Mémoire

[Loustic]

Mémoire

Toi qui sais me comprendre. Est-ce que tu te souviens de notre promenade autour du parc ? Assis sur un banc en béton glacial, tu avais pris ma main pour me réchauffer. Toute la nuit nous avions rêvassé en imaginant notre avenir, tu m’avais promis que nous le passerions ensemble en m’affirmant que tu prendrais soin de moi.

La sensation de tes mains sur mon visage, tes mots d’amour murmurés, tes chuchotements affirmant ma beauté. Tu sentais mon cou et mes cheveux, intimidé. Tu parlais d’un avenir joyeux. Et le jour où tu m’as pris la main pour me conduire dans une danse folle, un ballet furieux, comme cela, sans musique, juste nos voix chantant notre air préféré. Nous avons bu, chanté et dansé sans nous soucier du temps qui passait.

Souviens-toi, la première fois que nous avons couché, nous donnant le sentiment que nos vies seraient emmêlées à tout jamais. Combien de fois t’es-tu endormi la tête sur ma poitrine pour écouter, ce cœur, le mien qui, disais-tu, ne battait que pour toi. Cela te rassurait de m’entendre vivre.

Le jour où nous nous sommes mariés fut le plus beau jour de ma vie, le premier jour où j’ai porté le nom de l’amour accompli, le tien. Le jour où nous avons eu notre premier enfant. Tu étais pris de panique devant ma souffrance et rongé d’inquiétude pour son avenir. Un enfant, ce lien filial qui nous suit toute notre existence, nous liant à jamais.

Souviens-toi, la belle maison blanche dont nous rêvions, nous l’avons construite. Plus grande et plus jolie que nos espérances. Nos enfants ont couru, ri, pleuré et grandi dans ce décor que nous avions construit, sur un banc froid au milieu de nulle part, comme nous l’avions prévu.

Puis vinrent les jours noirs, une maladie de rein nous a annoncé le docteur. Nous étions effondrés de douleur. Nous avons attendu un don des années afin que nous restions toujours l’un près de l’autre. Par ce sentiment amoureux, qui est nôtre et par nos promesses, liés.

Tu as toujours su me protéger, m’aimer et me consoler. À mon tour, je te rends la pareille, afin que notre vie reste une merveille. En aucune façon, ce n’est une rançon. En toi, près de ton cœur qui bat pour moi, il y a, désormais un rein qui, normalement, m’appartient.

Lou

[romithefox]

Une belle petite histoire pleine d'amour et de tendresse, j'ai surtout aimé la narration du début avec tous ces souvenirs joliment rapportés !

[Dona]

Quel beau texte dans sa simplicité !

[Montparnasse]

La vie est une valse. Ce texte résume la vie et tourne lui aussi. Mais le mouvement n'est jamais continu. C'est une ligne brisée dont la direction change à chaque arrêt. Merci pour ce texte plein d'harmonie.