Le Spleen de Paris

Les blés se sont couchés
Sous les lames d'acier,
Les grains ont ruisselé
Dans des silos ferrés,
Et la paille broyée
Offre à l'immensité
Le spectacle doré
De sa blondeur fanée.

Voyez au fil des champs
Des vallons et des prés,
Les pailles s'étagées
En féodales meules,
Etendre dans le vent
Leurs sinistres murailles
Avant qu'elles s'en aillent
Dans des litières veules.

Partout au long des plaines
Ronflant à perdre haleine,
Les moteurs ravageurs
Egosillent la peur;
Mais l'homme qui demeure
Maître de son labeur
D'une main assurée
Tiens les monstres domptés.

Alors pleure la terre
De ses sillons amers,
Triste de sa misère
Ses malheureux travers;
La blessure des jours
Des douloureux labours,
Aspirent au retour
Du soleil des beaux jours.

06 08 2017