Poésies (mont)parnassiennes
Re: Poésies (mont)parnassiennes
« Chat-huant » ? Mon dico connaît le chat et huant. Les deux réunis, inconnu. Même de Wiki dico.
Serait-ce un oiseau ?
Serait-ce un oiseau ?
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
Je l'ai utilisé dans « Relégation ». Tu ne sais pas ce que c'est ? Tu devrais : Chat huant c'est toi, ou plutôt ton avatar !
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: Poésies (mont)parnassiennes
Une chouette ? C'est chouette, je suis une chatte huante !
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
JÉSUITISME
Le chagrin qui me tue est ironique, et joint
Le sarcasme au supplice, et ne torture point
Franchement, mais picote avec un faux sourire
Et transforme en spectacle amusant mon martyre,
Et sur la bière où gît mon Rêve mi-pourri,
Beugle un De profundis sur l’air du Traderi.
C’est un Tartuffe qui, tout en mettant des roses
Pompons sur les autels des Madones moroses,
Tout en faisant chanter à des enfants de chœurs
Ces cantiques d’eau tiède où se baigne le cœur,
Tout en ami donnant ces guimpes amoureuses
Qui serpentent au cœur sacré des Bienheureuses,
Tout en disant à voix basse son chapelet,
Tout en passant la main sur son petit collet,
Tout en parlant avec componction de l’âme,
N’en médite pas moins ma ruine, — l’infâme !
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Guimpe : Morceau de toile qui couvre la tête, encadre le visage des religieuses.
Collet : Partie de l’habillement qui est autour du cou.
Componction : Sentiment de tristesse, éprouvé devant notre indignité à l'égard de Dieu.
Le chagrin qui me tue est ironique, et joint
Le sarcasme au supplice, et ne torture point
Franchement, mais picote avec un faux sourire
Et transforme en spectacle amusant mon martyre,
Et sur la bière où gît mon Rêve mi-pourri,
Beugle un De profundis sur l’air du Traderi.
C’est un Tartuffe qui, tout en mettant des roses
Pompons sur les autels des Madones moroses,
Tout en faisant chanter à des enfants de chœurs
Ces cantiques d’eau tiède où se baigne le cœur,
Tout en ami donnant ces guimpes amoureuses
Qui serpentent au cœur sacré des Bienheureuses,
Tout en disant à voix basse son chapelet,
Tout en passant la main sur son petit collet,
Tout en parlant avec componction de l’âme,
N’en médite pas moins ma ruine, — l’infâme !
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Guimpe : Morceau de toile qui couvre la tête, encadre le visage des religieuses.
Collet : Partie de l’habillement qui est autour du cou.
Componction : Sentiment de tristesse, éprouvé devant notre indignité à l'égard de Dieu.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
LA CHANSON DES INGÉNUES
Nous sommes les Ingénues
Aux bandeaux plats, à l’œil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu’on lit peu.
Nous allons entrelacées,
Et le jour n’est pas plus pur
Que le fond de nos pensées,
Et nos rêves sont d’azur ;
Et nous courons par les prés
Et rions et babillons
Des aubes jusqu’aux vesprées,
Et chassons aux papillons ;
Et des chapeaux de bergères
Défendent notre fraîcheur,
Et nos robes — si légères —
Sont d’une extrême blancheur ;
Les Richelieux, les Caussades
Et les chevaliers Faublas
Nous prodiguent les œillades,
Les saluts et les « hélas ! »
Mais en vain, et leurs mimiques
Se viennent casser le nez
Devant les plis ironiques
De nos jupons détournés ;
Et notre candeur se raille
Des imaginations
De ces raseurs de muraille,
Bien que parfois nous sentions
Battre nos cœurs sous nos mantes
À des pensers clandestins,
En nous sachant les amantes
Futures des libertins.
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Vesprée (ou Vêprée) : Crépuscule, chute du jour.
Mante : Manteau de femme très simple, ample et sans manches.
Penser : au XIXème siècle, c'est encore ainsi que le mot s'écrit, son genre est le masculin.
Nous sommes les Ingénues
Aux bandeaux plats, à l’œil bleu,
Qui vivons, presque inconnues,
Dans les romans qu’on lit peu.
Nous allons entrelacées,
Et le jour n’est pas plus pur
Que le fond de nos pensées,
Et nos rêves sont d’azur ;
Et nous courons par les prés
Et rions et babillons
Des aubes jusqu’aux vesprées,
Et chassons aux papillons ;
Et des chapeaux de bergères
Défendent notre fraîcheur,
Et nos robes — si légères —
Sont d’une extrême blancheur ;
Les Richelieux, les Caussades
Et les chevaliers Faublas
Nous prodiguent les œillades,
Les saluts et les « hélas ! »
Mais en vain, et leurs mimiques
Se viennent casser le nez
Devant les plis ironiques
De nos jupons détournés ;
Et notre candeur se raille
Des imaginations
De ces raseurs de muraille,
Bien que parfois nous sentions
Battre nos cœurs sous nos mantes
À des pensers clandestins,
En nous sachant les amantes
Futures des libertins.
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Vesprée (ou Vêprée) : Crépuscule, chute du jour.
Mante : Manteau de femme très simple, ample et sans manches.
Penser : au XIXème siècle, c'est encore ainsi que le mot s'écrit, son genre est le masculin.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
UNE GRANDE DAME
Belle « à damner les saints », à troubler sous l’aumusse
Un vieux juge ! Elle marche impérialement.
Elle parle — et ses dents font un miroitement —
Italien, avec un léger accent russe.
Ses yeux froids où l’émail sertit le bleu de Prusse
Ont l’éclat insolent et dur du diamant.
Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement
De la peau, nulle reine ou courtisane, fût-ce
Cléopâtre la lynce ou la chatte Ninon,
N’égale sa beauté patricienne, non !
Vois, ô bon Buridan : « C’est une grande dame ! »
Il faut — pas de milieu ! — l’adorer à genoux,
Plat, n’ayant d’astre aux cieux que ces lourds cheveux roux
Ou bien lui cravacher la face, à cette femme !
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Aumusse : Fourrure que les chanoines et les chantres portaient sur le bras en allant à l'office ; cette fourrure, symbole du canonicat.
Lynce : Ablatif singulier de Lynx.
Buridan : philosophe français, docteur scolastique, fut l'instigateur du scepticisme religieux en Europe.
Belle « à damner les saints », à troubler sous l’aumusse
Un vieux juge ! Elle marche impérialement.
Elle parle — et ses dents font un miroitement —
Italien, avec un léger accent russe.
Ses yeux froids où l’émail sertit le bleu de Prusse
Ont l’éclat insolent et dur du diamant.
Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement
De la peau, nulle reine ou courtisane, fût-ce
Cléopâtre la lynce ou la chatte Ninon,
N’égale sa beauté patricienne, non !
Vois, ô bon Buridan : « C’est une grande dame ! »
Il faut — pas de milieu ! — l’adorer à genoux,
Plat, n’ayant d’astre aux cieux que ces lourds cheveux roux
Ou bien lui cravacher la face, à cette femme !
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Aumusse : Fourrure que les chanoines et les chantres portaient sur le bras en allant à l'office ; cette fourrure, symbole du canonicat.
Lynce : Ablatif singulier de Lynx.
Buridan : philosophe français, docteur scolastique, fut l'instigateur du scepticisme religieux en Europe.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
MONSIEUR PRUDHOMME
Il est grave : il est maire et père de famille.
Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux,
Dans un rêve sans fin, flottent insoucieux
Et le printemps en fleurs sur ses pantoufles brille.
Que lui fait l’astre d’or, que lui fait la charmille
Où l’oiseau chante à l’ombre, et que lui font les cieux,
Et les prés verts et les gazons silencieux ?
Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille
Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu.
Il est juste-milieu, botaniste et pansu,
Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles,
Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a
Plus en horreur que son éternel coryza,
Et le printemps en fleurs brille sur ses pantoufles.
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Maroufle : Homme grossier ; Fripon.
Coryza : Inflammation de la muqueuse des fosses nasales (rhume de cerveau).
Il est grave : il est maire et père de famille.
Son faux col engloutit son oreille. Ses yeux,
Dans un rêve sans fin, flottent insoucieux
Et le printemps en fleurs sur ses pantoufles brille.
Que lui fait l’astre d’or, que lui fait la charmille
Où l’oiseau chante à l’ombre, et que lui font les cieux,
Et les prés verts et les gazons silencieux ?
Monsieur Prudhomme songe à marier sa fille
Avec monsieur Machin, un jeune homme cossu.
Il est juste-milieu, botaniste et pansu,
Quant aux faiseurs de vers, ces vauriens, ces maroufles,
Ces fainéants barbus, mal peignés, il les a
Plus en horreur que son éternel coryza,
Et le printemps en fleurs brille sur ses pantoufles.
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Maroufle : Homme grossier ; Fripon.
Coryza : Inflammation de la muqueuse des fosses nasales (rhume de cerveau).
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
Re: Poésies (mont)parnassiennes
Je ne connais pas « lynce »
Maroufle et coryza, si !
Maroufle et coryza, si !
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
Lynx (ablatif singulier), issu du latin. Je ne savais pas non plus.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes
INITIUM
Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes,
Et le bal tournoyait quand je la vis passer
Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes
De son oreille où mon Désir comme un baiser
S’élançait et voulait lui parler sans oser.
Cependant elle allait, et la mazurque lente
La portait dans son rythme indolent comme un vers,
— Rime mélodieuse, image étincelante, —
Et son âme d’enfant rayonnait à travers
La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts.
Et depuis, ma Pensée — immobile — contemple
Sa Splendeur évoquée, en adoration,
Et, dans son Souvenir, ainsi que dans un temple,
Mon Amour entre, plein de superstition.
Et je crois que voici venir la Passion.
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Initium : Commencement
Mazurque (ou Mazurqua) : Danse polonaise à trois temps ou composition musicale sur ce rythme. Ironie de Verlaine sur la Mazurka : Le rythme de la mazurka n'est pas lent.
Les violons mêlaient leur rire au chant des flûtes,
Et le bal tournoyait quand je la vis passer
Avec ses cheveux blonds jouant sur les volutes
De son oreille où mon Désir comme un baiser
S’élançait et voulait lui parler sans oser.
Cependant elle allait, et la mazurque lente
La portait dans son rythme indolent comme un vers,
— Rime mélodieuse, image étincelante, —
Et son âme d’enfant rayonnait à travers
La sensuelle ampleur de ses yeux gris et verts.
Et depuis, ma Pensée — immobile — contemple
Sa Splendeur évoquée, en adoration,
Et, dans son Souvenir, ainsi que dans un temple,
Mon Amour entre, plein de superstition.
Et je crois que voici venir la Passion.
(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
Notes
Initium : Commencement
Mazurque (ou Mazurqua) : Danse polonaise à trois temps ou composition musicale sur ce rythme. Ironie de Verlaine sur la Mazurka : Le rythme de la mazurka n'est pas lent.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.