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L’eau : le miroir bleuté de la vie. L’humeur mouillée du matin. Un verre de fluide transparent et insipide. La liqueur des purs. La matière humide qui s’amuse à faire bouillonner les êtres vivants. Le saphir de l’univers.
L’herbe : la tige émeraude qui s’étend sur des champs sombres et plats, frontières entre le ciel et le noyau de la terre, farine du gâteau terrestre (l’humus).
Être humain, caucasien, yeux bleus, cheveux châtains, mâle : l’homme au regard soucieux et bleuté me fixait avec insistance. Il était plutôt beau, un visage bien fait aux angles dessinés et des cheveux mi-longs, avec des reflets perdus entre le blond doré de l’enfance et la sombre tignasse du bad boy. Sa peau était pâle, elle lui donnait des allures de dieux nordiques.
Sexe : faire l’amour. Coucher. Passer une nuit folle et sensuelle en sa compagnie. Plaisir de la vie. Vas - dans mon lit - tu ne me dégouttes point.
Pistolet : machine à tuer. Canon de poche. L’arc moderne et métallique de l’Homme, précis, sans sentiments, distributeur de destin et de poudre.
Le Soleil : la sphère éclatante aux soucis mordorés qui règle la vie, les saisons. Jamais elle ne s’éteint. L’étoile à rendez-vous avec la lune, dit-on. Appolon, Hélios, Râ, Sól, Aton, Quatorze.
Sans tout ça, l’écriture serait d’un ennui mortel. Il ne faut pas s’outrer quand j’écris :
« La vallée verdoyante et féconde de mon enfance tourangelle était fendue par un fleuve. Cours d’eau insaisissable et sauvage, il se déployait ; majestueux géant suivant sa destinée lente qui, de petit ruisseau fébrile, le transformerait en approvisionneur d’océan. Tours, la capitale des tourangeaux, le petit Paris, était en plein centre de cette vallée. La ville était coupée et par le fleuve ligérien et par ses affluents ; témoin de la prédominance de la Loire dans les activités de la région dès l’Antiquité, la ville ayant été construite sous l’empire Romain.
D’aussi loin que remontent mes souvenirs, je ne me souviens pas d’une utilité commerciale ou stratégique du fleuve à notre époque. Cependant, ses berges animées du plus petit des hameaux jusqu’à la ville, tout en passant par le magnifique château d’Amboise, l’Île d’Or, constituaient le patrimoine de mon pays natal. Quel étudiant de la région ne connait pas la Guinguette et les quais ? Les dessous du pont Wilson, dont les arcs goguenards bravent la sombre réalité du monde adulte et bien parfumé. Les canoës, les bains d’été : le fleuve est l’ami discret et éternel des turons, des montlouisiens, des corpopétruciens. Si on veut aller d’Orléans à Nantes en bicyclette, il sera votre compagnon de voyage, l’allié des miens pour que vous vous engouffriez dans le tourisme local. Mais si mon cheminement m’emmène jusqu’à la tendre enfance, je vous demanderai de ne retenir qu’une chose : La Loire était la Belle ; celle dont les courbes se détachaient des paysages que les pinceaux de mon grand-père s’obstinaient à retranscrire.»
Je ne pouvais me résoudre à écrire : « Dans mes souvenirs, la Loire, plus long fleuve français, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, traversait la Touraine. Se faisant, elle réglait la vie de ses habitants et la culture de cette région. »
L’eau : le miroir bleuté de la vie. L’humeur mouillée du matin. Un verre de fluide transparent et insipide. La liqueur des purs. La matière humide qui s’amuse à faire bouillonner les êtres vivants. Le saphir de l’univers.
L’herbe : la tige émeraude qui s’étend sur des champs sombres et plats, frontières entre le ciel et le noyau de la terre, farine du gâteau terrestre (l’humus).
Être humain, caucasien, yeux bleus, cheveux châtains, mâle : l’homme au regard soucieux et bleuté me fixait avec insistance. Il était plutôt beau, un visage bien fait aux angles dessinés et des cheveux mi-longs, avec des reflets perdus entre le blond doré de l’enfance et la sombre tignasse du bad boy. Sa peau était pâle, elle lui donnait des allures de dieux nordiques.
Sexe : faire l’amour. Coucher. Passer une nuit folle et sensuelle en sa compagnie. Plaisir de la vie. Vas - dans mon lit - tu ne me dégouttes point.
Pistolet : machine à tuer. Canon de poche. L’arc moderne et métallique de l’Homme, précis, sans sentiments, distributeur de destin et de poudre.
Le Soleil : la sphère éclatante aux soucis mordorés qui règle la vie, les saisons. Jamais elle ne s’éteint. L’étoile à rendez-vous avec la lune, dit-on. Appolon, Hélios, Râ, Sól, Aton, Quatorze.
Sans tout ça, l’écriture serait d’un ennui mortel. Il ne faut pas s’outrer quand j’écris :
« La vallée verdoyante et féconde de mon enfance tourangelle était fendue par un fleuve. Cours d’eau insaisissable et sauvage, il se déployait ; majestueux géant suivant sa destinée lente qui, de petit ruisseau fébrile, le transformerait en approvisionneur d’océan. Tours, la capitale des tourangeaux, le petit Paris, était en plein centre de cette vallée. La ville était coupée et par le fleuve ligérien et par ses affluents ; témoin de la prédominance de la Loire dans les activités de la région dès l’Antiquité, la ville ayant été construite sous l’empire Romain.
D’aussi loin que remontent mes souvenirs, je ne me souviens pas d’une utilité commerciale ou stratégique du fleuve à notre époque. Cependant, ses berges animées du plus petit des hameaux jusqu’à la ville, tout en passant par le magnifique château d’Amboise, l’Île d’Or, constituaient le patrimoine de mon pays natal. Quel étudiant de la région ne connait pas la Guinguette et les quais ? Les dessous du pont Wilson, dont les arcs goguenards bravent la sombre réalité du monde adulte et bien parfumé. Les canoës, les bains d’été : le fleuve est l’ami discret et éternel des turons, des montlouisiens, des corpopétruciens. Si on veut aller d’Orléans à Nantes en bicyclette, il sera votre compagnon de voyage, l’allié des miens pour que vous vous engouffriez dans le tourisme local. Mais si mon cheminement m’emmène jusqu’à la tendre enfance, je vous demanderai de ne retenir qu’une chose : La Loire était la Belle ; celle dont les courbes se détachaient des paysages que les pinceaux de mon grand-père s’obstinaient à retranscrire.»
Je ne pouvais me résoudre à écrire : « Dans mes souvenirs, la Loire, plus long fleuve français, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, traversait la Touraine. Se faisant, elle réglait la vie de ses habitants et la culture de cette région. »
"Peindre en pleine forêt, c'est le rêve de n'importe quel fumeur de pétards !" T.
Re: Images
Je ne comprends pas très bien le rôle de la première partie.
Le seconde est la description d'une Touraine dans le temps. J'accroche davantage à ces images. J'y suis allée il n'y a pas très longtemps. Période où la Loire était presque à sec. Lou a pris de photos pour faire un panorama, je ne sais pas s'il l'a fait où si cela fait encore partie des tâches programmée.
Je comprends l'utilité et l'apport aux population d'un fleuve non navigable.
Le seconde est la description d'une Touraine dans le temps. J'accroche davantage à ces images. J'y suis allée il n'y a pas très longtemps. Période où la Loire était presque à sec. Lou a pris de photos pour faire un panorama, je ne sais pas s'il l'a fait où si cela fait encore partie des tâches programmée.
Je comprends l'utilité et l'apport aux population d'un fleuve non navigable.
Re: Images
J'ai déjà commenté ce texte sur avp mais je remets ici ce que j'ai dit. Je ne voudrais pas qu'on croie que je n'ai pas lu ou pas apprécié ce si bel écrit.
.........................................
Bel exercice de style Aureplume !
C'est très agréable à lire, toutes ces caractérisations sont savamment choisies. Sans la notation personnelle: "mon enfance tourangelle", on pourrait croire qu'il s'agit d'un extrait des Guides bleus, version 1930 Smile La poésie de cette description, un peu surannée, est très évocatrice d'images : tu as bien rendu les activités et les plaisirs liés au fleuve.
J'aime beaucoup cette description de la Loire. Les énumérations sont très plastiques, ça grouille de vie. La figure féminine, à la fin, est une belle trouvaille. En revanche, "retranscrire" évoque surtout un acte d'écriture, "représenter" serait plus juste.
Quand un géographe fait de l'histoire sous forme littéraire, ça donne un fort joli texte.Wink
ps: le début ? Des mots qui génèrent des couleurs ?
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Bel exercice de style Aureplume !
C'est très agréable à lire, toutes ces caractérisations sont savamment choisies. Sans la notation personnelle: "mon enfance tourangelle", on pourrait croire qu'il s'agit d'un extrait des Guides bleus, version 1930 Smile La poésie de cette description, un peu surannée, est très évocatrice d'images : tu as bien rendu les activités et les plaisirs liés au fleuve.
J'aime beaucoup cette description de la Loire. Les énumérations sont très plastiques, ça grouille de vie. La figure féminine, à la fin, est une belle trouvaille. En revanche, "retranscrire" évoque surtout un acte d'écriture, "représenter" serait plus juste.
Quand un géographe fait de l'histoire sous forme littéraire, ça donne un fort joli texte.Wink
ps: le début ? Des mots qui génèrent des couleurs ?
Re: Images
Je copie ma réponse d'avp Dona !
Retranscrire est un lapsus : l'exercice d'écriture m'a un peu obsédé Laughing ! Je vais corriger ça, je préfère aussi représenter.
Merci Donaco, pour ton retour et pour les compliments, je prends ! Smile
Le début, est lié au titre : "Images" et sert mon propos, qu'il faut voir comme une démonstration. Au delà de la description de la Loire que j'ai aimé produire, et qui est fidèle à mes connaissances de tourangeau, il faut voir le texte comme un exercice de style qui, comme peuvent le faire certains écrivains (ou écrivains amateurs comme moi Mr. Green ), d'une chose simple débouche sur pleins d'images poétiques, frôlant une certaine éxagération.
Le début, ce sont donc des descriptions et figures de style exagérées exprès, la couleur s'est invité car elle convient bien aux images poétiques Wink.
@Liza : Les 2 parties sont liées, même si j'ai pris plaisir à parler de ma Touraine, et je n'ai fait que creuser la surface, le but était avant tout un exercice de style, la description que je donne à voir pourrait être bien plus concise, le but était d'appliquer l'exercice du style du début à une phrase plutôt qu'à un seul mot. Je suis donc parti de la dernière phrase pour construire la longue description poétique de la Touraine.
Retranscrire est un lapsus : l'exercice d'écriture m'a un peu obsédé Laughing ! Je vais corriger ça, je préfère aussi représenter.
Merci Donaco, pour ton retour et pour les compliments, je prends ! Smile
Le début, est lié au titre : "Images" et sert mon propos, qu'il faut voir comme une démonstration. Au delà de la description de la Loire que j'ai aimé produire, et qui est fidèle à mes connaissances de tourangeau, il faut voir le texte comme un exercice de style qui, comme peuvent le faire certains écrivains (ou écrivains amateurs comme moi Mr. Green ), d'une chose simple débouche sur pleins d'images poétiques, frôlant une certaine éxagération.
Le début, ce sont donc des descriptions et figures de style exagérées exprès, la couleur s'est invité car elle convient bien aux images poétiques Wink.
@Liza : Les 2 parties sont liées, même si j'ai pris plaisir à parler de ma Touraine, et je n'ai fait que creuser la surface, le but était avant tout un exercice de style, la description que je donne à voir pourrait être bien plus concise, le but était d'appliquer l'exercice du style du début à une phrase plutôt qu'à un seul mot. Je suis donc parti de la dernière phrase pour construire la longue description poétique de la Touraine.
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Re: Images
Moi aussi, j'ai préféré la deuxième partie. J'ai eu l'impression de lire une description tirée du Lys dans la vallée (Balzac). Au fait, pourquoi les guillemets ? En tout cas, c'est très bon. J'aime ces descriptions richement imagées et berçantes. merci !
Connais-tu « Ame tourangelle » de Paul Fort ?
Connais-tu « Ame tourangelle » de Paul Fort ?
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: Images
Merci pour vos retours, je suis content que le texte ait plutôt plu. Je l'ai expédié en une heure, et je l'ai à peine modifié entre sa version brouillon et celle mise sur le site.
J'étais inspiré, ça ne s'explique pas.
Balzac...
, je ne suis qu'un petit pitre, le pauvre, il se retournerait dans sa tombe de se voir allier à mes textes !
Les guillemets sont pour faire un effet citation : je met le lecteur en situation, comme si je justifiais de partir dans de longs textes poétiques. Donc comme si j'avais déjà écrit cette longue description. C'est une situation imaginaire bien sûr, mais j'aimais bien cette idée.
Je ne connaissais pas le poème non, je viens de le lire, il est beau, même si j'ai l'impression que l'auteur s'est amusé à faire des double-sens évoquateurs
! Et je m'attendais à ce qu'il parle un peu plus de Touraine, mais c'est un détail, l'amour est le matériau premier de la poésie
, je l'ai apprécié à sa juste valeur.
J'étais inspiré, ça ne s'explique pas.
Balzac...

Les guillemets sont pour faire un effet citation : je met le lecteur en situation, comme si je justifiais de partir dans de longs textes poétiques. Donc comme si j'avais déjà écrit cette longue description. C'est une situation imaginaire bien sûr, mais j'aimais bien cette idée.
Je ne connaissais pas le poème non, je viens de le lire, il est beau, même si j'ai l'impression que l'auteur s'est amusé à faire des double-sens évoquateurs


"Peindre en pleine forêt, c'est le rêve de n'importe quel fumeur de pétards !" T.
Re: Images
Je dirai m^me que cette personnification du fleuve est un procédé très Zolien : La Loire était la Belle ; celle dont les courbes se détachaient des paysages que les pinceaux de mon grand-père s’obstinaient à retranscrire : " 
Beau réflexe ! Nous sommes empreints de cette culture classique quand même
Zola a beaucoup employé ce procédé dans divers romans.

Beau réflexe ! Nous sommes empreints de cette culture classique quand même

Zola a beaucoup employé ce procédé dans divers romans.
- romithefox
- Mouette rieuse
- Messages : 168
- Inscription : 01 août 2016, 13:37
Re: Images
Tu as dis que tu avais écrit ce texte pour un exercice de style, je trouve que c'est très réussi ! Je serai incapable d'en faire autant, toutes ces tournures poétiques me laissent admiratives ! Bravo l'artiste 

Re: Images
Que de fleurs
!
La poésie, ce n'est pas plus dur que la danse (je me suis pas gouré, tu dois très bien danser vu que tu avais dit en faire depuis longtemps), je pense même que ça pourrait se comparer. Je pense que tout le monde avec un peu de culture, et de l'intelligence ( je ne m'inquiète pas pour toi) peut se lancer dedans. Faire une dissertation de philosophie réussie demande bien plus de temps et de moyens intellectuels en comparaison.
La poésie ça se construit grâce à des poèmes qui nous ont marqué, des auteurs utilisant un style imagé ou autres.
Je ne fais que singer tout ça, et essaie de toujours apporter des images inédites, originales.
Mais Romi, ne sois pas admirative (même si le compliment me fait vraiment plaisir) et ne dis pas que tu n'en es pas capable.

La poésie, ce n'est pas plus dur que la danse (je me suis pas gouré, tu dois très bien danser vu que tu avais dit en faire depuis longtemps), je pense même que ça pourrait se comparer. Je pense que tout le monde avec un peu de culture, et de l'intelligence ( je ne m'inquiète pas pour toi) peut se lancer dedans. Faire une dissertation de philosophie réussie demande bien plus de temps et de moyens intellectuels en comparaison.
La poésie ça se construit grâce à des poèmes qui nous ont marqué, des auteurs utilisant un style imagé ou autres.
Je ne fais que singer tout ça, et essaie de toujours apporter des images inédites, originales.
Mais Romi, ne sois pas admirative (même si le compliment me fait vraiment plaisir) et ne dis pas que tu n'en es pas capable.

"Peindre en pleine forêt, c'est le rêve de n'importe quel fumeur de pétards !" T.