convient, s’il est moche, je m’en fiche !
— Écoute ça, elle se fiche de moi ! ronchonne Erwan. Je vais me fâcher, je suis breton, j’ai de l’honneur.
— Cela ne se voit pas ! Avec le foin qui sort de la charrette, enfin d’une casquette qui ressemble à une galette baveuse fourrée à la confiture de carottes, il se croit où le BZH ? Au marché au cadran ? Il choisit, il estime. Manquerait plus que l’envie lui prenne de tâter la marchandise, je lance furieuse.
— Elle me plaît cette petite, affirme le troisième, jusqu’à présent silencieux, elle a du fun. C’est avec moi que tu serais le mieux, chouchoutée et tout. Je ne suis pas breton, je suis parisien d’origine et très doux.
— Je n’aime pas les Parisiens, la capitale les rend impatients prétentieux et bagarreurs, j’élimine les capitalistes !
— Il ne reste plus que moi ! affirme le quatrième tout sourire, je suis Manchois.
— Le Manche et l’Intello, un beau nom pour un duo de bignou et d’accordéon ! Il est trop moche. Regarde-le, il est humide comme le crachin, il sent la marée… basse évidemment ! Sa touffe est coiffée par le vent est en pétard. Vise un peu ma dégaine ! c’est le luxe à côté de la sienne, une Ferrari à côté d'une guimbarde, non ? Alors ça marche entre nous ?
— La bière flatte la vanité, tu crânes en bourg en te prenant pour un tombeur de village, c'est certain, tu vas tomber ! Le Grand tu rêves à une étoile, tu te goures, nous ne sommes pas en Artois, j'ajoute en riant.
— Eh, l’intello, mollo ! Va te relooker la façade, regarde ta tronche dans la glace et baisse d’un ton en revenant, se fâche le Grand.
— Quand tu auras shuper ton verre de carter beau, ta carrosserie sera toujours aussi moche, je te le garanti, la couleur de la peinture n’y changera rien ! je lance au Grand
Le patron s’approche en rigolant et conseille aux jeunes d’aller réviser.
— Bonne idée ! votre langage traîne sous la ceinture, remontez vos idées pour garder la tête haute. Et il y a du boulot pour dompter votre ego, faut une grue ! dis-je sur un ton ironique.
Les jeunes se lèvent pour sortir, le Grand résiste, puis vexé, il suivit le mouvement.
— On s’en va, annonce le Breton en se levant. Avant tu peux nous dire qui tu choisirais d’entre nous, juste pour savoir.
— Approchons-nous pour lui donner des regrets, propose le Grand. Regarde ce que tu perds ma jolie, quatre chouettes petits copains parfaits pour une intello sans lunette. Admire !
— Les filles, allons finir notre virée, je vois tout en noir avec ce genre de mecs, dis-je en dépliant ostensiblement ma canne d’aveugle sous leur nez, comme un défi.
Liza