Et le contexte Mademoiselle Liza, que faites-vous du contexte ? La compréhension d'un texte fait appel à l'intelligence humaine dans sa totalité. Je pourrais écrire mes poèmes en javanais ou en langage sms, tu les comprendrais quand même. Un ordinateur possédant toutes les règles du français aurait plus de mal. Même si la différence diminue de plus en plus (exemple du jeu de go au JT). Verra-t-on une intelligence artificielle comprendre / sentir Proust de notre vivant ? Peut-être Liza ?
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
" Les autres filles m'avaient résolument évincée. J'étais trop différente et ne partageais aucun de leurs intérêts, jeux ou lubies et un mur gigantesque nous séparait et séparerait toujours.
La grosse Charline notamment était l'une de celles-ci. Cette jeune fille en surpoids et à la moustache brune que je fantasmais de voir épilée, me détestait. J'avais bien vu qu'elle parlait dans mon dos, me narguait du regard quand je la croisais, hurlait de rire quand je l'avais dépassée et c'était à ce moment que j'entendais à peu près ceci. :
- V'là la Marquise ! La Marquise de l'Apodose ! Où qu'il est le Marquis de Protase ? !... et ses sacarmes tourbillonnaient dans l'air comme des petites mouches malpropres jusqu'à ce que je fusse assez éloignée pour ne plus les entendre.
Bien entendu, ces moqueries n'étaient clairement obstensibles que lorsqu'elle était entourée de la bande des filles. Seule, je la soupçonnais de n'en avoir aucunement le courage.
Sur le parcours, un jour d'endurance j'arrivais auprès de Charline en plein malaise. C'est vrai : elle était très rouge et se tenait le flanc avec une grimace de douleur en soufflant bruyamment. « C'est juste un point de côté » lui dis-je m'arrêtant charitablement à sa hauteur.
- Non, répondit-elle et elle articula péniblement, c'est parce que j'ai un souffle au cœur.
L'occasion était trop belle pour ne pas la saisir. En effet, la Charline était seule et à bout de force. J'en profitai donc pour lui répondre :
- Mais non ! C'est parce que tu manges trop ! T'as trop de graisse, ça t'empêche de courir, t'es toute bouffie !
C'était une bel assaut estimai-je, incapable de percevoir à quel point l'acte était lâche en pareilles circonstances...
Cette jeune fille rougeaude, joufflue, ventrue et fessue éclata immédiatement en sanglots. Le professeur arriva sur ces entrefaites et forcée d'avouer ce que je trouvais être, quand même, une simple vérité, je fus convoquée sur l'heure dans le bureau de la directrice.
Le verdict fut rendu après le sermon officiel : trois heures de retenue dans la salle de prière le samedi matin suivant; une lettre d'excuses publiques à l'adresse de Charline à lire en classe; l'obligation de venir écrire la prière du matin sur le tableau de la classe avant que le professeur ne fasse entrer les élèves pendant 4 jours consécutifs (ce petit collège avait instauré une prière commune dans chaque classe avant de débuter les cours).
Au vu des arguments que la directrice m'exposa sur le code d'honneur et le code moral à respecter dans un collège de province catholique de surcroît, je finis par trouver la punition assez juste et l'acceptai sans broncher...
C'est surtout que je trouvai la sanction honorable. En effet, ceci m'aiderait résolument et sans aucun doute , à asseoir ma notoriété. C'était donc un bon point de gagné..."