Poésies (mont)parnassiennes

En vers ou en prose !
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Montparnasse
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

SUB URBE

Les petits ifs du cimetière
Frémissent au vent hiémal,
Dans la glaciale lumière.

Avec des bruits sourds qui font mal,
Les croix de bois des tombes neuves
Vibrent sur un ton anormal.

Silencieux comme les fleuves,
Mais gros de pleurs comme eux de flots,
Les fils, les mères et les veuves,

Par les détours du triste enclos,
S’écoulent, — lente théorie,
Au rythme heurté des sanglots.

Le sol sous les pieds glisse et crie,
Là-haut de grands nuages tors
S’échevèlent avec furie.

Pénétrant comme le remords,
Tombe un froid lourd qui vous écœure,
Et qui doit filtrer chez les morts,

Chez les pauvres morts, à toute heure
Seuls, et sans cesse grelottants,
— Qu’on les oublie ou qu’on les pleure ! —

Ah ! vienne vite le Printemps,
Et son clair soleil qui caresse,
Et ses doux oiseaux caquetants !

Refleurisse l’enchanteresse
Gloire des jardins et des champs
Que l’âpre hiver tient en détresse !

Et que, — des levers aux couchants,
L’or dilaté d’un ciel sans bornes
Berce de parfums et de chants,

Chers endormis, vos sommeils mornes !

(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)


Notes

Sub Urbe : Caprices ? Réf.
Hiémal : De l'hiver.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Liza
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Je connaissais mazurka, mais pas mazurque.

Une belle façon de s'exprimer.
On ne me donne jamais rien, même pas mon âge !
 
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

SÉRÉNADE

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

Je chanterai tes yeux d’or et d’onyx
Purs de toutes ombres,
Puis le Léthé de ton sein, puis le Styx
De tes cheveux sombres.

Comme la voix d’un mort qui chanterait
Du fond de sa fosse,
Maîtresse, entends monter vers ton retrait
Ma voix aigre et fausse.

Puis je louerai beaucoup, comme il convient,
Cette chair bénie
Dont le parfum opulent me revient
Les nuits d’insomnie.

Et pour finir, je dirai le baiser
De ta lèvre rouge,
Et ta douceur à me martyriser,
— Mon Ange ! — ma Gouge !

Ouvre ton âme et ton oreille au son
De ma mandoline :
Pour toi j’ai fait, pour toi, cette chanson
Cruelle et câline.

(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)


Notes

Léthé : Un des fleuves de l'enfer, celui dont les ombres étaient obligées de boire pour oublier le passé.
Avoir bu de l'eau du Léthé : avoir peu de mémoire.
Styx : Fleuve qui, selon la mythologie grecque, coulait aux enfers ; les dieux juraient par le Styx, et ce serment ne pouvait être violé.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Message par Montparnasse »

UN DAHLIA

Courtisane au sein dur, à l’œil opaque et brun
S’ouvrant avec lenteur comme celui d’un bœuf,
Ton grand torse reluit ainsi qu’un marbre neuf.

Fleur grasse et riche, autour de toi ne flotte aucun
Arome, et la beauté sereine de ton corps
Déroule, mate, ses impeccables accords.

Tu ne sens même pas la chair, ce goût qu’au moins
Exhalent celles-là qui vont fanant les foins,
Et tu trônes, Idole insensible à l’encens.

— Ainsi le Dahlia, roi vêtu de splendeur,
Élève, sans orgueil, sa tête sans odeur,
Irritant au milieu des jasmins agaçants !

(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Je suppose qu'il s'agit d'une statue ?
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

« Avoir bu de l'eau du Léthé : avoir peu de mémoire. »

Nous sommes en hiver que ferons-nous l'été si nous voulons boire de l'eau ? Oublierons-nous où se trouve l'abreuvoir !
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

Liza a écrit : 13 février 2017, 18:46 Je suppose qu'il s'agit d'une statue ?
Je crois qu'il exprime son ressentiment envers une ancienne maîtresse.
Quand les Shadoks sont tombés sur Terre, ils se sont cassés. C'est pour cette raison qu'ils ont commencé à pondre des œufs.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Elle est dure, elle ne sent rien. Possible.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Montparnasse »

NEVERMORE

Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice,
Redresse et peins à neuf tous tes arcs triomphaux ;
Brûle un encens ranci sur tes autels d’or faux ;
Sème de fleurs les bords béants du précipice ;
Allons, mon pauvre cœur, allons, mon vieux complice !

Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni ;
Entonne, orgue enroué, des Te Deum splendides ;
Vieillard prématuré, mets du fard sur tes rides :
Couvre-toi de tapis mordorés, mur jauni ;
Pousse à Dieu ton cantique, ô chantre rajeuni.

Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !
Car mon rêve impossible a pris corps, et je l’ai
Entre mes bras pressé : le Bonheur, cet ailé
Voyageur qui de l’Homme évite les approches.
— Sonnez, grelots ; sonnez, clochettes ; sonnez, cloches !

Le Bonheur a marché côte à côte avec moi ;
Mais la FATALITÉ ne connaît point de trêve :
Le ver est dans le fruit, le réveil dans le rêve,
Et le remords est dans l’amour : telle est la loi.
— Le Bonheur a marché côte à côte avec moi.

(P. Verlaine, Poèmes saturniens, 1866)


Note

Te Deum : Hymne qui se chante, avec pompe et cérémonie, pour rendre grâces à Dieu d’une victoire ou de tout autre événement heureux.
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Re: Poésies (mont)parnassiennes

Message par Liza »

Nevermore est-ce le groupe anglais ?

Ou « jamais » en anglais, c'est tout ce que j'ai trouvé comme définition.
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