BB
Publié : 28 avril 2018, 20:45
BB
La maîtresse demande à un élève de raconter un bon souvenir. Le cador de la classe se gargarise de la nuit qu’il a passée à veiller dans le gabion de chasse de son père. Lorsque l’instit arrive à lui couper la parole, elle survole la classe du regard.
— Au hasard ! BB, à toi !
Au hasard ! t’y crois-toi ? BB, c’est moi. Je l’avoue sans honte, je ne suis pas très grande. Le premier petit nom que m’ont trouvé les relous de l’école, c’était Bébé. Ils ont changé, plus tard, en apprenant mon nom complet. Je m’appelle Bérangère Barbeaut. Imagine ! cela a donné des ailes aux idées des abrutis de la, soi-disant, élite de la classe, plus portée à la moquerie qu’à faire ses devoirs.
— BB, tu rêves ou tu cherches ? tu as bien un souvenir à nous raconter ?
— J’ai dormi dans un sous-marin nucléaire, j’annonce fièrement, l’air narquois, en fixant le dormeur qui fait la guerre aux oiseaux des marais, bien planqué dans son affut.
— BB, un peu de sérieux s’il te plaît, insiste la maîtresse.
Après un silence de surprise la classe s'est agitée, elle a du mal à rétablir le silence.
— Tu as intérêt à t'expliquer !
— C’était il y a deux ans, j’en avais marre de traîner dans cette boîte à sardines où on crève de chaud. Monter, descendre des escaliers, marcher dans des couloirs où il est interdit de courir et difficile de se croiser, j’en avais plein les bottes. J’ai trouvé une sorte de niche, je suis grimpée dedans pour voir comment c’était. Je m’y suis endormie.
— Et c’était dans un sous-marin ? se moque le relou. Tu te fous de nous !
— J’ai même provoqué un branle-bas de combat. Une petite de neuf ans avait disparu, tu vois le désordre ? La gendarmerie maritime est montée à bord pour fouiller le bâtiment. Ils ont fait venir un chien…
— Il t’a trouvé tout de suite, les rousses, ça pue, s’exclame un élève.
— S’il vous plaît, un peu de respect, se fâche la maîtresse. Continue Bérangère.
— Le chien n’a rien trouvé, trop d’odeurs mélangées dans cet espace réduit.
— Qui t’a découverte ? s’impatiente la maîtresse.
— Personne ! C’est la trouille qui m’a réveillée quand j’ai entendu un klaxon de bateau à la voix rouillée « euuuh-euuuh ». En même temps, les haut-parleurs hurlaient « plongée immédiate, plongée immédiate ». J’ai sauté de la couchette et j’ai couru vers la sortie, en suivant les flèches. Je voyais le jour par le trou du chapeau lorsque les policiers m’ont attrapée.
— C’est pas des policiers, sur un bateau c’est des marins ! proteste un gamin.
— T’as pas eu le mal de mer, se moque un autre.
— Il n’y a pas de marins et personne n’a le mal de mer dans ce sous-marin.
— Ah, c’est parce que sous l’eau il n’y a pas de vagues, suppose la maîtresse.
— Il n'est plus Redoutable pour personne, il est en cale sèche au musée de la mer.
Liza
La maîtresse demande à un élève de raconter un bon souvenir. Le cador de la classe se gargarise de la nuit qu’il a passée à veiller dans le gabion de chasse de son père. Lorsque l’instit arrive à lui couper la parole, elle survole la classe du regard.
— Au hasard ! BB, à toi !
Au hasard ! t’y crois-toi ? BB, c’est moi. Je l’avoue sans honte, je ne suis pas très grande. Le premier petit nom que m’ont trouvé les relous de l’école, c’était Bébé. Ils ont changé, plus tard, en apprenant mon nom complet. Je m’appelle Bérangère Barbeaut. Imagine ! cela a donné des ailes aux idées des abrutis de la, soi-disant, élite de la classe, plus portée à la moquerie qu’à faire ses devoirs.
— BB, tu rêves ou tu cherches ? tu as bien un souvenir à nous raconter ?
— J’ai dormi dans un sous-marin nucléaire, j’annonce fièrement, l’air narquois, en fixant le dormeur qui fait la guerre aux oiseaux des marais, bien planqué dans son affut.
— BB, un peu de sérieux s’il te plaît, insiste la maîtresse.
Après un silence de surprise la classe s'est agitée, elle a du mal à rétablir le silence.
— Tu as intérêt à t'expliquer !
— C’était il y a deux ans, j’en avais marre de traîner dans cette boîte à sardines où on crève de chaud. Monter, descendre des escaliers, marcher dans des couloirs où il est interdit de courir et difficile de se croiser, j’en avais plein les bottes. J’ai trouvé une sorte de niche, je suis grimpée dedans pour voir comment c’était. Je m’y suis endormie.
— Et c’était dans un sous-marin ? se moque le relou. Tu te fous de nous !
— J’ai même provoqué un branle-bas de combat. Une petite de neuf ans avait disparu, tu vois le désordre ? La gendarmerie maritime est montée à bord pour fouiller le bâtiment. Ils ont fait venir un chien…
— Il t’a trouvé tout de suite, les rousses, ça pue, s’exclame un élève.
— S’il vous plaît, un peu de respect, se fâche la maîtresse. Continue Bérangère.
— Le chien n’a rien trouvé, trop d’odeurs mélangées dans cet espace réduit.
— Qui t’a découverte ? s’impatiente la maîtresse.
— Personne ! C’est la trouille qui m’a réveillée quand j’ai entendu un klaxon de bateau à la voix rouillée « euuuh-euuuh ». En même temps, les haut-parleurs hurlaient « plongée immédiate, plongée immédiate ». J’ai sauté de la couchette et j’ai couru vers la sortie, en suivant les flèches. Je voyais le jour par le trou du chapeau lorsque les policiers m’ont attrapée.
— C’est pas des policiers, sur un bateau c’est des marins ! proteste un gamin.
— T’as pas eu le mal de mer, se moque un autre.
— Il n’y a pas de marins et personne n’a le mal de mer dans ce sous-marin.
— Ah, c’est parce que sous l’eau il n’y a pas de vagues, suppose la maîtresse.
— Il n'est plus Redoutable pour personne, il est en cale sèche au musée de la mer.
Liza