Cœur à cœur
Publié : 17 mars 2017, 18:09
Cœur à cœur
Le premier soleil du printemps inonde la véranda, au travers des carreaux transparents. Le thermomètre affiche trente-cinq degrés. Elle est allongée, en maillot de bain, sur son vieux lit devenu trop petit. Elle aime étendre son corps Lucie, offrir sa peau aux rayons, la sentir s’étrécir, s’alanguir. Sa chair, glisse lentement, vers un bien-être avancé, volé sur l’arrivée du printemps gagné. Bronzer ? Pensez-vous ! On ne bronze pas dans une véranda. Lucie s’offre une autre quête. Sa tête d’évaporée vit des moments exaltés. Elle aime s’étendre, entre les deux polochons servant d’accoudoirs. L’odeur de crin qui monte du matelas, c’est toute son enfance, tous ses souvenirs. Le support magique de ses rêves, devenu trop court, il est remisé là, en secours, parce qu’elle ne se résigne pas à se séparer de ses nuits d’enfance enchantée. Jamais l’esthétique moderne ou le confort de sa nouvelle couche ne lui apportera ce parfum de souvenir dans sa bouche.
Lucie pense à Léo, un garçon, habillé de façon recherchée, doit savoir, les filles déshabiller, pièce par pièce, avec une douceur, une tendresse inégalée. Un galant plein d’attentions, glissant doucement les mains dans mon cou, il enquête. Cette agréable investigation, d’un froissement léger, emporte ma liquette. Envolée de corps sage, où de doucereuses lèvres cherchent le délicat de ma peau et y trouvent l’intime de mon âme. Des chuchotements qui font s’exprimer mon corps. Brûlant ma peau, je veux des doigts fougueux, je veux trembler d’émoi. Être polie comme un joyau sous les mains de l’orfèvre. Des moments heureux, bien à moi.
Un doigt timide, dans mon dos, dessine un paysage à fleur de peau, comme un tatouage. La bouche frôle mon ventre, y exprimant les mots qu’il souhaite, sans attendre de réponse évidente. La chaleur inonde mon corps, je bous de cette moiteur intense que procure une joie immense. Corps à corps, je fonds dans des bras m’emportant, cœur à cœur, dans le feu extraordinaire d’un incendie volontaire.
Une jupe enroulée à la taille est fendue, c’est une ouverture pour ses mains fragiles. Mes jambes s’étirent sous les sollicitations malhabiles. Plus rien n'existe, plus aucun espace ne nous sépare. Effarouchée par tant de contradictoires pensées, j’aime cette plénitude, rompant net avec la réserve de mes habitudes. Le sentiment de garder cette chaleur pour un long temps, me remplit d’un besoin de certitude. Enrobée de murmures et de mots charmants, la jupe en portefeuille du genre cache secret, a cédé, glissant avec une douce légèreté, comme en automne, la chute aérienne, hésitante d’une feuille.
J’ai pris conscience de la situation, je suis serrée dans les bras doucereux d’un garçon. En bobettes, ce rempart est des plus sérieux. Un bastion de protection, bien illusoire, contre les tendres attaques montant à l’assaut des sentiments. Sur le lit, allongée dans les toiles, ma pudeur protégée, je n’attends que toi. Serrée contre une accueillante épaule, alanguie, j’oublie mes angoisses, prête à sortir de l’enfance. J’ai poussé le premier cri d’éveil de ma vie.
Entre les draps froissés, tire-bouchonnés par nos ébats maladroits, j’avoue, j’ai attendu trop longtemps avant de prendre le chemin des doigts câlins. J’arrache, sans un mot, le lien ténu qui me rattache à la pudeur indécente de l’adolescente. Je brave le feu de ma chair et le feu de l’enfer. Apaisée, assouvie, lovée je reste là, épuisée, assoiffée, pleine d’espérance, le cœur heureux d’un avenir somptueux.
— Lucie, habille-toi, je te ramène chez toi.
Je m’exécute, surprise de cette brutale demande rompant le charme d’un instant que je pensais interminable, prise d’un doute, dans la voiture, je questionne Léo :
— Tu reviendras demain, comme convenu ?
— Demain, je ne peux pas je regarde le match de foot avec Mat et ses trois copines. Je te redirai quand !
Je retombe sur terre en un instant, je mesure la dualité des garçons. Oubliant toute prudence, telle une furie je me jette sur le conducteur comme une harpie. Brutalement, c’est le trou noir, une chute, un accident. Je me démène, je rampe, horrifiée, cherchant à me repérer. La voiture doit être écrasée, je peux à peine bouger. On va venir nous aider. Un silence total règne autour de nous. Avec la scoumoune qui me colle aux basques, c’est certain, il n’y a pas un seul voisin ! Nous sommes sur une route de campagne déserte. Je cherche Léo, je tâte, je l’appelle. Je m’affole, j’ai peut-être tué Léo. Je crie de toutes mes forces afin de donner l’alerte.
— Au secours… au secours…
J’entends du bruit.Une main soulève les Airbags éclatés qui obstruent la lumière. Nous sommes sauvés !
— Lucie, inutile de hurler, que fais-tu sous ton vieux lit ? Si tu as trop chaud, entre à l’ombre dans la maison !
Liza
Le premier soleil du printemps inonde la véranda, au travers des carreaux transparents. Le thermomètre affiche trente-cinq degrés. Elle est allongée, en maillot de bain, sur son vieux lit devenu trop petit. Elle aime étendre son corps Lucie, offrir sa peau aux rayons, la sentir s’étrécir, s’alanguir. Sa chair, glisse lentement, vers un bien-être avancé, volé sur l’arrivée du printemps gagné. Bronzer ? Pensez-vous ! On ne bronze pas dans une véranda. Lucie s’offre une autre quête. Sa tête d’évaporée vit des moments exaltés. Elle aime s’étendre, entre les deux polochons servant d’accoudoirs. L’odeur de crin qui monte du matelas, c’est toute son enfance, tous ses souvenirs. Le support magique de ses rêves, devenu trop court, il est remisé là, en secours, parce qu’elle ne se résigne pas à se séparer de ses nuits d’enfance enchantée. Jamais l’esthétique moderne ou le confort de sa nouvelle couche ne lui apportera ce parfum de souvenir dans sa bouche.
Lucie pense à Léo, un garçon, habillé de façon recherchée, doit savoir, les filles déshabiller, pièce par pièce, avec une douceur, une tendresse inégalée. Un galant plein d’attentions, glissant doucement les mains dans mon cou, il enquête. Cette agréable investigation, d’un froissement léger, emporte ma liquette. Envolée de corps sage, où de doucereuses lèvres cherchent le délicat de ma peau et y trouvent l’intime de mon âme. Des chuchotements qui font s’exprimer mon corps. Brûlant ma peau, je veux des doigts fougueux, je veux trembler d’émoi. Être polie comme un joyau sous les mains de l’orfèvre. Des moments heureux, bien à moi.
Un doigt timide, dans mon dos, dessine un paysage à fleur de peau, comme un tatouage. La bouche frôle mon ventre, y exprimant les mots qu’il souhaite, sans attendre de réponse évidente. La chaleur inonde mon corps, je bous de cette moiteur intense que procure une joie immense. Corps à corps, je fonds dans des bras m’emportant, cœur à cœur, dans le feu extraordinaire d’un incendie volontaire.
Une jupe enroulée à la taille est fendue, c’est une ouverture pour ses mains fragiles. Mes jambes s’étirent sous les sollicitations malhabiles. Plus rien n'existe, plus aucun espace ne nous sépare. Effarouchée par tant de contradictoires pensées, j’aime cette plénitude, rompant net avec la réserve de mes habitudes. Le sentiment de garder cette chaleur pour un long temps, me remplit d’un besoin de certitude. Enrobée de murmures et de mots charmants, la jupe en portefeuille du genre cache secret, a cédé, glissant avec une douce légèreté, comme en automne, la chute aérienne, hésitante d’une feuille.
J’ai pris conscience de la situation, je suis serrée dans les bras doucereux d’un garçon. En bobettes, ce rempart est des plus sérieux. Un bastion de protection, bien illusoire, contre les tendres attaques montant à l’assaut des sentiments. Sur le lit, allongée dans les toiles, ma pudeur protégée, je n’attends que toi. Serrée contre une accueillante épaule, alanguie, j’oublie mes angoisses, prête à sortir de l’enfance. J’ai poussé le premier cri d’éveil de ma vie.
Entre les draps froissés, tire-bouchonnés par nos ébats maladroits, j’avoue, j’ai attendu trop longtemps avant de prendre le chemin des doigts câlins. J’arrache, sans un mot, le lien ténu qui me rattache à la pudeur indécente de l’adolescente. Je brave le feu de ma chair et le feu de l’enfer. Apaisée, assouvie, lovée je reste là, épuisée, assoiffée, pleine d’espérance, le cœur heureux d’un avenir somptueux.
— Lucie, habille-toi, je te ramène chez toi.
Je m’exécute, surprise de cette brutale demande rompant le charme d’un instant que je pensais interminable, prise d’un doute, dans la voiture, je questionne Léo :
— Tu reviendras demain, comme convenu ?
— Demain, je ne peux pas je regarde le match de foot avec Mat et ses trois copines. Je te redirai quand !
Je retombe sur terre en un instant, je mesure la dualité des garçons. Oubliant toute prudence, telle une furie je me jette sur le conducteur comme une harpie. Brutalement, c’est le trou noir, une chute, un accident. Je me démène, je rampe, horrifiée, cherchant à me repérer. La voiture doit être écrasée, je peux à peine bouger. On va venir nous aider. Un silence total règne autour de nous. Avec la scoumoune qui me colle aux basques, c’est certain, il n’y a pas un seul voisin ! Nous sommes sur une route de campagne déserte. Je cherche Léo, je tâte, je l’appelle. Je m’affole, j’ai peut-être tué Léo. Je crie de toutes mes forces afin de donner l’alerte.
— Au secours… au secours…
J’entends du bruit.Une main soulève les Airbags éclatés qui obstruent la lumière. Nous sommes sauvés !
— Lucie, inutile de hurler, que fais-tu sous ton vieux lit ? Si tu as trop chaud, entre à l’ombre dans la maison !
Liza