
Quand le coeur est trop sec, il faut partir. Toujours.
Et puiser en silence à la rive d’un fleuve
Des larmes à pleurer pour le restant des jours.
Que l’eau boueuse est pure à l’âme qui s’abreuve !
Mon Gange coule ici, dans les pages des livres,
Chargé des noms volés aux héros des romans
Que l’enfant que j’étais dévorait pour survivre
Que l’homme que je suis goûte plus lentement.
Sombre et majestueux, aux dernières lueurs,
Il exhale parfois les effluves amers
Qu’on hume aux fleurs du mal, et qui sentent la sueur
Des libres matelots qui chérissent la mer.
Nous pourrions, cette nuit, nous y baigner ensemble
Et tenter de capter, dans le creux de nos mains,
Le fragile élixir des phrases qui s’assemblent
Pour dire les secrets d’un tendre lendemain.
Puis, couché près de toi sur les berges humides,
J’y verserais les eaux d’un tout nouveau poème
Pour que le fleuve saint porte vers d’autres rives
Le bonheur d’une femme et de l’homme qu’elle aime.